Vous qui avez cliqué sur cette chronique connaissez peut-être le Brian Jonestown Massacre...
Non ?
Mais si enfin ! Le projet d'Anton Newcombe, cet altermondiartiste un peu taré et égocentrique à la Charles Manson. Tu sais, ce sont des chansons pop psychédéliques revisités à la sauce underground de divers mouvements musicaux trop cool (Le folk ou le rythm n' blues des 60's, le post-punk des 80's, le shoegaze des 90's...). Comment ça, c'est pas original ? Écoute un peu le son des grattes sur Methodrone (1995) ou la pureté de ...And This Is Our Music (2003), et tu verras que faire sonner tes compos à la perfection avec douze anciens camés sur scène, c'est quand même d'une putain d'originalité ! Car le charme de ce groupe ne vient pas seulement de ses pop songs limpides et psychédéliques, mais également de l'esthétique salement rock n'roll qui transpire de ses disques. Pas de virtuosité, mais une maîtrise certaine de l'orchestration chez ce groupe chaotique et ses vingt ans de carrière. C'est sur ce terreau underground et assez influencé par le travail des shoegazers (Spacemen 3 et My Bloody Valentine en tête) que s'est bâtie toute une scène revival psychédélique dans les années 2000/2010 dont le BJM s'est incontestablement montré précurseur.

Revelation n'est pas un disque original du Brian Jonestown Massacre, mais c'est un bon disque du Brian Jonestown Massacre. La première chose qui interpelle dans la première moitié de l'album, c'est l'aspect "cliché" dont les morceaux sont revêtus. Anton est revenue à la bonne vieille structure pop à la production cristallisée, sans boite à rythme ni loufoquerie lo-fi ou art contemporain. Et c'est une bonne chose, car c'est l'album qui m'emballe le plus depuis ...And This Is Our Music (2003). Même si tu trouves du chant en Suédois et des trompettes qui ne jouent qu'une note (le premier morceau) ou des délires électro un peu cheulous sur la deuxième partie de l'album, l'album est cohérent et laisse la part belle a des morceaux rock réussis. La coolitude absolue de "What You Isn't", tout en nonchalance par exemple... Ou la rengaine romantique de "Unknown", qui suivent les structures basiques et efficaces que le BJM a si souvent reconstruit.
Ce n'est pas prétentieux pour un sou et c'est parfois jouissif.

L'aspect psychédélique, lui, se détecte par la vibe qui traverse Revelation et quelques ingrédients traditionnels qu'on nous sert à toutes les sauces : gammes de guitares réverbérées, tempos lancinants et gimmick répétitifs de basse boisées comme sur "What You Isn't". La guitare folk est omniprésente, discrète, et apporte de la clarté au milieu des effluves de flûtes ou des drones de druide... L'équilibre d'orchestration le plus réussi est selon moi "Days Weeks and Months". En concert, ou sur disque, ce morceau rivalise avec les vibrations les plus tortueuses de "Anemone" (qui est probablement l'un de leurs meilleurs titres, donc ce n'est pas peu dire).
Puis on brasse gentiment du krautrock, ("Duck and Cover"), de la dance ("Memorymix") ou encore du downtempo ("Fist Full of Bees") le tout jalonné de grosses nappes de synthés qui assourdissent parfois l'ensemble. Des idées intéressantes mais parfois maladroites, qui remplissent (comme d'habitude) les albums du BJM.

On ne leur en veut pas pour autant car Revelation est un bon album du Brian Jonestown Massacre. Pas un album original, pas un album transcendantal, mais un album qui s'écoute pour ce qu'il est : juste un bon album d'un bon groupe.