Dans le petit monde du space rock, les projets vont et viennent, les discographies studio s'accumulent, les groupes sortent pléthores de live et de compilations, et un amateur lambda du genre possède en moyenne quelques bonnes centaines d'albums de ses groupes favoris.
Enfin, je devrais plutôt dire de SON groupe favori, car à part HAWKWIND, il n'y a pas de véritable autre groupe majeur au sein de la scène space rock... Sauf si vous considérez certains groupes de krautrock comme relevant du space rock, mais là on entre dans des querelles de chapelles interminables et ce n'est pas le débat ici.

Les HAWKLORDS nouveaux, "reformés" par Harvey Bainbridge en 2008, ne sont donc pas en reste en ce début de décennie 2010, et après un We Are One un peu lourdingue en 2012, remettent rapidement le couvert en 2013 avec un nouvel opus, Dream. Le moins que l'on puisse dire pour commencer, c'est que niveau pochette, les choses ne s'arrangent pas ! Vraisemblablement conçue à l'aide de Windows 95 et de l'outil PaintBrush, la pochette de Dream est probablement l'une des pochettes les moins réussies de l'année 2013. Mais s'arrêter aux horribles visuels des nouveaux albums du groupe de Harvey Bainbridge serait un bien triste péché. Car confessons que ce nouvel album des HAWKLORDS est assurément légèrement meilleur que le précédent, qui était vraiment beaucoup trop maladroit et bien trop long.

Seulement 10 titres sur Dream, autrement dit à peu près autant que sur l'album 25 Years On de 1978, l'album de HAWKWIND dont les HAWKLORDS prétendent revendiquer l'héritage. L'album commence d'ailleurs plutôt bien, avec un "Dream A Dream" fort réussi, aux sonorités tour à tour progressives, punks et space rock, bien meilleures en tout cas que les morceaux calamiteux composés par Dave Brock et son gang ces dernières années. "D.N.A." et ses refrains amusants continuent sur cette lancée.
Le titre folk futuriste "Elemental Mind", aux influences de musique indienne, se révèle par ailleurs être dans la continuité directe des plus belles pistes planantes des premiers albums de HAWKWIND sortis dans les années 1970. "Nowhere Everyhere", ballade sympa, et "I.D. Man", aux paroles plaisantes, complètent un agréable tableau de début d'album.

La seconde partie de l'opus est cependant un peu moins convaincante. "Nature's Dance" est assez charmante, mais on sent que le groupe patine un peu pour rendre la chose enthousiasmante... Sa suite "Nature's Dance Coda" est en revanche un super moment de space punk, lourd et oppressant, aux influences post-punk et industrielles, mais malheureusement trop vite écourté. Heureusement, les HAWKLORDS enchaînent avec un "White Rag" énervé à souhait, quasiment metal, où les guitares tranchent à l'envie et où les expérimentations sont relativement réussies. En revanche, l'horripilante "Dead Air", avec ses effets de voix insupportables, ne donnera envie que d'une chose : zapper cette chanson le plus vite possible. Un moment vraiment raté, et c'est bien dommage. L'album se clôt enfin sur un "Psychic Eyes" totalement foutoir et déconstruit, comportant certes quelques passages space rock intéressants mais franchement bordéliques.

Dream est donc un effort un peu plus convaincant que We Are One. S'il n'est pas aussi réussi que le formidable Space Gypsy sorti par leur camarade Nik Turner en cette même année 2013, ce deuxième effort studio des nouveaux HAWKLORDS est assurément meilleur que les épouvantables cacas cosmiques réalisés par Dave Brock sous le nom HAWKWIND depuis 2010 (exception faite de l'assez réussi Stellar Variations sorti en 2012). Sur Dream, les HAWKLORDS ont visiblement revu leur copie : Ron Tree ne plagie ainsi plus ostensiblement le style vocal de Robert Calvert et semble retrouver sa vraie personnalité, les compositions partent certes toujours dans tous les sens, mais leur nombre plus réduit permet de mieux s'y retrouver. Un gage de qualité.

Avec ce deuxième effort studio, les nouveaux HAWKLORDS arrivent donc enfin à nous convaincre qu'ils sont un groupe à suivre au sein de la grande famille du space rock britannique. Espérons que cela dure et que les choses continuent de s'améliorer.