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FOLK / PIANO  |  STUDIO

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2010 Philarmonics
2013 Aventine
 

- Style : Emily Jane White

Agnes OBEL - Aventine (2013)
Par SUNTORY TIME le 25 Mars 2014          Consultée 2769 fois

Chère Agnès

Je vous écris sans savoir si vous lirez un jour cette lettre. Mais je ne me sentirai en paix avec moi-même que si je fais l’effort de la rédiger. Dont acte. Vous me prendrez sûrement pour un fou. Mais je vis avec ce tourment depuis 3 ans déjà. Je ne dois pas être le seul, j’en suis certain. Voyez-vous, j’ai fais un rêve. Un rêve de brume glacée, d’un hibou au regard d’ambre, et d’une jeune femme, surgissant du brouillard hivernal. Cette jeune femme, c’était vous. Aussi frêle, blonde, aux mêmes grands yeux bleus clairs. C’était vous, chère Agnes. Vous m’aviez invité à prendre le thé dans une maison isolée, non loin d’une rivière. Je me rappelle de ce piano, posé en plein milieu de la pièce principale. Vous aviez commencé à jouer votre premier album, Philarmonics, et j’ai perdu pied. Comme marchant dans un monde irréel, à la fois triste et doux.

Le temps a passé, mais depuis ce jour, à chaque fois que je vous entends à la radio, un trouble intense m’envahit. Mon cœur s’emballe, mes jambes risquent de me lâcher. Je tremble au son de votre voix. J’ai pensé que cela passerait avec le temps. Mais vous êtes revenue, plus belle que jamais. Et le souvenir qui s’estompait est revenu me hanter jusqu’au plus profond de mes entrailles. C’est bien vous, entourée de cordes de violon et violoncelles. Vous paraissez moins seule, accompagnée de deux charmantes comparses. Vous au piano, qui parlez de malédiction (« The Curse »). Est-ce un hasard ? Suis-je maudit par votre beauté et son halo rouge, comme sur la pochette de Aventine, votre nouvelle offrande ?

Cet album, je l’ai évidemment acheté dés sa sortie. Il fallait que je sache si ce désordre intérieur n’est que le fruit d’une fatigue psychique quelconque, ou bien de votre existence et de cette rencontre passée. J’ai tremblé en posant le disque sur le lecteur. Votre visage en noir et blanc dans le livret, la chevelure blonde détachée, si loin de la froideur de Philarmonics, un regard malicieux, comme si vous me lanciez un défi. Résister à votre regard, à votre voix, il fallait que je sois fort, ne pas me soumettre à une image, une femme irréelle, fantomatique, comme sur cette même photo. Les premières notes de piano ont retenti, « Chord Left », comme « Falling, Catching » auparavant, et déjà je me sentais faible…
Puis « Fuel to Fire » est arrivée, et j’ai littéralement craqué. Votre voix, ces « ooouuuh » si doux… je me suis effondré en larmes. Le piano et le violoncelle s’accordent si bien sur ce titre, l’un de vos plus beaux, je crois. Et je suis resté le temps de plusieurs morceaux dans cet état incompréhensible. « Dorian » m’a fait relever la tête, « Aventine » m’a remis sur pied, toujours tremblant. Quand « The Curse » arrive, c’est l’envie de danser qui me prend. Je vous imagine à mes bras, et je me balade dans mon salon, le temps de la chanson, jusqu’aux dernières notes de violoncelles.

Votre musique a évolué, elle s’est étoffée tout en gardant cette sobriété qui vous est propre. Le piano est toujours le maître, mais il laisse une grande place à ses associés alto et violoncelle. Ces cordes épousent votre voix et vos mélodies. Les pizzicatos de « Aventine » rythment l’atmosphère comme une pluie délicate, et j’entends le flot de la rivière près de laquelle nous nous sommes rencontrés sur « Run Cried the Crawling ». Le doux frisson de l’hiver revient sur « Tokka », et une timide euphorie se manifeste sur « Pass Them By », jusqu' aux chœurs de « Words Are Dead ». « Les mots sont morts », oui, du moins les miens, car les vôtres sont pleins de fougue et de finesse. Les mots je ne les ai plus lorsque je vous écoute. Pourtant il me faut me rendre à l’évidence, la vérité doit éclater, par ces quelques mots maladroits.

Je vous aime, chère Agnès, d’un amour qui se sait impossible et qui en crève de douleur. C’est la fatalité de votre musique, et la faiblesse de mon âme. Vous n’y pouvez rien, ce n’est pas votre faute. Il ne me reste qu’à me faire à cette idée, à moins que par miracle… Mais je n’ose l’imaginer. Pardonnez moi encore, Agnès, pour ces angoisses que je partage. On ne pardonne pas à un homme d’avoir des faiblesses. Mais j’ose espérer, si vous me répondez, que j’aurai votre indulgence. Je vous souhaite le meilleur, pour cet album comme pour la suite. Je crois savoir que je ne suis pas le seul à succomber à tous vos charmes…

Si par tous les hasards vous vouliez me revoir, sachez que je partirai bientôt pour Rome. On pourrait se retrouver quelque part, disons sur l’Aventin, l’une des sept collines romaines. Celle qui, semble-t-il, vous a le plus inspiré…

Sincèrement,

L’homme dans le brouillard

(Ce texte est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes serait purement fortuite.)

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   SUNTORY TIME

 
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- Agnes Obel (chant, piano, rythmiques)
- Mika Posen (violon, violon alto)
- Anne Müller (violoncelle, violon)
- Robert Kondorossi (guitare)
- Gillian Fleetwood (harpe)


1. Chord Left
2. Fuel To Fine
3. Dorian
4. Aventine
5. Run Cried The Crawling
6. Tokka
7. The Curse
8. Pass Them By
9. Words Are Dead
10. Fivefold
11. Smoke & Mirrors
- bonus Track
12. September Song



             



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