Notre prolifique producteur, chanteur, guitariste, pianiste, batteur, etc etc... à qui l'on doit une fière chandelle pour avoir revigoré le blues-rock avec ses White Stripes, sort son deuxième album solo. La curiosité est forte: son premier opus, sans être extraordinaire, recelait 3 ou 4 morceaux qui mettent une belle claque et montraient une nouvelle facette du bonhomme.

Ce rejeton est très similaire au premier. Des chansons fortement country/blues, qui indiffèrent quand elles ressortent les sempiternels 3 mêmes riffs archi-entendus et réentendus depuis Led Zep et même bien avant (dans ce domaine il a déjà tout prouvé), et qui saisissent quand le piano ou le violon prennent le pouvoir et que le père WHITE y pose une patte presque morriconnienne sans renier sa hargne. C'est avec bonheur qu'on retrouve harpe, pedal steel, pour habiller son énergie toujours confondante - ah les formidables gueulantes qu'il sait pousser!

Pour les morceaux sur lesquels on s'emmerde un peu, il y a "Just One Drink" qui sonne trop comme une chanson de bar composée en 2 minutes. Sans être un mauvais morceau, "That Black Bat Licorice" emprunte des mélodies et des accords trop banals, tout comme "I think I Found the Culprit", sans surprise ni originalité. "Want and Able" doit être sans doute considérée comme une ritournelle de respiration au milieu de l'album, on a aussi le droit de la trouver sans intérêt.

Mais comme sur Blunderbuss, des trésors méritent toute notre écoute. Le très country "Temporary Ground", toute en violon, piano de saloon et pedal steel, utilise à merveille la deuxième voix de Lillie Mae Rische pour un morceau fort et mélodique. "Lazaretto" emporte tout sur son passage avec ses claviers vintage et son violon possédé, sans parler de la gratte, sur laquelle il reste un maître absolu. Difficile également de résister au gimmick satanique de l'instrumental "High Bell Stepper", qui rappelle les meilleurs passages de Elephant, ou de ne pas taper du pied comme un déglingué sur "Three Women" qui pose les bases du débat au début du disque.

Et de la même façon que "Weep Themselves to Sleep" dominait Blunderbuss de toute sa splendeur, "Would You Fight for My Love?" est le petit chef d'oeuvre estampillé WHITE - qui d'autre peut pondre un morceau aussi intense? Là aussi, les accords de piano, plaqués par le démon en personne, forment le coeur d'un morceau intense, urgent, qui vous poursuit encore longtemps après que le CD ait fini de tourner.

Lazaretto a déboulé en première place du Billboard US, donc tout n'est pas complètement foutu en ce bas monde!