Book Of Dreams, sorti en mai 1977 mais enregistré en même temps que Fly Like an Eagle en 1976, marque un tournant fondamental dans la carrière du Joker, amorcé déjà dans l’album du même nom.
En effet, après une première partie de carrière consacrée au blues psychédélique, qui fleurit sur les collines de San Fransisco, le gamin de Chicago qui a baigné toute sa jeunesse dans la musique de Muddy Waters , Howlin 'Wolf et Buddy Guy, change radicalement de direction.
Steve Miller propose alors un blues-rock plus mélodique, ce qui va devenir le rock FM, même si on peut difficilement comparer notre homme à Toto, Kansas ou The Eagles.
Car, Steve a un don certain pour écrire des mélodies qui accrochent, et Mc Cartney lui demandera souvent un coup de main, et ce talent lui permet de poser sa musique sur un tapis harmonieux qui s’ajoute à un son et un swing unique.

L’album débute par une bizarrerie, « Threshold » au synthétiseur qui fait penser à une sorte de fanfare sous acide qui tripatouille les boutons d’une fusée.
Retour de l’espace, avec un super « Jet Airliner » écrit par Paul Pena, qui est à mon sens la signature du nouveau style du groupe.
Une intro à la guitare acoustique, puis un riff de Steve et le début des paroles, le genre de morceau qui fait toujours bouger les orteils. Sur « Winter Time » on retrouve le superbe harmonica de Norton Buffalo, les sonorités de Steve sont proches du sitar et le solo de guitare est magnifique. Je parlais de Mc Cartney tout à l’heure mais c’est une chanson que le Paulo aurait pu écrire. C’est délicat, doux, la voix charrie une forte émotion. Du grand art.
Retour au rock avec « Swingtown » et « True Love Fine » ou encore une fois le solo de guitare enlumine la chanson.

« Wish Upon a Star » est une jolie ballade avec du synthétiseur, qui soulignons-le encore, s’intègre parfaitement, et c’est surprenant, pour ce genre de musique.
« Jungle Love » qui sur le LP ouvrait la face deux est le pendant de « Jet Airliner » avec des effets du clavier qui semblent siffler, encore un cocktail réussi d’effets électroniques et de blues-rock.
On retrouve Les Dudek sur « Sacrifice », précédé d’une petite intro musicale « Electro Lux Imbroglio » et son solo de guitare a fait date dans l’histoire et pour sa notoriété.
Les synthés sont rangés sur « The Stake » et Miller lâche les chevaux, quel jeu de guitare somptueux !
Les deux derniers morceaux sont cool, avec retour des synthés dans une ambiance bucolique.

Book of Dreams est le mariage réussi du blues-rock et des synthétiseurs, le tout mis au service de superbes mélodies, composée avec soin et rigueur. Cette musique respire la joie de vivre, l’envie de chanter les paroles sur les morceaux rapides, et d’écouter calmement les morceaux lents.
Avec trois millions d’exemplaires écoulés aux USA, il fait partie des grands classiques, et on entend même encore « Jungle Love » sur les radios en France (et aux USA aussi bien sûr, mais c’est une évidence).
Et je peux vous dire que rouler sur les routes américaines avec le Steve Miller Band à fond dans le lecteur, cela le fait bien.
Car c’est vraiment l’Amérique qui fait rêver !
Un mot sur la pochette absolument superbe, ce cheval blanc ailé qui s’envole dans le ciel bleu est depuis devenu l’emblème du groupe.