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KOROL I CHOUT - Boud Kak Doma, Poutnik... (1997)
Par SASKATCHEWAN le 24 Septembre 2014          Consultée 1984 fois

Quand Mikhail Gorchonev, Alexandre Chtchigolev et Alexandre Balounov se rencontrent sur les bancs de l’école en 1987, ils ont à peine 14 ans.*¹ Cela n’empêche pas les trois ados pétersbourgeois de fonder leur premier groupe de punk dans ce qui est alors encore l’URSS. Les premières répétitions prennent un tour plus sérieux en 1989 quand le chanteur Gorchonev rencontre son futur duettiste Andreï Kniazev dans un resto de Saint-Pétersbourg. Ce n’est qu’en 1990 que le groupe acquiert son nom définitif, KOROL I CHOUT (« le Roi et le bouffon »), après quelques errements autour du même thème.

L’histoire de la sortie du premier album de KOROL I CHOUT vaut à elle seule un documentaire sur les années 90 en Russie. La notoriété de la jeune formation punk est d’abord restreinte au petit cercle d’amateurs qui peuple les clubs underground de la capitale du Nord. Avec leur petit réservoir de chansons, nos ex-lycéens arrivent à se faire connaître à Moscou, où ils donnent quelques concerts dès 1993. Le peu d’argent amassé à cette occasion sert à financer les sessions studio sporadiques qui accoucheront d’une cassette distribuée sous le manteau : Boud kak doma, poutnik… (« Fais comme chez toi, voyageur… »). Cette première démo produit son petit effet sur la scène punk russe, malgré l’absence du chanteur Kniazev et du batteur Chtchigolev pour cause de service militaire.

En 1997, après le succès de leur premier album officiel (Kamen po golove), le groupe décide de réenregistrer sa démo avec son nouveau guitariste Yakov Tsvirkounov et quelques chansons plus récentes. Boud kak doma, poutnik… est renommé Korol i Chout pour l’occasion, avant de retrouver son titre original à l’occasion d’une réédition en 2000. Ouf ! C’est cette dernière version qui est chroniquée ici.

L’originalité de KOROL I CHOUT par rapport aux groupes russes de la même époque, c’est d’abord son ton résolument farceur et pseudo horrifique, là où les formations de la première vague punk comme Grajdanskaïa Oborona et Instrouktsia po Vyjivanyu deviennent peu à peu l’étendard de mouvements politiques radicaux. De fait la scène pétersbourgeoise des années 90 se démarque de ses aînés sibériens par une approche plus punk-rock, avec des productions à l’occidentale. Gorchonev, grand fan de Bad Religion et des Pogues, aime se grimer sur scène et chanter des histoires de loup-garou et de trolls à un public hypnotisé.

De manière étonnante pour un groupe aussi jeune, Boud kak doma, poutnik contient déjà tous les ingrédients qui feront le succès de KOROL I CHOUT. A tel point qu’on peut se demander s’ils ont jamais fait mieux dans ce style-là. La guitare acérée de Tsvirkounov répond aux lignes de basses bondissantes de Balounov, tandis que Chtchigolev mène la charge derrière ses fûts. Les compos reprennent l’efficacité du punk-rock, avec quelques teintes de heavy metal et de punk à l’ancienne pour corser la sauce. Les véritables locomotives du groupe restent néanmoins Andreï Kniazev et Mikhail Gorchonev, dont le duo fonctionne à merveille. Tour à tour drôles, menaçants, vindicatifs, ils insufflent un supplément d’âme aux chansons les plus convenues.

Et de chansons convenues, sur ce premier album, il n’y en a point ! Boud kak doma, poutnik… serait unanimement reconnu comme un chef-d’œuvre dans son genre si les membres du groupe avaient fait l’effort de naître en Californie ou à Londres. Malheureusement, la gloire internationale de KOROL I CHOUT s’est arrêtée en Allemagne. Pourtant, leur carrière regorge d’hymnes furieux comme « Lestnik » (« le forestier ») et « Okhotnik » (« le chasseur »). Les moins connues « Sapogi mervetsa » et « Istinny oubiytsa » n’ont rien à leur envier, avec des refrains accrocheurs et des paroles horrifiques et délirantes dans la grande tradition des Contes de la crypte.

Fédérateur toujours, KOROL I CHOUT sait aussi se faire plus subtil, alternant compositions plus calmes (« Istoria o miortvoï jenchtchine ») et punk de cabaret (« Koukolny teatr »). Le tour de force de ce faux premier album, c’est de réussir à proposer un tout cohérent avec des chansons au profil très divers qui partent dans tous les sens. On évite l’écueil habituel du genre : la monotonie ; tout en profitant de 17 morceaux tous plus énergiques les uns que les autres. Pour résumer, Boud kak doma, poutnik… réalise l’exploit d’être un album de punk-rock quasi parfait sans parler une seule fois de skate et de révolte adolescente. Rien que pour ça, merci !


*¹ En Russie, l’école, « chkola », dure de 6 à 17 ans, et correspond donc à notre primaire, collège et lycée réunis.

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   SASKATCHEWAN

 
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- Mikhail 'gorchok' Gorchenev (chant)
- Andreï 'kniaz' Kniazev (chant)
- Alexandre 'balou' Balounov (basse, choeurs)
- Yakov Tsvirkounov (guitare, choeurs)
- Alexandre 'paroutchik' Chtchigolev (batterie)


1. Korol I Chout
2. Dva Drouga I Rzaboïniki
3. Sapogi Mertvetsa
4. Okhotnik
5. Panika V Sele
6. Istinny Oubiytsa
7. Lesnik
8. Pomogi Mne
9. Istoria O Miortvoï Jenchtchine
10. Koukolny Teatr
11. Valet I Dama
12. Vessiolye Trolli
13. On Ne Znaet, Chto Takoe Jizn
14. Otets I Maski
15. Skazka Pro Drakona
16. Instroument
17. Sobranie



             



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