Inspecteur ! J'ai enfin la réponse du labo concernant HUORATRON ! Selon les derniers résultats, il semblerait que sa musique soit incompatible à plus 98,3% avec le format album. Des analyses complétementaires sont en cours et qui pourraient bien faire grimper ce chiffre à 99,1%, mais bon vous savez comment sont les gars du labo hein, avant qu'ils se mettent au taff on a le temps de partir en Ukraine déclarer l'indépendance d'une république et de revenir. Bref, une fois n'est pas coutume, autant de suite finir de commencer notre introduction par une conclusion (quoi ?), car il n'y a absolument rien qui puisse venir nous empêcher de dire que ce premier album soit une véritable défaite pour le Finlandais.

Tout cela mérite une explication plus poussée mon cher Berthier.

Z'avez raison inspecteur, je m'y colle donc. C'est d'ailleurs très simple. En somme, HUORATRON c'est vraiment génial, mais seulement en concert. C'est très violent, ça part parfois un peu dans tous les sens, on en ressort avec les tympans au bord de l'agonie, mais on se régale durant toute la durée du set. Faites l'expérience vous-même inspecteur, ça dépote grave. « Ha l'enfoiré, l'enfoiré, l'enfoiré » commentait d'ailleurs à chaque morceau un amateur avisé à mes côtés lors de la dernière expérience en date, facilement l'un des meilleurs concerts d'électro auquel j'ai pu assisté ces cinq dernières années. Sur EP ensuite, on est déjà un cran en dessous. Bien sûr $$ Troopers et Corporate Occult sont très corrects et on s'en baffrera sans complexe, mais ça n'a quasiment plus rien à voir en terme d'intensité avec ce qu'Aku Raski nous propose sur scène. Et lorsqu'enfin nos jolies oreilles se posent sur Cryptocracy, c'est la grosse déception. Décidément non, les EPs passent encore, mais alors en LP, merci bien, on se le tape qu'une fois.

HUORATRON a voulu jouer la carte de la brutalité. Pourquoi pas, après tout c'est quand même sa marque de fabrique. Mais pourquoi faut-il que les morceaux soient tous aussi interminables ? Dix pistes de plus cinq minutes chacune, faites le calcul chez vous en famille : c'est très long. Éprouvant qui plus est pour ce genre de musique électronique assemblant des sound chips abrasifs souvent peu agréables à l'oreille et des beats qui ne laissent aucun répit rythmique. Encore une fois parfait pour un format de trois/quatre morceaux, mais franchement pas plus. Cryptocracy est d'autant plus décevant qu'il reste trop répétitif. Le Viking a bien des difficultés à varier les mixes, son disque manque ainsi cruellement de relief. On s'enchaîne les morceaux en sachant pratiquement à l'avance que le suivant sera identique au précédent, ce qui n'aide pas dans l'appréciation d'un disque versant qui est plus dans l'excessif presque caricatural. C'est sûrement ça le gros reproche à formuler : Aku Raski a fait ce qu'on attendait de lui, forçant le trait à maintes reprises, toujours plus loin toujours plus haut, toujours plus barbare toujours plus rude, pour en définitif ne proposer qu'un disque cliché de ses œuvres antérieures. De plus, Cryptocracy s'infiltre sur des terrains davantage dubstep, dont résulte un mélange assez foireux et convenu, mille fois entendus. Le bonhomme se croyait-il vraiment original en mixant « Sea of Meat » et « Force Majeure » ?

Voici donc un premier album qui ne convaincra personne. Il y a bien quelques moments à sauver, en particulier l'épileptique « New Waves of Mutilation » ou la très con « Transcendence », efficaces bien que l'originalité ne soit toujours pas au rendez-vous. Panne d'inspiration ou cécité auditive, HUORATRON rentre chez Last Gang Records avec une bien mauvaise copie. Craint-il vraiment le 2/20 et le carnet de correspondance à faire signer par ses parents ? Difficile à dire. Peut-être s'est-il tout simplement dit que l'album n'est qu'une simple formalité à remplir, à faire et basta, et que même en le transposant à l'identique en live, le public serait de toute façon trop défoncé pour s'en rendre compte … Dommage, ça ne marche néanmoins pas comme ça.

1/5