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KOROL I CHOUT - Akoustitchesky Album (1999)
Par SASKATCHEWAN le 17 Octobre 2014          Consultée 1006 fois

La mode des unplugged et autres albums acoustiques a connu une fulgurance à la fin des années 1990, avec MTV en fer de lance. On ne reviendra pas sur l’aberration qui consiste à qualifier d’« acoustique » une œuvre parce qu’elle est jouée sans instruments « électriques ». M’est avis que les chargés de com’ des maisons de disques seront les premiers à recevoir leur juste châtiment le jour du Jugement dernier, bien avant les égorgeurs de chatons et les vendeurs d’armes. Toujours est-il que ce drôle de mal à fini par gagner la Russie, et que nos punks pétersbourgeois de KOROL I CHOUT ont été parmi les premiers à succomber.

L’histoire n’est pas banale. Tout commence en 1995, quand la bande enregistre une démo, Lioubov Negodiaïa, contenant des titres d’inspiration un peu plus folk-rock. L’idée d’un concert « acoustique » commence à germer dans la tête du groupe à peu près à la même période. Le matériel de la démo et quelques chansons écrites par le second chanteur Andreï Kniaziev sont utilisés pour l’unique show donné dans une salle de Saint-Pétersbourg. Peu après, nos cinq punks se réunissent dans un studio de l’île Vassilievsky afin de graver ce nouveau recueil sur CD. L’endroit est un ancien temple protestant reconverti en lieu d’enregistrement par l’ex-maison de disques d’Etat Melodiya.

Suivent quelques péripéties rocambolesques, tel le vol de l’ordinateur contenant le mastering définitif de l’album ou encore la faillite du label Kouritsa Records. A la réception du produit fini, le premier chanteur Mikhaïl Gorcheniov n’est pas du tout satisfait, et exige que cet assemblage de chansons d’amour parodiques à la sauce folk soit considéré comme un album solo d’Andreï Kniaziev, qui a composé la plupart des titres. Il faut toute la diplomatie du label et des autres membres du groupe pour convaincre le bouffon en chef de laisser l’Akoustitchesky album sortir sous le nom de KOROL I CHOUT. Dans la bagarre, le disque a hérité de la mention infâmante d’« acoustique », afin de le démarquer des œuvres punks, alors qu’il est bourré de claviers baveux et de guitares électriques. Allez comprendre…

Pour l’occasion, la formation pétersbourgeoise s’enrichit de trois artistes féminines : Marina Kapouro au chant, ainsi que Maria Nefiodova et Maria Bessonova aux violons. De fait, cet apport change la musique du groupe du tout au tout. L’Akoustitchesky album propose un folk-rock énergique et sautillant qui lorgne de temps à autres vers le folk-metal. Du punk-rock horrifique des débuts, on n’a gardé que les mélodies immédiates et l’humour de cabaret. Le single issu du disque, « Prignou so skaly » (« Je sauterai du rocher »), qui relate les errements suicidaires d’un amant déçu, résume parfaitement la nouvelle orientation de KOROL I CHOUT. Les violons tissent une mélodie entraînante et le chant a perdu toute agressivité. Le morceau reste à ce jour leur plus gros succès en Russie.

Dans la même veine que « Prygnou so skaly », des titres comme « Koukla kaldouna » et « Bedniajka » sont des réussites remarquables. On retrouve par moment le punk rigolard des débuts, comme sur « Sossiska » et « Spiatil Otets ». Le plus étonnant reste l’influence du pop-rock russe des années 90, particulièrement sur « Tiani », qui rappelle les élans mélancoliques de NAUTILUS POMPILIUS. La participation de Marina Kapoura est en demi-teinte : « Nablioutatel » est un rock puissant et entraînant, alors que « Devouchka i graf » est une chanson mielleuse accompagnée de synthés dégoulinants.

Les ballades sont le gros point faible de l’Akoustitchesky album. Malgré l’humour omniprésent, des sucreries comme « Outrenni rassvet », « Karapouz » ou « Zabytye botinki » réclament un estomac solide. Il faut toute la science punk de KOROL I CHOUT pour empêcher l’indigestion. Un morceau comme « Pesnia Mouchketerov » parvient à rompre l’ennui avec un riff génial et des éléments folk bigarrés. La chanson est un hommage aux Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, roman peut-être encore plus culte en Russie qu’en France.

Le troisième essai de KOROL I CHOUT n’est pas vraiment au niveau de ses prédécesseurs, mais reste un bon album. Il contient même quelques chansons inoubliables, telles « Prygnou so skaly » et « Bedniajka ». Le groupe reviendra au punk-rock dès le disque suivant. Cette parenthèse folk aura au moins servi à élargir les possibilités du quintet pétersbourgeois, qui fera de nouveau appel à la violoniste Maria Nefiodova par la suite.

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- Mikhaïl Gorcheniov (chant)
- Andreï Kniaziev (chant)
- Alexandre Balounov (basse, choeurs)
- Yakov Tsvirkounov (guitare, choeurs)
- Alexandre Chtchigolev (batterie)
- Maria Nefiodova (violon)
- Pavel Sajinov (invité, claviers)
- Marina Kapouro (invitée, chant)
- Maria Bessonova (invitée, violon)


1. Koukla Kaldouna
2. Nablioudatel
3. Bedniajka
4. Prygnou So Skaly
5. Devouchka I Graf
6. Pesnia Mouchketerov
7. Tiani
8. Outrenni Rassvet
9. Sossiska
10. Karapouz
11. Spiatil Otets
12. Vedma I Ossiol
13. Ekaterina
14. Prervannaïa Lioubov, Ili Arbouznaïa Korka
15. Mototsykl
16. Golye Koki
17. Zabytye Botinki



             



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