Le très « relatif » manque de succès de Listen Without Prejudice Vol. 1 crée des tensions énormes entre George et sa maison de disque Epic, on parle de chiffres à plus de 6 zéros. C'est donc le silence radio pendant six ans, seulement entrecoupé par la sortie du Five Live, qui bien que jouissif, n'est pas un album classique, loin s'en faut. Du coup, Older, donc, âgé de six ans de plus. Les épreuves se sont accumulées pour notre artiste, son compagnon mort du Sida alors mal du siècle, les décès et déceptions s'amoncellent et il n'est certainement pas simple de se replonger dans la composition dans ces conditions. Trois années seront donc nécessaires à l'élaboration de l'opus. Déjà spécialisé dans le « smooth », George choisit alors de se tourner plus avant vers les musiques black. On peut donc s'attendre à de la pop de grande qualité, irréprochablement composée et merveilleusement produite.

On ne change pas une recette qui marche : le rouleau compresseur qu'est ce troisième album va trouver sa vitesse de croisière grâce aux singles, qui vont en faire un disque majeur.
Ode à son compagnon Anselmo Feleppa décédé peu de temps avant, « Jesus to a Child » reste une de ses chansons les plus connues, elle est d'une douceur étonnante et annonce clairement le ton de l'album. « Fastlove », tout aussi connue, tout aussi smooth, reste dans cette même veine qui devient dès lors sa grande marque de fabrique. Je vois beaucoup de points communs entre les deux Michael, le King et celui qui devrait être la Queen de la pop, sur le troisième single, ce titre très funky qu'est « Spinning the Wheel », agréable et chaloupé. Le morceau-titre « Older » est le suivant, toujours la même grande qualité, nous sommes loin du rock, variété ou pop, qu'importe, le résultat est de belle valeur. Nous continuons avec « Star people », un brin plus funky, mais aussi certainement plus « entendue »... Le single le plus faible, difficile de se renouveler au sommet. « You Have Been Loved » achève le blitzkrieg de George à la tête des charts en ces années 96-97, jolie chanson d'amour jazzy qui ne sortira qu'en Grande-Bretagne.

En dehors des singles je remarque le très swingant « Move on », qui donne clairement envie de bouger efficace et carré tout en portant la délicatesse de notre Chypriote préféré ! Sans doute mon titre favori de l'album. Je tiens aussi à évoquer le quasi instrumental court mais beau qui clôt ce troisième album : « Free » propose quelque chose de différent avec son énorme basse et ses consonances parfois world. George se contente de dire « Feels Good to Me » dans un chuchotement. Quant aux trois chansons du milieu : « It Doesn’t Really Matter » est d'un smooth à mourir, sympa sans être transcendante, de même que sa suivante « The Strangest Thing » au ton toutefois plus moderne et original ; on en termine avec la mignonnette folky « To Be Forgiven ».

Il manque à cet album a minima un hit d'une force imparable. Les compositions sont toutes réussies et la voix de George abat un travail remarquable. La qualité est là, c'est indéniable ! On baigne dans des ambiances éthérées, le grain, le velouté sont là, mais on manque un peu de couilles par instant. George trouvera la réponse avec son album suivant. Cela dit ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : la came est bonne ! Plus de 15 millions d'unités vont s'écouler autour du globe, ce n'est pas rien.