AMON DÜÜL est mort, vive AMON DÜÜl II ! En 1969, les musiciens du collectif artistique qui fondent leur propre groupe commencent une riche et étonnante carrière qui livrera au rock quatre pépites kraut, dont trois consécutives (ce n'est pas rien). Enfin, nous ne sommes plus obligé de nous farcir du krautrock lo-fi bâclé et inécoutable !
Mais, c'est quoi ça ? Un inédit d'AMON DÜÜl II ? Non, il manque le 'II'. Serait-ce alors une compilation d'inédits du premier groupe ? Pourquoi pas, ne serait-ce qu'à titre historique. En réalité, c'est bien un album studio : AMON DÜÜL n'est pas mort.

Sorti en 1970, Paradieswärts Düül est tout de même un successeur au moins satisfaisant, surtout pour qui connaissait déjà le groupe. En effet, tout comme son illustre successeur, AMON DÜÜL est devenu un vrai groupe de musique, comprenez par là qu'il ne comporte désormais plus que des musiciens. Un gros changement est également notable dans la production qui mérite enfin un coup de projecteur non péjoratif. Enfin, on ne va plus devoir se battre ni prévoir un rendez-vous avec l'ORL pour évaluer les pistes du DÜÜl !

À ce propos, que nous réserve Paradieswärts Düül ? Du psyché de hippie. Tout simplement. Alors même qu'AMON DÜÜL avait jeté les bases du krautrock, le voici qui revient au rock psychédélique, celui-là même qui a donné naissance au fameux Summer of Love. Et ce n'est pas une plaisanterie : rien que le titre du premier morceau, "Love is Peace", en dit long sur la musique. Paradieswärts Düül est clairement le genre d'album fait par des babas cool autour d'un feu de camp et une guitare, pour des babas cool autour d'un feu de camp et une guitare. D'ailleurs, l'écoute révèle d'emblée une ressemblance avec un groupe contemporain, autrement plus doué dans le domaine. Hé oui, je parle bien de SWEET SMOKE dont l'album culte Just a Poke était sorti un an plus tôt. AMON DÜÜL se rapproche de la formation des exilés états-uniens. Cette fois cependant, les élèves ont dépassé le vieux maître teuton (sans pour autant égaler le DÜÜl 2, faut pas exagérer), et Paradieswärts Düül passe pour le suiveur bon sans plus. L'ex-pionnier se fait également planant, tout en paressant langoureusement et jouant sur un psychédélisme un peu sec par moments (notamment sur "Paramechanische Welt"). Cependant, l'album en reste appréciable, notamment la première moitié de "Love is Peace" dont on pourra se surprendre à chantonner les paroles.

En définitive, Paradieswärts Düül, album franchement anecdotique et pas original, n'entre pas dans la catégorie des perles oubliées, encore moins des incontournables. Une écoute contemporaine le rend également encore plus facultatif, surtout "Sweet Smoke". Toutefois, nullement désagréable, il peut s'apprécier au calme en fond sonore. Cette fois, c'est sûr : AMON DÜÜL est bel et bien terminé. Tout ce qui suivra ne sera plus que compiles et archives. Drôle de parcours tout de même que celui de commencer par un album fondateur et exécrable pour terminer sur un disque anecdotique mais cool !