Recherche avancée       Liste groupes



      
BLUES-ROCK  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

 Site Officiel (611)

Walter TROUT - Life In The Jungle (1990)
Par COWBOY BEBOP le 31 Mars 2015          Consultée 1747 fois

Si certains grands noms du blues ont acquis au fil des ans une renommée immense, même parmi les incultes du genre, la plupart d'entre eux restent méconnus et ce malgré leur talent indéniable. Walter TROUT, géant de la guitare blues, est de ceux-ci. Après avoir joué avec JOHN LEE HOOKER et effectué un passage par CANNED HEAT, il rejoint les fameux BLUESBREAKERS lorsque ceux-ci se reforment  en 1984, et un soir qu'il remplace un John Mayall souffrant, il se fait remarquer sur scène par un producteur Danois, lançant ainsi sa carrière solo. Son premier opus, Life In The Jungle, sort en 1990, et, comme dirait l'autre, pour un coup d'essai c'est un coup de maître.

"Good Enough To Eat" n'est peut-être pas l'ouverture la plus marquante qui soit, mais donne le ton pour le reste de l'album avec son rythme soutenu, ses guitares rugueuses et la gratte de Walter qui vient ponctuer les lignes de chants et nous offre un solo énergique et inspiré. En prime on a droit à un solo d'harmonica, ça fait toujours plaisir. Vient ensuite "The Mountain Song", une ballade qui pourrait ressembler à tant d'autres, avec son piano et ses paroles sur l'amour perdu (bien que celles-ci prennent un tour plutôt poétique, voire presque mystique, en comparant l'amour à une montagne, pourquoi pas...). Au niveau vocal, si TROUT est à l'aise dans les blues-rock endiablés comme celui qui précède, sa voix puissante n'est pas vraiment dans son élément ; malgré tout il ne s'en sort pas trop mal. Mais ce qui transcende cette chanson et l'élève à des sommets (sans mauvais jeu de mots), c'est sa guitare, qui compense largement les carences de sa voix par son expressivité : chaque phrasé est magnifique, c'est fluide, lumineux, c'est beau tout simplement. La chanson dure juste ce qu'il faut, on en redemanderait tant elle semble courte.

On continue avec le titre éponyme, ayant pour thème les dangers de la ville, avec en renfort ce bon vieil orgue Hammond. Le chant amène juste ce qu'il faut d’agressivité et la guitare de Walter se fait aussi tranchante que le couteau du junkie qui vous attend au coin de la rue ; bref c'est jouissif, du bon blues-rock comme on l'aime ! "She's Out There Somewhere" (de notre pote Buddy GUY) fait dans le boogie, une bonne place est laissée à l'harmonica, c'est efficace mais ce n'est pas celle qui marque le plus. "In My Mind" est un autre blues shuffle, au tempo plus posé, pas très marquant non plus. Ce n'est pas une mauvaise chanson cela dit, Walter se donne à fond comme sur le tout le reste de l'album et sa guitare est toujours là pour nous chatouiller agréablement les tympans. Mais je lui préfère "Frederica", la deuxième ballade du disque, pour son petit riff très accrocheur à base de slides et d'arpèges qui introduit un peu de changement dans l'album, et pour son très joli solo.

Toutefois c'est sur scène que Trout brille le plus et dévoile toute l'étendue de sa technique ; il lâche alors complètement la bride à sa guitare qui devient presque une entité autonome dotée d'une énergie inépuisable. La grande force de cet album est d'inclure trois morceaux tirés de lives sans que le résultat final soit disparate et créé une cassure pendant l'écoute. Le premier, une reprise de "Red House"(signée de la main de notre cher HENDRIX), débarque au milieu du disque, annoncé par l'intermède "Spacefish". TROUT s'approprie complètement la chanson et va se faire plaisir à la développer sur près de dix minutes sans pour autant lasser son auditoire, car son jeu, complexe et subtil à la fois, n'a rien à envier au grand maître lui-même. Les deux autres servent à clore l'album. "Cold Cold Feeling", mon préféré des trois, est emprunté au grand ALBERT COLLINS, un génie du blues trop souvent oublié à mon goût. Le tempo plus posé permet à TROUT de déployer davantage de subtilité dans ses soli, en finissant par un superbe passage de délicat tapping avant de replonger dans le tourbillon électrique de "Serve Me Right To Suffer", version entièrement remaniée d'un blues de jeunesse de JOHN LEE HOOKER, duquel il tirera lui-même "It Serves You Right To Suffer" pour son album du même nom. Le riff est puissant, les soli rapides et pourtant on reconnaît la patte de HOOKER, cette atmosphère si particulière, ce qui n'est pas étonnant vu que Walter a travaillé avec le maître au tout début de sa carrière : une sorte de retour au sources, en quelque sorte, mais exprimé dans son propre style de blues, énergique et flamboyant. Bref, la conclusion parfaite pour ce disque.

Si Walter TROUT était né vingt ans plus tôt, qui sait s'il n'aurait pas pu, dans un climat plus favorable au blues, devenir une star mondiale au même titre que Gary MOORE ou Stevie Ray VAUGHAN ? Mais les modes passent et seuls les plus grands restent, c'est la dure loi de la jungle musicale... Il faut dire que, plus à l'aise devant un public qu'entre quatre murs, TROUT aura du mal à transmettre toute son énergie dans ses albums studio, ce qui explique son relatif anonymat. Cet oubli mérite d'être réparé, et tout amateur de blues-rock, ou même de blues en général, trouvera son bonheur dans cette galette débordante de passion pour ce genre magnifique. Un classique trop longtemps ignoré.

A lire aussi en BLUES-ROCK :


ROBERT JON & THE WRECK
Last Light On The Highway (2020)
Le groupe atteint un sommet.




The BAND
Live At The Academy Of Music 1971 (2013)
Superbe coffret live pour des concerts de légende


Marquez et partagez





 
   COWBOY BEBOP

 
  N/A



- Walter Trout (guitare, harmonica, chant)
- Jim Trapp (basse)
- Dan Abrams (claviers)
- Leroy Larson (batterie)


1. Good Enough To Eat
2. The Mountain Song
3. Life In The Jungle
4. Spacefish
5. Red House
6. She's Out There Somewhere
7. Frederica
8. In My Mind
9. Cold Cold Feeling
10. Serve Me Right To Suffer



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod