Vous voyez les Offspring ? Les vieux hein, période Smash. Bien, rajoutez-leur des kilts, des violons, des binious, et vous obtenez le nouveau visage des Espagnols de DRINK HUNTERS. Car en matière de punk celtique, le groupe n'a finalement que peu de points de comparaisons dans le petit cercle des pratiquants. Les gardiens du temps (les Real McKenzies, les Dropkick Murphys), s'ils ont été et restent très vigoureux, n'ont pas cette radicalité punk du jeune groupe. Les combos les plus récents, s'ils renforcent souvent leur côté rugueux, peinent d'un autre côté à mettre en valeur leur facette plus traditionnelle, ce que parvient à faire le sextet. Enrichi d'un sixième membre (la flûtiste Isra), DRINK HUNTERS semble désireux de mêler à nouveau le meilleur de ces deux mondes, tout en renforçant son aspect traditionnel, proche d'un certain paganisme celte : nouveau logo, une pochette et un titre d'album inspiré par l'imagerie des peuplades celtiques, et des paroles délicieusement transgressive, utilisant la sagesse de nos glorieux ancêtres pour mieux fustiger l'inanité de nos sociétés contemporaines.

Un pas en avant, donc, pour le deuxième album d'un groupe a qui son inébranlable enthousiasme continue pourtant de jouer des tours : a vouloir être à 100% du début à la fin de l'album, à faire preuve d'une énergie sans faille, le groupe en oublie de respirer, d'aérer son album pour le rendre plus digeste. Si vous voulez vous prendre 35 minutes de punk pied au plancher dans la tronche, vous allez être servis ! En voulant mettre en valeur l'ensemble des musiciens qui le composent, le groupe prend également le risque de sonner parfois de manière brouillonne, de perdre l'auditeur en partant dans tous les sens, sans se soucier de la cohésion de ses morceaux, fort heureusement très courts, dépassant rarement les 3 minutes, comme l'exigent les codes du punk.

On passe néanmoins un très bon moment à l'écoute de ce deuxième album. Affûtés, encore plus que sur leur première réalisation, les DRINK HUNTERS triturent, mélangent et fusionnent avec réussite brutalité punk et richesse mélodique de la musique celtique. Ostensible, le violon de Nando ou l'accordéon de Rosa oeuvrent à renforcer l'impact des titres, à l'image de ce "Breogan's Descendants" dantesque, rugueux et survolté à souhait. En matière de punk celtique, les DRINK HUNTERS semble ne plus avoir de leçon à apprendre de grand monde. Le groupe déploie sa musique et fonce, tête baissée, décochant au passage quelques flèches qui font mouche : "Speak more than a Politician", sa ligne mélodique dantesque, fait partie de ces titres marquants, au même titre que "The Hunter Song", qui introduit un côté fun loin d'être désagréable, ainsi qu'une mélodie des plus convaincantes.

L'effet "nouveauté" passé, DRINK HUNTERS confirme tout son potentiel avec ce deuxième album inspiré et sans concessions. Restent ces petits écueils un peu gênants, qui pourraient s'avérer handicapants si les Espagnols ne parvenaient pas à éradiquer sur leurs réalisations futures. A recommander aux amateurs d'un punk "roots" et de mélodies sautillantes.