Si le démentiel $$ Troopers était relativement passé inaperçu à sa sortie en 2008, c'est au contraire avec Corporate Occult qu'HUORATRON va réussir à se propulser sur le devant de la scène, bien que paradoxalement ce second maxi soit d'une qualité inférieure au premier. L'explication, c'est son clip, fourni deux ans plus tard pour le morceau éponyme et réalisé par le Français Cédric Blaisbois, qui aura « remarquablement » fait parler de lui sur la toile - dont je vous recommande chaudement le visionnage si vous aimez à la fois le sexe, le glauque, les tentacules, et une certaine Solweig Rediger-Lizlow, autrefois miss Météo du Grand Journal.

Mais évidemment un clip, aussi génial soit-il, ne fait pas tout et ainsi que je l'énonçais plus haut Corporate Occult n'est pas vraiment la suite logique que l'on attendait après $$ Troopers, loin de là. La faute à « Prevenge », qui voit le Viking s'assagir un peu pour se diriger (Ô misère) vers un morceau d'electro house digne des meilleurs boîtes de nuit du Maine-et-Loire (ou d'Ille-et-Vilaine hein, je ne veux vexer personne). Les sons et les beats restent respectivement certes plus corrosifs et brutaux que la moyenne du genre, mais force est de constater que Prevenge déçoit par une composition bateau et bâclée qui n'impressionnera guère. Le Finlandais essayerait-il de ratisser vers un public plus large ?

La réponse s'annonce ardue, car d'un autre côté on se remange sur le reste du disque deux grosses giroflées à cinq branches nous faisant immédiatemment oublier le vilain petit « Prevenge » qui clôt cet EP finalement à deux visages. « Corporate Occult » en premier lieu, pas si loin dans l'esprit malade de $$ Troopers, qui tabasse bien comme il faut, se transforme en une sorte de grand tsunami de verre pilé, aux éclats tranchants, lorsqu'il part enfin après une intro judicieusement maîtrisée. Avec « Gbay » ensuite, lourde et massive mais toujours vigoureuse, c'est la grande messe des os broyés qui s'annonce, des tympans crevés, où la cervelle en vient à bouillir telle une casserole de béchamel laissée sur le feu (c'est promis, j'arrête avec les images). HUORATRON en vient ici à une musique électronique plus abrupte, plus noisy, à la limite atteignant un sommet de violence que $$ Troopers n'aura pas su gravir. Malgré tout, c'est bien ce dernier qui entre les deux nous semblera le plus abouti, un petit grain de folie l'emportant d'une courte tête, quelques centimètres manquant cruellement à Corporate Occult sur sa troisième et dernière piste, « Prevenge » l'infâme.

Un morceau à jeter pour deux autres à retenir absolument, le constat final n'est pas si catastrophique : on en restera sur un 3/5 bien tassé, un « Gbay » à s'écouter dès maintenant, et une pochette absolument affreuse.