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ROCK EXPéRIMENTAL  |  STUDIO

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- Membre : The White Stripes

Jack WHITE - Boarding House Reach (2018)
Par NESTOR le 24 Avril 2018          Consultée 1692 fois

Avec ce Boarding House Reach, Jack WHITE, nous sortirait-il une compilation des outtakes de ses deux précédents albums solo ? Une sorte de suite à Acoustic Recordings (1998-2016), paru en 2016.
Avec un peu d’ironie et beaucoup d’exagération, c’est un peu le sentiment que l’on pourrait avoir à l’écoute du troisième album de l’ex WHITE STRIPES, tant celui-ci s’apparente à un gigantesque fourre-tout.
Car s’il est vrai que le multi instrumentiste est, de manière assez unanime, loué pour son sens musical et son ouverture d’esprit dans ce domaine, il nous contraint ici à nous armer d’une solide largeur de vue pour parvenir à apprécier toutes les facettes de ses divagations artistiques.

Premier contre-pied, alors que le multi instrumentiste annonçait que cet album avait été composé et conceptualisé seul, dans un petit appartement, avec pour unique aide le magnétophone qu’il avait acheté lorsqu’il avait 14 ans, nous constatons que dans la réalité 24 musiciens sont crédités sur ce disque, en plus de lui ! Nous sommes donc là bien loin de l’album intimiste accouché spontanément, tout seul au coin du feu. Ce Boarding House Reach a dû nécessiter un minimum de réflexion, de coordination et de logistique.
Et de fait, on a ici un disque qui regroupe un peu de ces deux tendances : une sorte de marmite géante dans laquelle se superposent et s’entrelacent des expérimentations intimistes, on serait presque tenté de dire onaniques, avec des digressions bien plus travaillées et alambiquées. Et si le ton général oscille principalement entre rock et blues, le spectre artistique balayé par Boarding House Reach est bien plus large. Il ne se limite pas à ces deux tendances et est bien malaisé à cerner.
Car passé les deux premiers titres ("Connected By Love" et ses sonorités électro, et "Why Walk A Dog?", dopé aux guitares biens grasses) qui suivent des chemins relativement classiques et permettent magnanimement aux auditeurs d’avoir deux ou trois repères, la suite est bien plus inconfortable.

La majorité des titres de cet album est en effet dans une veine que l’on pourrait qualifier d’expérimentale, dans des formats bien moins évidents et cohérents.

Dès "Corporation", Jack WHITE laisse parler ses humeurs en voguant allégrement de rythmiques tribaux, à des orgues sixties, en passant par des chœurs que ne renieraient pas les BEASTIE BOYS, ou des lignes mélodiques à la Franck Zappa. C’est très décousu, cela part dans tous les sens, mais surtout, et cela est bien plus gênant, cela peine à faire plus que surprendre, voir indisposer.
Le court "Abulia And Akrasia", dépourvu de mélodie, et qui s’apparente à un monologue de film sur fond de violon larmoyant, ne parvient pas plus à susciter l’engouement.
"Hypermisophoniac" ne s’en sort guère mieux avec ses vocaux compressés, ses variations de niveau sonore, et son instabilité chronique. Il en va de même avec "Over and Over And Over" et ses faux airs de Sheik Yerbouty de Frank ZAPPA, avec ses contre-rythmes et ses mesures asymétriques permanentes. Une fois de plus Jack nous entraîne dans des endroits où le confort n’est pas de mise.

On n’est jamais très loin d’une posture bruitiste et cela donne parfois le sentiment d’écouter une version instrumentale du Fantomas de Mike PATTON (FAITH NO MORE). C’est comme si Jack WHITE n’arrivait pas à se canaliser et partait dans tous les sens en tentant, maladroitement, d’agréger la foultitude de styles qu’il apprécie : du rock garage, des sonorités électro, des ambiances religieuses, des thèmes d’Europe de l’Est, de la folk… Ce, sans objectif facilement identifiable et sans cohésion apparente.

Souvent ses recherches musicales ne semblent pas avoir d’autres buts que l’expérimentation, et on sombre alors dans l’inutile et l’anecdotique, comme c’est le cas avec « Ezmerelda Steals The Show », un monologue proposé quasiment sans arrangement. Rarement, on sent poindre une lueur, un indice propre à nous aiguiller, comme cela peut être le cas avec plusieurs passages de "Respect Commander" qui se révèlent très intéressants. C’est ainsi le cas des lignes Led Zeppeliniennes, des sonorités électro et des parties de guitares qui se croisent dans ce titre. Las, ces bribes de fulgurances ne font que se croiser, elles ne se rencontrent jamais.
On pourrait également mentionner "Get In The Mind Shaft", qui dans un premier temps donne l’illusion d’une sorte d’ode à Kraftwerk. Mais, faute de ligne directrice suffisamment cohérente, cela débouche sur un morceau stérile et bancal. Seul le folkeux "What's Done Is Done" sauve la mise grâce à sa sobriété générale. De manière ironique, on pourrait railler le fait qu’il bénéficie surtout avantageusement de la comparaison avec les autres morceaux de Boarding House Reach.

Avec seulement trois morceaux qui échappent au naufrage, ce Boarding House Reach se révèle très décevant. Cet album est, dans le meilleur des cas, à réserver aux aficionados de prises de risques musicaux. A ceux qui prennent intérêt à l’écoute les précités Franck ZAPPA (dans ses périodes les plus obscures) et FANTOMAS.
Pour autant, autre paradoxe, aussi surprenant que cela soit, ce disque recevrait un très bon accueil commercial aux USA. Pour le commun des mortels, l’auditeur non encore accoutumé à « l’anti accord absolu, à la musique des sphères » cher à Antoine (Delafoy, pas celui des lunettes Atol), on se contentera d’hésiter à qualifier cet objet de plaisir égoïste courageux ou bien de brouillon nécessitant une jolie dose de travail supplémentaire.

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   NESTOR

 
  N/A



- Jack White (chant, guitares, batteries, claviers, tambourin)
- Bobby Allende (percussions, batterie)
- Carla Azar (batterie)
- Anthony Brewster (claviers)
- Justin Carpenter (trombone)
- Louis Cato (batterie, guitare, basse)
- Dominic Davis (basse)
- Neal Evans (claviers)
- Joshua Gillis (guitare)
- Dj Harrison (claviers)
- Daru Jones (batterie)
- Fats Kaplin (violon)
- Charlotte Kemp Muhl (basse)
- Neil Konouchi (tuba)
- Regina & Ann Mccrary (chœurs)
- Esther Rose (chœurs)
- Quincy Mccrary (claviers)
- Ian & Gianluca Braccio Montone (piano samples)
- Neon Phoenix (basse)
- Justin Porée (percussions, udu)
- Kevin Smith (trompette)
- C. W. Stoneking (voix)
- Brooke Waggoner (piano)


1. Connected By Love
2. Why Walk A Dog?
3. Corporation
4. Abulia And Akrasia
5. Hypermisophoniac
6. Ice Station Zebra
7. Over And Over And Over
8. Everything You've Ever Learned
9. Respect Commander
10. Ezmerelda Steals The Show
11. Get In The Mind Shaft
12. What's Done Is Done
13. Humoresque



             



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