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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Luke, Stephan Eicher

CALI - Vernet-les-bains (2012)
Par GEGERS le 16 Décembre 2012          Consultée 3443 fois

On pensait CALI un hurleur-né, un de ces trublions pour qui élever la voix est un moyen de faire entendre ses revendications, partager ses états-d'âme et cracher à la gueule de ceux qui le méritent. L'artiste s'est rendu célèbre pour ses invectives musicales, ses tempêtes amoureuses, ses maelströms sociaux qui constituent l'essentiel de ses albums. Crier, jusqu'à l'épuisement (et l'agacement des auditeurs). Un peu moins inspiré, un peu plus désillusionné, La vie est une truite arc-en-ciel... n'avait pas permis à son auteur de bénéficier d'un consensus favorable autour de sa personne. Débarqué par sa maison de disques, CALI, homme et père de famille accompli, puise dans cette période moins faste de sa carrière un moyen de se remettre en question, de réorganiser ses combats pour leur offrir un souffle nouveau. Vernet-Les-Bains est le résultat, bluffant, de la nouvelle naissance de l'artiste. Un Brel en puissance, juste un peu plus bancal.

Le renouveau passe nécessairement par un repli sur soi, un retour aux racines. CALI n'a pas donné à son nouvel album le nom de son village de naissance par hasard. Coincé dans une vallée des Pyrénées, au pied du Canigou, Vernet-Les-Bains est prétexte à la résurgence de nombreux souvenirs adolescents qui constituent une bonne partie des textes de ce cinquième album. L'enfance n'est pas compatible avec la grandiloquence et l'exubérance, c'est ainsi tout naturellement que CALI a donné à ses nouveaux morceaux une texture acoustique pauvre en arrangements et chiche en instruments. Une recette inédite qui permet de découvrir l'artiste sous un jour nouveau. « Ce soir je te laisse partir » voit une guitare chaude, un piano mutin et une flûte mélancolique soutenir avec délicatesse la voix du chanteur dont les combats, semble-t-il l'avoir compris, ne peuvent pas toujours être gagnés.

Le single, « L'amour est éternel », peut donner une fausse impression. Sur une mélodie rappelant ostensiblement et étrangement « I will survive », CALI retombe dans la recette de « C'est quand le bonheur », ressassant jusqu'à plus soif un refrain facile sur une mélodie immédiate. Histoire sans doute de rassurer Wagram, le nouveau refuge de l'artiste, quant au potentiel commercial de ce nouvel album. Vernet-Les-Bains prend pourtant une toute autre direction, basée sur la retenue et le développement d'une facette intimiste de l'artiste, magnifique et très prometteuse.

L'enfance, CALI ne nous la présente pas avec nostalgie et candeur. Si elle est faite de découvertes et d'expériences formatrices (« La grotte des amoureux », « Est-ce que tu te souviens de ton premier baiser »), elle est aussi source de rancœurs : ses vieux parents, avec qui on éprouve la plus grande des peines à tenter de se rabibocher (« Mes vieux cinglés » et sa tendre mélodie), les premières amours déçues (« Tu me manques tellement »). Nécessairement, en traitant de l'enfance, CALI en vient à évoquer son contraire : la fin de vie, à travers la superbe « Une femme se repose », figure de proue de cet album dans lequel on se plaît à plonger comme dans une boîte de sucreries douces-amères. A travers les yeux d'un malade en phase terminale se rappelant « des souvenirs du temps où j'étais bien vivant » (« Je rêve de voir l'été »), l'artiste se fait touchant sans verser dans le pathos. Humain et sensible, tout simplement.

Comme à son habitude, la pointe de la plume frappe en plein cœur, et l'on redécouvre avec bonheur ce ton plaintif, ces rimes parfois hasardeuses, qui rendent CALI plus proche et agréable. Les textes, notamment celui de « Amour m'a tuer » (qui traite des violences conjugales) frappent juste et fort, tout autant que le violon de Steve Wickham qui propose nombre de lignes mélodiques délectables et imparables (« Venez me chercher », « Amour m'a tuer »). Seul le titre final, « Happy End », qui voit CALI faire appel à une tripotée d'amis chanteurs (Dominique A, Miossec, Bénabar, entre autres), peine à offrir une conclusion véritable à l'album. Reste que, renouvelé et inspiré, CALI propose en cette fin d'année un opus aux allures de renaissance, très probablement son meilleur à ce jour. Une excellente surprise.

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   GEGERS

 
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- Cali (chant, guitare)
- Steve Nieve (claviers)
- Steve Wickham (violon)
- Éric Legnini (piano)


1. Ce Soir Je Te Laisse Partir
2. Mes Vieux Cinglés
3. L'amour Est éternel
4. Je Rêve De Voir L'été
5. Venez Me Chercher
6. Amour M'a Tuer
7. Une Femme Se Repose
8. La Grotte Des Amoureux
9. Tu Me Manques Tellement
10. Est-ce Que Tu Te Souviens De Ton Premier Baiser
11. Mon Ami
12. Happy End



             



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