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- Style : Sanseverino

BENABAR - Inspiré De Faits Réels (2014)
Par GEGERS le 23 Septembre 2014          Consultée 2601 fois

Le milieu des années 2000 a été particulièrement faste pour BENABAR. Porte-drapeaux d'un succès populaire et critique incroyable, les albums Reprise des Négociations et Infréquentables ont permis au chanteur de s'immiscer dans toutes les chaumières francophones avec une variété française à la fois exaltée et mélancolique. Après avoir atteint les sommets, la redescente n'est que plus difficile. Faute de surprises, de nouveauté, Les Bénéfices du Doute, souffrant de l'absence de titres réellement marquants, témoigne dès 2011 d'une baisse d'inspiration qui se poursuit malheureusement avec ce Inspiré de Faits Réels, septième album de l'artiste.

Ce nouvel opus n'est pas un mauvais album. Disons qu'il s'inscrit dans la moyenne basse des réalisations discographiques de BENABAR. La variété présentée par le bonhomme est prévisible, et s'affranchit de toute prise de risque pour livrer une musique irritante lorsqu'elle se fait trop grandiloquente, délectable lorsqu'elle sait se faire intimiste et toute en retenue. Le véritable problème de l'artiste est que son admiration évidente pour Renaud se transforme sur cet opus en un hommage raté et en un catalogue de références qui ne jouent pas en faveur de l'auteur du "Dîner". L'évidence, c'est "Remember Paris", dont le mélange bancal français / anglais tente de jongler sur la délicieuse poésie de "It is not because you are", la désuétude des ambiances années 30 en prime. Non seulement le morceau est mauvais, mais il met en plus mal à l'aise. Dans le phrasé, le bancal "Titouan" rappelle n'importe quel titre de Renaud dédié à Lolita (notamment "La pêche à la ligne"), tandis que "Le regard", à la mélodie au piano pourtant splendide, évoque ostensiblement "En cloque".

Plus que d'apprécier ce nouvel album pour ce qu'il est, on se prend ainsi à chercher les clins d'oeil et les similitudes, qu'ils soient volontaires ou non, entre les deux artistes. Si l'on parvient à passer outre, il y a pourtant du bon à se mettre sous la dent. Avec "Paris By Night", BENABAR actualise Charles Aznavour et Michel Sardou avec un titre fort sympathique, même s'il donne une idée faussement bucolique de ce Paris personnifié qui vous happe le temps d'une nuit pour ne vous recracher qu'au petit matin. L'humour, clé de voûte du répertoire de l'artiste, est bien présent, et fonctionne à merveille sur des titres tels que "Coming in" et "Gilles César", un peu moins sur le lourdaud "Les deux chiens".

Les véritables bons morceaux sont le plus souvent coincés entre deux pièces anecdotiques. "Belle journée", mélancolique et automnal, serait ainsi fort séduisant s'il n'était pas affublé d'un refrain ridicule, façon Marc Lavoine. Il n'y a guère que "La forêt" qui convainque pleinement, tant au niveau de la musique doucereuse que du texte intriguant.

A chaque écoute, on se surprend à être constamment en attente, à se dire que le titre suivant va casser la baraque. Et finalement, il n'en est rien. Inspiré de Faits Réels déploie son armada de récits du quotidien, dont le minuscule intérêt n'est pas ici transcendé par la verve du chanteur. Finalement, ce sont les 6 titres supplémentaires de l'édition limitée qui tirent l'ensemble vers le haut. La tendre version acoustique de "L'effet papillon", la splendide interprétation du texte croustillant de "Titus et Bérénice", en compagnie d'Isabelle Nanty et sur une rythmique folk bien sentie, ou encore ce nouveau visage de "Quatre murs et un toit" qui nous rappelle que, oui, BENABAR a été, il y a encore peu, très grand.

Dommage que ce qui se présente comme du bonus constitue le meilleur de ce septième album de l'artiste, qui par ailleurs ne livre les bons moments qu'avec une regrettable parcimonie. Pas moins bon que Les Bénéfices du Doute, Inspiré de Faits Réels rentre par une oreille et sort par l'autre, donnant l'envie au choix d'aller reécouter son Renaud fétiche ou de jeter une oreille sur les précédentes réalisations, inventives et inspirées, de BENABAR. En espérant un sursaut d'orgueil, pour ne pas avoir à parler bientôt de cet artiste au passé.

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1. Paris By Night
2. Belle Journée
3. Remember Paris
4. Titouan
5. La Grande Vie
6. Les Deux Chiens
7. La Forêt
8. Coming In
9. Sur Son Passage
10. Le Regard
11. Les Couleurs
12. Gilles César



             



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