TEEJAY est en voie de devenir l'une des personnalités les plus marquantes dans la région de Cherbourg, section jeunes talents. Le duo formé par Terri-Jade Nunn et Bruno Morisetti compte sur la participation de sa fan-base de plus en plus solide pour réaliser son premier album (rendez-vous sur le site !). En attendant, il nous propose cet EP, Open Your Eyes, constitué pour moitié de compositions et de reprises.

Depuis trois ans, on pouvait admirer le talent de Terri-Jade grâce à ses vidéos mises en ligne sur Youtube, chantant au milieu des instruments de son père qui lui a transmis son goût pour la musique. Dans TEEJAY, Bruno Morisetti « habille » les compositions et interprétations de la demoiselle, fortement influencées par la pop actuelle, celle de M83 et Lana Del Rey particulièrement. Bruno se révèle également musicien de session à l'empreinte diversifiée, et du point de vue d'un amateur de chanteuses, un tailleur de choix, « sur mesure ».

Arrangeur doué et instrumentiste solide, il n'en fallait pas davantage pour mettre en valeur la beauté d'une voix comme celle de TEEJAY. Quand on pense que les médias dépensent des fortunes à la recherche d'une soi-disante VOICE et de la manière la plus hypocrite, on ne peut qu'espérer le meilleur à ce nouveau talent, aussi riche que sincère. TEEJAY est une « golden voice », son univers s'ancre dans la mémoire au premier contact, de manière aisée et définitive.

Le point fort de cette complicité, c'est bien entendu les compositions. La pop selon TEEJAY est envoûtante, colorée, parfois surprenante, en tout cas plus modeste et moins fade que la moyenne de ce qui passe à la radio. Tout cela grâce à des ambiances et un certain sens de la composition que de la mélodie, simples sans être linéaires, suffisamment captivantes pour éviter la redondance. Les effets de guitares et de claviers en tous sens, les trouvailles sonores subtiles favorisent largement un tel constat. Les textes eux-mêmes sont peaufinés, à l'image de la chanson-titre, sur la prise de conscience nécessaire afin de sortir de l'état passif et des conventions, très actuel en somme.

Et puis il y a la voix. Claire et appliquée, naturelle et adaptée à n'importe quel registre (rêveur autant que groovy, rapeux même sur « Open Your Eyes » !), Terri-Jade nous séduit tout le long. Forte de ses origines anglaises, elle est parfaitement à même d'employer cette langue de façon polyvalente. Bruno Morisetti trouve encore de jolies idées de choeurs (rares autant que précieux), et donne judicieusement à la voix toute sa portée sur les moments planants, épiques. Une sorte de climax dans la musique, pourtant si évident et attendu, lorsqu'on est habitué à son timbre...

À côté des compositions, les reprises sont plutôt fidèles à leurs interprétations originelles, même si pour faire un parallèle à ce qui vient d'être dit, l'introduction de « Get Lucky » s'inscrit dans les moments magiques de ce premier jet, avant de retrouver son essence première, celle de faire danser et chanter le public. « This World », reprise de Selah Sue, met aussi très joliment en valeur la voix de TEEJAY dans un contexte soul, avec des samples de cuivres finement dosés.

Le caractère appréciable de cet univers pop électro, c'est qu'il n'est pas « facile » et que les chansons demandent quelques écoutes pour se dévoiler complètement. Parfois, la réalisation manque de peu de relief et de chaleur, et le chant donne le sentiment de pouvoir être encore amélioré dans certains passages rapides. Ce n'est pas grand-chose cela dit, et on apprécie un début tout à fait honorable, en attendant l'album qui, espérons-le, sera plus « compositions » que « reprises » !

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