AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Si l'on regarde attentivement la fin d'Aliens, il est possible d'entendre le bruit d'un xénomorphe. De là à se dire que la reine Alien a réussi à pondre avant l'affrontement final du film de Cameron, il n'y a qu'un pas que la Fox franchit allègrement. De toute façon, les majors hollywoodiennes franchissent le Rubicon des dizaines de fois chaque année. La suite des aventures du lieutenant Ripley a cependant mis du temps avant de se concrétiser. A la rigueur, le temps mis pour y parvenir n'est pas important, mais plus grave a été le tournage du troisième Alien, nommé Alien³. Trois erreurs importantes ont été réalisées. Primo, arrêter une date de sortie. C'est bien entendu vendeur d'annoncer Alien³ pour l'été 1992, mais la pression ajoutée est alors énorme. Si le réalisateur peut gérer ce genre de choses, cela passe encore (cf. Terminator 2), mais c'est là qu'entre en scène la deuxième erreur, à savoir David Fincher. Au lieu de prendre une tête brûlée mais douée, le choix s'est porté sur un petit nouveau malléable. Un choix assez mesquin, à coup sûr. Tertio, le scénario n'était même pas fini que le tournage fut lancé. Ce fut le cafouillage extrême, encore plus que sur Aliens. Finalement, ce sont les producteurs David Giler et Walter Hill, aidés par Larry Ferguson, qui ont dû sauver les meubles. Au final, le tournage d'Alien³ fut des plus éprouvants, surtout pour Fincher qui en sortira meurtri.
Et avec tout ça, Alien³ a quand même pu devenir un film réussi. S'il y a bien un défaut à pointer du doigt, c'est bien la direction des effets spéciaux qui a sorti un xénomorphe des plus foireux, mais à part ça, rien ne fait déshonneur à la saga Alien. L'ambiance est salement réussie, les personnages de prisonniers-rebuts de l'humanité sont bien développés, le visuel est fort travaillé. Je pourrais parler du doublage français approximatif, mais ceci est un détail géolocalisé.

Cette fois, c'est à Eliott GOLDENTHAL de composer la musique devant seoir Alien³. Contrairement à ses prédécesseurs, GOLDENTHAL n'a pas une renommée aussi grande, ce qui pour certains laisse circonspect. Heureusement pour le film, GOLDENTHAL a amplement réussi. Le compositeur a réussi à s'adapter à l'univers industriel et carcéral de Fury 161 (la planète où se déroule Alien³), et à proposer une musique aussi sale, angoissante et pessimiste. L'absence de vents et une certaine domination des cuivres et percussions rendent l'air étouffant, surtout pour quiconque était resté sur la musique épique de James HORNER. Encore une fois, la musique fait mouche ou du moins se lie avec réussite au film, sans prendre le pas sur ce dernier.

Toutefois, la BO d'Alien³ n'est pas aussi bonne que les compositions de GOLDSMITH et HORNER. Certes la musique est en adéquation quasi-parfaite, mais elle ne développe pas de thèmes qui, pris de manière individuelle, sonnent réellement fort. A la rigueur, l'Adagio qui accompagne le suicide de Ripley est un haut sommet, mais on y pense après s'être remémoré la scène. Plus encore, des morceaux apparaissent ici comme étant ratés. Ajouter de la guitare électrique sur "Wreckage and Rape" était une bonne idée, mais pas la voix féminine. Un autre problème se profile : l'écoute en tant qu'album de musique à part entière. Pour une BO, cela peut sembler idiot, mais dans le cadre de la saga Alien, celle du troisième film déçoit clairement sur ce point. Là où les thèmes de HORNER marquent durablement, voire au fer rouge, et que la musique de Goldsmith est déconseillée en écoute la nuit, GOLDENTHAL n'a rien à offrir. Ceci étant, il n'y a rien d'étonnant, vu que dans le film, elle présentait déjà quelques faiblesses de ce genre – le plus décevant étant les morceaux qui marchaient.

Dans le film en lui-même, la musique de GOLDENTHAL marche très bien, à l'exception de deux ou trois scènes. Cependant, au contraire des musiques des films précédents, elle n'arrive pas à se dégager suffisamment pour imprégner encore plus les scènes. En clair, elle les illustre, mais ne va pas plus loin que ça. C'est assez dommage, mais au final elle est au diapason de Alien³, un film qui aura eu moins d’impact qu'Alien et Aliens.