Malgré d'évidentes qualités, TOMORROW'S GIFT n'a pas réussi à faire une percée folle auprès du public, en comparaison avec bien des groupes de krautrock contemporains. Et pour une raison ou une autre, le groupe se dissout en 1971. Quel dommage pour une formation ayant sorti un album des plus réussis, qui aurait mérité une exposition conséquente. Au revoir également Ellen Meyer et son chant caractéristique, et les flûtes de Trescher... Et deux plus tard, voilà que TOMORROW'S GIFT renait. Le groupe repart à l'assaut, et ceux qui connaissent le premier album ne peuvent que s'imaginer une suite à la hauteur.

La lecture de la pochette donne cependant des signes invitant à la méfiance. Du line-up précédent, seuls le claviériste Manfred Rürup et le bassiste Bern Kiefer sont de la partie, accompagnés d'un nouveau venu à la batterie, un certain Zabba Lindner. Pas de guitares (soit), pas de flûtes (bon) et pas de chant (bof), TOMORROW'S GIFT adopte une forme de trio dont on peut encore espérer de bonnes choses, pas de panique.

Et pourtant, Goodbye Future, deuxième album du groupe, est décevant. Outre la pochette complètement insensée, la musique passe du krautrock/folk à un croisement avec le jazz, lorgnant plus vers un krautrock improvisé. Pourquoi pas, encore faut-il que les compositions soient accrocheuses. C'est pas le cas, et dès le début. "Jazzi Jazzi", qui dénote cependant avec les autres morceaux, vrille les oreilles avec ses bruits de fête foraine et s'ancre dans les oreilles pour de mauvaises raisons. Un autre moment très chiant se trouve en "Wienersatz", un truchement de 2 minutes où, en plus des musiciens, un certain Maestro Conrado di Planca fait le con. Or, il se trouve que ce Maestro n'est personne d'autre que... Conny Plank (bravo, c'était très dur) ! C'est d'ailleurs la légende du krautrock et de la new-wave qui produit Goodbye Future. Mince alors, parce que sans offense, mais cela ne s'entend pas tant la production est datée et élève peu les compositions.

Ces dernières ne constituent pas pour ainsi dire un chef-d'oeuvre. Elles ne sont pas très belles, et surtout manquent tout bonnement de vie. Le meilleur exemple reste à mon sens "Der Geier Fliegt Vorbei", un morceau qui est visiblement long pour être long, et non pour mettre en exergue une musique par ailleurs pas trop mal jouée par les musiciens. Et en tant que plus long morceau, "Naturgemaß" pourrait avoir un moment ou deux intéressants... à peine : on l'écoute, on remarque ça et là des qualités, voire des directions qu'on aimerait voir explorées, mais globalement, on se fait surtout chier, avec l'impression d'écouter du mauvais krautjazz.

Heureusement que de l'autre côté de la balance, l'efficace "Allerheiligen" est proposé. C'est ça que TOMORROW'S GIFT aurait dû sortir en majeure partie sur Goodbye Future : des mouvements progressifs, un peu violents, mais agréablement construits et pertinents. Mais non, il a fallu que le trio sorte un kraut imbuvable. Quel dommage.

Le jour et la nuit : voilà comment résumer la courte discographie de TOMORROW'S GIFT. Cela n'aurait été en aucun cas un problème si les deux albums étaient réussis, chacun de leur manière, et aurait contribué à faire plaisir aux archéologues du rock de découvrir un groupe polyvalent. Tant pis, au moins TOMORROW'S GIFT aura sorti un album qui mérite tout l'attention possible.