Avec une pareille pochette et un tel titre, difficile de ne pas attirer un public jeune et c'est exactement ce qui va se passer ! En 1969, les ARCHIES sont au faîte de leur popularité et, enfin, un groupe mixte. Aux côtés de Ron Dante mais aussi du Canadien Andy Kim (qui prête la main de manière efficace à l'écriture des chansons) pour les voix de garçons, on rencontre Ellie Greenwich, partenaire du producteur Jeff Barry avec qui elle a signé plusieurs hits de la Motown, et plus encore, une certaine Toni Wine. Celle-ci n'est pas en reste car, forte d'un hit ou deux sous son seul nom (dont à 16 ans, "My Boyfriend's Coming Home for Christmas" en 1963), elle a co-écrit une poignée de singles également, le plus célèbre demeurant "A Groovy Kind of Love" pour les MINDBEATS.

Les musiciens du faux-groupe rempilent et délivrent un nouvel ensemble de chansons qui, par bonheur, est mieux inspiré que le premier album à tous les niveaux ! On pardonne les facilités de "Feelin' So Good (S.K.O.O.B.Y.-D.O.O.)" où les lettres épelées servent de refrain, car cette pop reposant sur batterie-tambourin, même teintée de psychédélisme, ne manque pas de fraîcheur. "Rock & Roll Music" opère une entrée des instruments progressive, annoncée par Ron Dante, sur un bon shuffle où la batterie est cette fois d'autant plus appréciable car augmentée d'une cowbell, mais le supplément claps-choeurs est diablement efficace à son tour. Jeff Barry, compositeur solo pour ce titre, y intervient brièvement avec sa voix grave pour incarner Jughead.

Barry n'est pas seul sur le coup : Mark Barkan et Jerry Adams, qui avaient complété le premier album de leurs écritures, fournissent ici carrément la moitié de l'opus. On leur doit "Melody Hill", un peu entre les CRYSTALS et les BEACH BOYS, parcourue d'une guitare affûtée, un "Kissin'" lorgnant déjà vers le golfe du Mexique (cette basse, hmmm) ou encore "Hot Dog", son boogie musclé et son pont à la Bo DIDDLEY, "Bicycles, Rollerskates and You" au shuffle country ensoleillé. Le plus touchant demeure "Circle of Blue", ballade galante entre adolescents façon vacances d'été avec les parents durant une nuit chaude, tout ce qui convient pour le timbre de Ron Dante et les chœurs de Toni Wine.

L'ensemble de l'album est à l'avenant, chaque chanson est un petit bijou de pop bubblegum/adolescente, depuis "Don't Touch My Guitar" avec une six-cordes meneuse fort à-propos à "Love Light" qui part d'un shuffle pour se poursuivre avec un orgue ronronnant, des bongos qui répondent aux voix... "Inside-Out, Upside-Down" renoue un peu plus avec la soul mais non sans pédale wah-wah ni une sorte de loop d'orgue et à côté de ça, miss Toni Wine qui ressort à merveille, même en fond.

Mais le clou de l'album, celui qui a valu aux ARCHIES un beau disque d'or rien que pour l'album et de passer à la postérité, c'est bien "Sugar, Sugar". Composition de Andy Kim avec Jeff Barry, il est communicatif dès l'introduction avec son ambiance empruntée à la musique mexicaine ou caribéenne. Le ton sucré est souligné par un riff de guitare fuzz avec doublage de kalimba ou d'une percussions métallique, pour répondre aux chants masculins et féminins (superbes remontées de Wine lors du final !), tout en légèreté et sensualité. "Sugar, oh, honey honey..." Enfance de l'art, simple mais efficace au possible, très bien formatée, cette pop-song souriante faite de rapports plus ou moins innocents entre un garçon et une fille, demeure parmi les plus beaux tubes de cette fin des années 60. Outre les 700.000 ventes d'Everything's Alright, le single s'écoule avec une bagatelle de plus de six millions de copies au bas mot. Maints artistes la reprennent : pêle-mêle Wilson PICKETT, Jonathan King (premier producteur de GENESIS et futur du ROCKY HORROR PICTURE SHOW), Claude FRANÇOIS, les Simpson (autre dessin animé de marque, avec la bénédiction américaine). Sans oublier bien sûr, le nouveau casting d'Archie Andrews & co au sein de la saga Riverdale, avec un ton plus autotuno-féministe !