On attendait depuis quelques années le retour de YOUSSOUPHA, l'un des grands noms du rap français, qui a su commercialiser ses albums tout en faisant passer des messages ("Menace de Mort", "L'enfer c'est les autres"...) et qui a conquis un public français bien large.
Le rappeur, au delà d'être impressionnant par sa technique et ses textes excellents, se montre comme étant un expert marketing avec son nouvel album. En effet, Négritude, raccourci en NGRTD, est présenté aux Français d'une façon plutôt innovante. Tout d'abord, une application smartphone qui porte le nom du rappeur pour être proche de ses fans, leur faire bénéficier des dernières nouveautés. Le rappeur est allé au contact des fans, a permis une écoute quelques jours avant sa sortie dans une salle d'exposition parisienne. Tous ces petits concepts font la force du rappeur qui gère son public et sa notoriété de façon innovante.

En 2012, YOUSSOUPHA nous avait proposé un excellent Noir Désir qui s'était imposé comme étant son meilleur album à ce jour, innovant avec certaines instrus dubstep. Aujourd'hui il nous revient tout frais avec ce Négritude qui promet de bonnes choses.
La première approche de l'album s'est faite avec la chanson "Entourage". Pas étonnant qu'il soit utilisé comme single, ce morceau est très bon mais ne prend aucun risque, et est clairement dans la veine du précédent album. Il n'en reste pas moins excellent et ce titre nous rassure sur le flow de YOUSSOUPHA qui n'a pas rouillé, et sur ses textes qui sont toujours aussi bon, faisant ici un clin d'oeil à cette nouvelle génération de partage.

En clin d'oeil à son précédent album, YOUSSOUPHA nomme la première chanson de NGRTD "Où est l'amour". Production dans la même veine, mid tempo avec les applaudissements en fond, le texte est principalement basé sur les progrès du rappeur par rapport à ses débuts. Arrive "Salaam" avec son instru complètement décalée, folle et pleine d'ambiance en même temps. Étrangement, on remarque une certaine redondance dans les paroles du rappeur, curieux quand on connait les capacités du bonhomme.
YOUSSOUPHA monte le niveau d'un cran avec "Points communs", excellent morceau avec un refrain entêtant et une instru qui booste les capacités du rappeur. Et, après avoir dédicacé un morceau à son père sur son précédent album ("Les disques de mon père"), le rappeur écrit "Maman m'a dit", qui vante le fait d'être fort et d'avoir des ambitions. Nous arrivons donc à "Memento", à mon humble avis la pépite de l'album. En hommage au film de C. Nolan, ce morceau est une pure réussite en termes d'instru, de flow, et il se voit même gratifié des CASSEURS FLOWTERS qui viennent poser leur couplet pour notre plus grand bonheur. Nous avons aussi le droit à un featuring de qualité avec la chanteuse/rappeuse AYO sur "Love Musik".

Les morceaux "A cause de moi" et "Chanson française" font eux aussi partie des grands titres de l'album, composés à la perfection d'un point de vue instrumental et lyrique. "Le score" est un titre un peu moins intéressant, assez banal en somme. Cependant "Niquer ma vie" est un morceau plein de vérités, assez touchant sur les relations familiales et amicales.
L'album perd un peu de son efficacité avec "Mannschaft" qui est une déconne de la part du rappeur et "Black out" qui se fond dans la masse. Heureusement le rappeur nous balance au bon moment un "Smile" qui fait quelque peu penser au "Dreamin" du précédent album, morceau très joli qui s'écoute tout seul et est positif. "Négritude" et "Mourir Mille fois" terminent cet album d'un façon un peu mitigée puisque le premier morceau est excité et le deuxième nous apaise pour achever cet album de la meilleure façon qu'il soit.

Les titres à retenir de cet album sont : "Memento", qui pour son génie grandiose se classe directement parmi les meilleurs morceaux du rappeur; "Chanson Française" très exact ou encore "Mourir Mille Fois".
YOUSSOUPHA a malheureusement perdu l'engagement qu'il avait sur Noir Desir. Mais la réussite de cet album n'est pas mise en jeu pour autant. Notre rappeur est toujours bien présent bien n'a pas perdu de sa superbe.