En 2018, avec son album Boarding House Reach Jack WHITE avait, à mon sens, sorti probablement son pire disque : un ramassis de titres étranges et pas finalisés duquel on ne pouvait sauver guère plus de trois morceaux potables.
Depuis, l’ancien guitariste/chanteur des WHITE STRIPES n’a plus trop brillé par son activité. Mais les choses changent en 2022 où il nous propose pas moins de deux albums. En effet, après Fear of the Dawn, paru en avril 2022 dans lequel Jack WHITE livre, selon ses dires, son rock énergique habituel, il nous revient trois mois plus tard avec Entering Heaven Alive qui se révèle bougrement (plus) intéressant.

Majoritairement acoustique, ce cinquième album solo explore ce que l’on pourrait appeler un rock américain traditionnel, à mi-chemin du rock, de la folk et de la pop. A ce titre, on y retrouve certains des aspects déjà présents dans ses deux premiers albums solo Blunderbuss (2012) et Lazaretto (2014). De ce fait, on ne peut pas dire que Entering Heaven Alive brille par son originalité au sein de la discographie de WHITE. Pour autant, l’objet est vraiment plaisant et intéressant.
En renouant avec des mélodies finement ciselées et des harmonies travaillées, il se rend en effet plus accessible et jouissif.
La facette pop se révèle avec les beatlesiens "Help Me Along" et "Queen of the Bees". Si le premier évolue dans un style feutré, le second est un titre joyeux et primesautier qui évoque la période la plus grandiloquente des Fab Four.
Le rock est représenté par le groovy "A Madman From Manhattan" ou bien par "I’ve Got You Surrounded (With My Love)", dans lequel il intègre des parties de guitares électriques au son très vintage. Et dont l’intro n’est pas sans rappeler les DOORS. Le folk-rock s’exprime plutôt au travers de "All Along the Way" qui s’autorise toutefois de petites digressions vers de légères ambiances Reggae.
De manière curieuse, "Taking Me Back", qui clôt l’album, était déjà présent sur son disque précédent dans une autre version. Ici, c'est une ambiance née d’un mix de jazz manouche et de Honky Tonk, qui remplace l’atmosphère plus furieuse et électrique de la version initiale.
Alors soit, toutes les compositions ne sont pas renversantes, loin s’en faut, mais WHITE a le talent nécessaire pour habiller et arranger ses morceaux avec une grâce et un goût indéniables, de manière à ce que ceux-ci se révèlent intéressants et charmeurs.
Il y a tout de même quelques petits bijoux parmi lesquels on peut citer "Love Is Selfish" sur lequel il adopte une voix qui rappelle Robert PLANT lorsque celui-ci calme le jeu. Ou bien l’envoûtant "A Tip From You to Me" qui ouvre l’album et sonne de manière si féérique avec ses magnifiques harmonies vocales. Des qualités que l’on retrouve dans le tout aussi charmant "If I Die Tomorrow".

Entering Heaven Alive n’est peut-être pas tout à fait le chef-d’œuvre que l’on pourrait être en droit d’attendre du bonhomme, mais c’est un album bougrement agréable à écouter et rassurant quant aux choix artistiques de Jack WHITE.
Cet album est armé pour rester longtemps sur nos platines.