Le superbe Life In The Jungle et le médiocre Prisoner Of A Dream désormais derrière lui, Walter TROUT, toujours suivi de ses fidèles compagnons, continue son petit bonhomme de chemin - pour parler figurativement, car le bonhomme en question n'est pas particulièrement petit. Walter a gagné en assurance, et cette fois nous propose uniquement des compositions de son cru. Le son semble avoir recouvré en partie sa rugosité des débuts, du moins en ce qui concerne les blues-rock au tempo rapide qui constituent la spécialité du guitariste, car les ballades, heureusement moins nombreuses que sur l'opus précédent, restent toujours aussi fades.

L'album débute d'ailleurs sur l'une d'entre elles, "Motivation Of Love", certainement pas désagréable, Trout usant de sa guitare de la meilleure des manières, et appelant même son harmonica en renfort. On est toutefois bien loin de l'état de grâce atteint par les ballades du premier opus, et ce ne sont pas les mièvres "Endless Variety" ou "Running In Place", avec leur chœurs féminins mielleux à souhait, qui changeront la donne.

Cependant le reste de l'album tricote un blues-rock honnête et sans artifices, mais sans beaucoup d'inspiration non plus. Les chansons se ressemblent un peu toutes les unes aux autres, on sent que TROUT et ses musiciens se donnent à fond, si vous me pardonnez l'expression, mais sans pouvoir nous communiquer toute leur énergie. Du lot, seuls se détachent "Deeper Shade Of Blue" grâce à ses soli de guitare et d'harmonica qui se répondent ou qui se disputent, ainsi que le très bon "Playing With Gloves On" et la ritournelle prenante de ses couplets.

Survient alors, à la toute fin de l'album, un petit coup de génie, j'ai nommé "Fast Moving Traffic". Ça démarre par des bruits de bagnoles, puis une guitare qui imite le sons des véhicules passant à toute vitesse, c'est tout bête mais vraiment cool, d'ailleurs cela m'étonne de n'avoir jamais entendu cela avant, il y avait bien le bruit des bombes qui s'abattent ou celui des ailes de l'oiseau du danger lorsqu'il prend son envol, mais pas celui des voitures qui passent. Enfin ça a sûrement du être fait auparavant, mais je n'en ai pas connaissance, que voulez-vous, on ne peut pas tout savoir ! En tout cas, entre la rythmique saccadée et le refrain scandé par des chœurs (masculins, dieu merci) légèrement surfaits, ce qui ne les rends que meilleurs, cette chanson n'est pas près de me sortir de la tête. En plus, voilà que le bluesman nous trousse deux petits soli que l'on peut d'emblée placer parmi ses meilleurs ; décidément cet album aurait du s'appeler "Fast Moving Traffic" et Walter TROUT aurait du naître vingt ans plus tôt.

Le monde est mal fait !