On dirait qu’un truc s’est passé au niveau de la musique mainstream ces derniers temps et ce truc c’est la dance house. Oui, vous avez bien lu ! Même BEYONCE n’y a pas échappé en 2022 sur son dernier CD Renaissance (Act 1), qui devrait être suivi de deux autres actes qui complèteront le projet de l’artiste. Je ne sais pas si c’est pour tout le monde, ni d’où ça sort… mais heureusement pour Bey, avec elle, tout fonctionne.

La performeuse arrive à mélanger son rnb si identifiable à des sons sur lesquels on n'a pas l’habitude de la retrouver, et comme sur ses deux derniers disque, tout reste hyper cohérent, voire innovant si on ose aller jusque-là. L’excitation débarque directement sur le titre "I’m That Girl" pour bien nous mettre dans l’ambiance puis de changer complètement de tempo pour nous emmener dans un univers beaucoup plus house et un peu expérimental sur "Cozy" et un message d’acceptation de soi cher à la chanteuse. Personne ne l’oublie, mais Queen B nous rappelle qui elle est dans la chanson "Alien Superstar" (I’m one of one, I’m number one, I’m the only one/Don’t even waste your time trying to compete with me, don’t do it), super cool à l’inspiration vogue drag 80’s et qui deviendra rapidement un hymne LGBTQ+ sur TikTok.

BEYONCE reste comme on la connait, flawless et légendaire, sur le tube "Cuff It" suivi du super énergique "Energy" complètement fou, puis le hit dance - oui encore un, c’est de Queen B dont on parle là - "Break My Soul" avant de la retrouver sur une piste plus rnb "Church Girl". Pas de doute, la chanteuse sait passer d’un style à l’autre en toute légèreté. C’est reparti pour le groove sexy de "Plastic Off The Sofa", on est sur une vibe où on reconnait bien BEYONCE. Pareil pour le fantastique "Virgo’s Groove" et ses aigus maîtrisés, encore un son qui a explosé sur TikTok… Oui, l’ancienne DESTINY’S CHILD réussit partout. Elle fait encore fort sur "Move", une chanson aux inspirations funk et africaines en se payant le luxe d’un featuring avec la seule et unique Grace JONES et la chanteuse nigérienne TEMS.

Quelques chansons comme "Heated" ou "Thicke" (chanson dédiée à son propre boule) n’arrivent pas à me plaire complètement, même si - aucune hésitation - c’est du 100% BEYONCE et ça s’accorde bien avec le reste de l’album. On repart de plus belle grâce au chef d’oeuvre "All Up In Your Mind" et son gros beat extra-terrestre, ou encore "Pure/Honey" qui aurait tout à fait sa place dans le Drag Race de RuPaul. "America Has A Problem", une de mes pistes préférées du CD, est un parfait tube 80’s trap, tout aussi génial en remix agrémenté du flow implacable du rappeur Kendrick LAMAR. On boucle l’opus sur "Summer Renaissance", un mix réussi de tout ce qu’on vient d’expérimenter dans cet album un peu (beaucoup ?) alien. Le titre est bubbly et la chanteuse reprend "I Feel Love" de Donna SUMMER, divin pour finir ce délire dance-house sur une note un peu disco.

Bon alors au final ça donne quoi ? Et bien, BEYONCE s’aventure dans un genre qui aurait pu partir en couilles dans son exécution, mais c’est sexy, groovy et solide malgré les structures compliquées et peu habituelles des beats. Les arrangements sont riches et la qualité transpire le fric, of course. En fin de compte c’est plutôt bien venu de retrouver l’artiste sur quelque chose d’expérimental et plus challenging que d’habitude. Et même si la Beyhive suivrait sa Queen Bey n’importe où (par exemple sur une des dates de sa tournée mondiale), on peut dire que la chanteuse aux 32 Grammy a réussi son coup après Beyoncé et Lemonade… et nous laisse sur le cul.