En 1978, à la suite d'obscures embrouilles avec leur management, Dave Brock, Robert Calvert et Simon King, derniers survivants en date de l'équipage du vaisseau HAWKWIND, décidèrent d'annuler provisoirement la sortie de l'album PXR5 sur lequel ils travaillaient et de continuer l'aventure sous un autre nom, "HAWKLORDS", en compagnie de nouveaux musiciens parmi lesquels le bassiste Harvey Bainbridge et le claviériste Steve Swindells. "Hawklords" était un terme déjà employé par HAWKWIND depuis le début des années 1970 et qui désignait les membres du groupe. Le groupe HAWKLORDS se voulait donc la continuation logique de HAWKWIND.
Ce changement de patronyme s'accompagnait par ailleurs de quelques nouveautés sonores : influencés par le punk et le rock expérimental (des influences que l'on pouvait déjà entrevoir sur Quarks, Strangeness And Charm), les ex-membres de HAWKWIND donnèrent alors naissance en 1978 à l'album 25 Years On, très bel album de space rock gracieux et raffiné, influencé par les débuts de la new-wave et aux paroles très recherchées, signées par un Robert Calvert au sommet de son art poétique.

Cependant, une fois la tournée de l'album achevée (tournée pendant laquelle Lemmy Kilmister revint faire un petit coucou sur scène à ses anciens collègues), Robert Calvert quitta le groupe à la suite d'un différent et Dave Brock préféra enterrer les HAWKLORDS et reprendre le nom HAWKWIND afin de pouvoir sortir l'album PXR5.
Avec les années, l'unique album studio des HAWKLORDS fût bien vite intégré à la discographie studio de HAWKWIND, et les changements provisoires de patronyme allaient par ailleurs continuer durant les décennies à venir... Le nom "Hawklords" semblait alors destiné à n'être qu'un épisode éphémère dans la carrière du groupe.
30 ans après la sortie de 25 Years On, en 2008, HAWKWIND continue toujours sa route dans l'Univers, avec plus ou moins de réussite certes mais toujours commandé par le capitaine Dave Brock qui demeure le seul et unique survivant du groupe d'origine.
Mais de ci de là, plusieurs anciens membres du groupe jalousent son hégémonie sur l'héritage du groupe, et n'hésitent alors pas à fonder des groupes "spin-offs" réunissant parfois de nombreux anciens membres de HAWKWIND issus de différentes époques de la carrière du groupe.

Si Nik Turner, l'ancien saxophoniste trublion, a déjà fait parlé de lui en la matière avec ses divers groupes aux noms explicites (le plus célèbre étant SPACE RITUAL), en revanche plus surprenante est l'initiative de l'ancien bassiste Harvey Bainbridge : plutôt que de former un nouveau groupe, Bainbridge préférera tout bonnement... reformer les HAWKLORDS. L'année 2008, 30ème anniversaire de la sortie de 25 Years On et 20ème anniversaire de la mort de Robert Calvert, était l'occasion rêvée.
Soyons cependant assez clair sur à ce sujet : ces "nouveaux" HAWKLORDS, apparus en 2008, n'ont pas de véritable rapport avec l'éphémère side-project de HAWKWIND ayant brièvement existé en 1978. Si Harvey Bainbridge et Steve Swindells, membres historiques du line-up de 1978, font certes partie de ce nouveau projet, le reste du line-up est constitué par d'autres musiciens, liés cependant à HAWKWIND de façon directe (Ron Tree, Adrian Shaw) ou indirecte (Dave Pearce, Jerry Richards).
Les nouveaux HAWKLORDS ressemblent donc bel et bien plus à un simple spin-off constitué d'anciens membres de HAWKWIND qu'à une réelle reformation du groupe de 1978.

Après avoir sorti quelques albums live entre 2008 et 2011, dont un en hommage à Barney Bubbles, l'ancien graphiste de HAWKWIND (qui avait notamment contribué au design de la pochette de 25 Years On), les nouveaux HAWKLORDS annoncent la mise en chantier d'un opus studio, qu'ils présentent évidemment comme le successeur direct de l'album de 1978, mais que nous considérerons plus raisonnablement comme leur premier album.
We Are One sort en 2012, doté de deux pochettes différentes, dont une résolument immonde. Passons cependant ce léger détail dérangeant, que peut-on dire concrètement du contenu sonore ?
Déjà, premier constat : cet album est LONG. Voilà qui n'est pas très engageant.
Pourtant, les choses ne commencent pas si mal ! La piste éponyme, qui ouvre l'album, est ainsi un excellent titre de punk rock spatial, dans la veine des moments les plus punk du HAWKWIND de la fin des années 1970... Mais bien vite l'album tourne à la farce, le vocaliste Ron Tree, qui a pourtant été vocaliste de HAWKWIND à la fin des années 1990, se révélant assez insupportable à la longue. Certains passages ressemblent plus à des parodies du style vocal de Robert Calvert qu'à une réelle entreprise d'hommage.
Le fait que l'album soit long n'arrange rien : car si certains titres sont de petites pépites de space rock old school ("Time Split Vision", "Spark In The Dark"...), le reste des chansons n'ont réellement aucun intérêt ("Is It A Dream", "Water Drum", "I Am The Wind", "Digital Age"...), alors que d'autres font vraiment office de remplissage ("Mothership", "Sun Child", "The Ancient Ones", "Global Warning"...), et au final on a bien vite la nausée. Trop c'est trop les gars, et cet album aurait pu récolter une meilleure note s'il avait été moins long !

We Are One n'est cependant pas vraiment un mauvais album, certains arrangements sont réussis, quelques textes sortent du lot, et c'est pour cela qu'on lui accordera un gentil petit 2/5. Si l'on fait abstraction de certains aspects quasiment parodiques, We Are One reprend assez bien l'héritage de la période Calvert et de l'épisode 25 Years On. Toutefois, ce premier effort studio des nouveaux HAWKLORDS est un disque beaucoup trop lourd, bien trop maladroit, très bancal et plutôt hasardeux. Si le désir de reprendre les choses là où Calvert et Brock les avaient laissées en 1978 sur 25 Years On était une bonne idée de départ, il est fort dommage qu'elles l'aient été de façon aussi peu réussie.

Un premier effort relativement raté donc, malgré de bonnes intentions initiales.