La campagne de financement participatif de l’album Vidéo Games Live Level 3 fut un réel succès.
L’engouement suscité ne pouvait qu’inciter Tommy Tallarico et sa troupe à renchérir l’année suivante. Une nouvelle campagne pour un quatrième album fut donc lancée dès fin 2014. L’équipe aura vu juste en diminuant le budget cible, car si cette campagne l’a bien atteinte, cette fois-ci ce fut de justesse. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que rien n’ait encore été annoncé pour un possible Video Games Live Level 5… Mais outre une échéance trop rapide, c’est peut-être une qualité moindre qui n’incitera pas les « subscribers » à passer une troisième fois à la caisse.

Pourtant le programme est on ne peut plus classique. Ce nouvel album studio ne change pas plus de patronyme que son prédécesseur, avec son « live » trompeur. Car il s’agit bien d’un album studio, proposant une sélection de musiques adaptées de jeux-vidéo, mélange de classiques et nouveautés. Côté classiques, on retrouve les indétrônables univers de Warcraft et Final Fantasy. Mention moins côté FF pour le remix Electro/ambiant de l’ "Aria di mezzo carattere", tirée du 6ème opus, peu inspiré et bien trop en décalage avec l’originale. La série des Zelda fait également une 3ème apparition avec la célèbre berceuse, dans une version chantée avec tendresse. La transition offerte avec l’épique thème principal de l’épisode Skyward Sword pourrait surprendre tellement les deux semblent ne rien avoir en commun. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, celui-ci reprend l’air de ladite berceuse, à l’envers (1). C’est donc en toute logique que Video Games live enchaîne ici les deux. On pourra regretter que le traitement en chanson fait perdre son côté épique à la seconde partie, mais d’un point de vue purement musical, la continuité ainsi assurée est d’une logique imparable.

Côté nouveautés, l’arrivée de Cave Story (2), après Journey sur le précédent, dénote de l’avancée remarquable de la scène indépendante sur le marché du jeu vidéo ces dernières années. Malheureusement si le jeu brille sur bien des points, ses musiques sont passées inaperçues (sans toutefois être désagréables). Rien ne reste donc plus en tête ici que lorsque l’on a joué au jeu. Enfin, plus amusant, le sieur Tallarico s’était bien démarqué dans le domaine au milieu des années 90 en composant les musiques d’Earthworm Jim. Ce jeu de plateforme humoristique nous est revisité ici dans un medley hélas un peu confus, mais nous y reviendrons.

Ce qui étonnera plus sur ce quatrième album, c’est qu’il joue moins la carte « rétro » qui jusque-là était une certaine marque de fabrique. En effet, on trouvera ici du League Of Legends, du Assassin’s Creed IV Black Flag, du Bioshock, du Resident Evil 5 ou du Uncharted 2, 5 jeux qui ne sentent pas encore tout à fait la naphtaline. La chose est d’autant plus étonnante pour Resident Evil qui est une série d’un âge vénérable, et qui avait sans doute mieux à proposer côté musical. "Wind Of Madness" est ce thème typiquement hollywoodien dans l’esprit, avec surenchère d’effets orchestraux, sitôt entendus sitôt oubliés. Reconnaissons que les thèmes des épisodes plus anciens étaient régulièrement très courts, remercions donc Tallarico de ne pas nous avoir affublés d’un medley de plus.

Justement, les medleys, parlons-en. Ce défaut pourtant bien présent sur les moutures précédentes (Sonic, Megaman…) dégouline ici par tous les orifices. Impossible de vraiment profiter de tel ou tel thème de Donkey Kong Country ou d’Earthworm Jim, tellement ceux-ci sont zappés sans soins particuliers apporté aux transitions. Il y avait bien un thème à retenir côté Cave Story mais celui-ci est noyé dans la soupe. On s’en sort mieux côté Zelda donc, comme précisé plus tôt, pas sûr côté Bioshock.

Reste les reprises d’Uncharted 2 et de Metal Gear Solid 3, toutes deux très hollywoodiennes dans des genres très différents. La première, une véritable réussite, tient plus d’Howard SHORE et autres Hans ZIMMER alors que le second est un hommage/une copie des introductions sensuelles à la James Bond. On ne trouvera rien à critiquer ici, et pour cause, on ne décèle aucune différence avec les originaux.

L’album s’écoute donc, en fond sonore, sans jamais réellement nous bousculer. Lorsqu’elles ne sont pas ratées, les reprises ne font pas preuve de personnalité. Le tout se confond trop souvent dans des medleys laborieux. S’il y a toujours de quoi sustenter le mélomane vidéo-ludique, nous sommes ici très loin des coups de génie du précédent album. Un sérieux revers donc. Espérons que Tommy Tallarico et son équipe sauront retrouver leurs esprits sur le cinquième album, que l’on n’attend pas avec impatience. Il semblerait en effet que les longues pauses soient salutaires.

(1) Cave Story est un des premiers jeux indépendant à s’être réellement fait connaître, toujours disponible gratuitement sur PC à cette adresse, bien qu’il ait été porté sur différents supports depuis (La version 3DS est à honnir)
http://www.cavestory.org/download/cave-story.php
(2) Pour ceux qui auraient un doute:
https://www.youtube.com/watch?v=IJrYU9n9gl8