Ça fait presque huit ans maintenant que les Klaxons ont sorti leur fameux premier album, le fameux « Myths of The Near future » qui a ébranlé les UK et remporté le fameux Mercury Prize, bref tout ça est bien fameux mais ne soyons pas fumeux, vous trouverez ma chronique amoureuse de ce disque sur votre gauche. Cet album avait révolutionné mes oreilles en mélangeant les violences rock et électro ; on obtenait des morceaux parfois très violents mais souvent très mélodiques malgré l’instrumental chaotique. On a appelé ça le New Rave et ne nous mentons pas, c’est sublime.
Entre temps, Searching the Void avait un peu lissé leurs compositions, tout en restant dans une optique fortement « rock » (voix criées et saturées, guitares distorsionées, ambiance un peu glauque). En 2014, Klaxons a décidé de s’affranchir de tout ça et de composer un album complètement frais, dansant et propre, adapté aux discothèques et aux pré-soirées des adolescents de quinze ans avides de boire leur première bière. Après quelques frayeurs, je dois avouer que ça marche plutôt pas mal.

Premier contact : « New Reality » qui effectivement, nous emmène directement dans la nouvelle réalité du groupe. Les nappes de synthé sont omniprésentes ; mêmes les riffs sont aux claviers. On ne trouve plus de basse lourde et saturée, plus de guitares tranchantes aux riffs assassins. On peine même à trouver la guitare. « New Reality » annonce l’univers complètement pop du disque, un choix complètement assumé, ce qui permet au groupe de s’en sortir convenablement. Bien sûr, la prise de risque était moindre avec ce genre d’albums : on ne s’imagine plus entendre un morceau comme « Atlantis to Interzone » ou « Magick » à la radio. Les Klaxons décident de s’adapter et de mettre en avant leur talent incontesté de l’électro et des mélodies efficaces. Alors, quand ils décident de composer un bon single, ça donne « There is no other time ». Comment expliquer que ce single est imparable ? Durée parfaite ; structure idéale ; mélodies efficaces comme jamais ; chœurs instantanées ; production parfaitement propre. Aux premiers abords, on croirait entendre un morceau de pop commerciale lambda (mais si vous savez bien, ce genre de morceaux qui passent une fois dans votre voiture en allant au bureau, qui vous font dire « quel morceau de merde basé sur trois accords » mais qui vous poursuivent toute la journée dans votre tête entre deux « Hé François, la machine à café est réparée ? »). En y écoutant un peu plus près, on y trouve pourtant parfaitement le style-même des Klaxons, simplement assagis. On souffle un coup puis arrive la troisième chanson, « Show me a miracle ». Une fois encore, on tombe sur le cul. La qualité des mélodies, la collaboration parfaite entre la voix de Jamie Reynolds et celle de James Righton, les gimmicks très pertinents. Dans ce début d’album, les Klaxons vendent du rêve.

Mais ensuite l’habitude s’installe. Les morceaux se suivent, mais se ressemblent parfois un peu. A l’écoute, rien n’est désagréable ou peu inspiré : difficile de se plaindre réellement d’un morceau. Par contre, il se dégage du disque une homogénéité parfois un peu redondante ; des morceaux un peu trop linéaires et passifs ; une musique parfois trop « d’ambiance ». Les claviers sont omniprésents et la discrétion absolue des guitares apporte un univers plus planant mais moins énergique. Nous retiendrons tout de même « Children of the sun » qui met en évidence la force du groupe (des sons saturés et chaotique mêlés aux voix très mélodiques) dans une composition plus élaborée ou encore la chanson éponyme, très fraîche et bourrée d’arrangements très malins.

L’album est donc à l’image de la – très belle – pochette ; une fausse simplicité. N’y cherchons plus le groupe de New Rave aux compositions agressives mais riches ; Love Frequency est un bon album de pop bien implanté dans son siècle aux mélodies de qualité. Ils ont troqué les rave parties pour les discothèques, les guitares pour les synthés. Le public, lui, ne sera jamais déçu en live. Si les petits nouveaux apprécieront ces morceaux interprétés de manière bien plus survoltée, les anciens constateront avec surprise la quantité impressionnante d’anciens morceaux qu’ils continuent de jouer et ce, avec la même énergie d’autrefois. Love Frequency réunit donc les générations dans une musique ancré en 2014.

* Le tube de l'album : There is no other Time
* Mon coup de cœur : Show me a Miracle
* Mon coupe de gueule : Out of the Dark