Une fameuse ballade à propos d'un cheval anonyme ayant propulsé AMERICA au sommet des charts américains, nos trois compères en profitent pour déménager en Californie. Ah ! la Californie, état légendaire parmi tous ceux que les USA ont a offrir, avec son soleil éclatant, ses déserts et ses autoroutes se déroulant vers l'infini de l'horizon...

En parlant d'autoroute, voici venir un des titres les plus connus du trio, "Ventura Highway", inspirée à Bunnell par ses souvenirs d'enfance, lorsqu'il descendait avec sa famille le long de la côte californienne sur la Pacific Cost Highway menant à la ville de Ventura. Le riff aux legatos sautillants, à la fois joyeux et mélancolique, convient parfaitement à cette chanson pleine de promesses futures et de souvenirs nostalgiques, une petite perle folk parfaitement représentative du style du groupe, avec ses harmonies vocales et ses paroles parfois légèrement... cryptiques. Si les "alligators dans le ciel" sont en réalité des nuages à la forme suggestive, Bunnell lui-même admet n'avoir aucune idée de ce que la "pluie violette" représente...

Si seulement le reste de la galette était du même calibre, on aurait eu là un autre petit chef-d’œuvre. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Dans l'ensemble, les chansons sont moins mémorables que celles du premier opus, et AMERICA semble avoir penché davantage du côté du soft-rock un peu niais au détriment du folk harmonique fortement inspiré par CROSBY STILLS NASH & YOUNG qui avait fait leur succès. Ainsi, à mon grand désarroi, les chansons d'amour et le piano gagnent du terrain. Cela peut donner des titres passables, comme "Only In Your Heart" (si seulement le refrain n'était pas aussi mièvre) ou "Till The Sun Comes Up Again" (si seulement les couplets n'étaient pas aussi mièvres), mais cela donne aussi le soporifique "To Each Is Own" et l'insupportable "Head And Heart".

On retrouve un peu de la magie du premier album sur la bien trop courte "Don't Cross The River" et dans le passage instrumental de "Moon Song". "Don't Cross The River" aurait vraiment méritée d'être allongée, la chanson n'explore pas toutes ses variations et laisse un goût d'inachevé. Dommage car c'est la seule, avec "Ventura Highway", à rappeLer de quoi le trio est capable lorsqu'il fait du vrai folk et pas de la soupe.

On aurait pu penser que la relocalisation du groupe sur sa terre, sinon natale, du moins spirituelle, aurait un effet positif sur leur musique, comme un retour aux sources, aux influences dépouillées de cette couche de vernis dont ils recouvrent presque tous leur titres, mais c'est le contraire qui s'est produit. Ce qui n'empêchera pas Homecoming de très bien se placer dans les charts américains et de se vendre comme des petits pains. Mais c'est pour moi le début du déclin artistique du groupe, qui s'éloignera de plus en plus de la folk mélodique de ses débuts pour s'enfoncer progressivement dans un soft-rock fade et sirupeux. Alors savourez les quelques titres de cette galette qui ont encore du goût, car la suite ne promet rien de bon.