Mes chers amis, nous arrivons à la fin de notre voyage en terres québécoises… Toutes les bonnes choses ont une fin. Une des forces de n’importe quel artiste, c’est de savoir partir quand c’est chaud. C’est un Serge Fiori épuisé, malade, ne supportant pas le succès international qui commençait à pointer son nez, qui décide de renvoyer Harmonium au port en 1978, après seulement 3 sorties en mer. C’est avec la plus grande des tristesses que je m’en vais vous conter leur ultime expédition musicale.

Cet opus raconte une histoire, où la musique, les arrangements et bien sûr les paroles servent de narration. Serge Fiori (le leader du groupe) chante, le quotidien d’un homme et sa quête de spiritualité, qui est divisée en sept niveaux de conscience (du premier niveau relevant de la conscience instinctive, jusqu'au septième niveau qui aboutit à une connaissance cosmique).

Revenons à nos moutons québécois et parlons de musique. Effectivement, il faut savoir que comme tout grand album, l’Heptade a son homme de l’ombre, son Alan PARSONS, c’est Neil Chotem, chef d’orchestre du symphonique de Montréal. Il a écrit tous les arrangements et il joue du piano sur plusieurs titres. Neil Chotem va apporter à cet album une richesse et une élégance propre à la musique classique. D’aIlleUrs dans cet opus, guitares, pianos, flutes, saxophones, clarinettes, violoncelles… coexistent admirablement.

Passé le prologue (où on sent déjà la qualité de Chotem) notre odyssée va suivre différentes étapes. Cela commence par « Comme un fou » qui introduit le premier niveau de conscience avec le talent de Serge Fiori à la guitare et au chant avec une voix de tête étonnamment ronde. S’enchaînent ensuite de splendides compositions, « Chanson Noire » en est le parfait exemple. Les mélodies, les rythmes, les instruments,  tout est en parfaite harmonie. Les péripéties symboliques se poursuivent avec la pièce maîtresse de l’oeuvre, « L’exil ». Celle-ci marque le début de la prise de conscience spirituelle de l’homme que nous suivons.  Cette musique n’a pas à rougir face à un « Shine On Your Crazy Diamond » des PINK FLOYD tellement l’ambiance planante y est magistralement maitrisée.

Enfin ce voyage mystique, après de nombreuses saveurs et sonorités, se termine par « Comme un sage » qui marque la réconciliation du protagoniste avec lui-même et sa psyché. Je ne vous en dis pas plus, pour ne pas vous gâcher la surprise. Laissez l’Heptade agir en vous. Cette oeuvre majeure du rock progressif québécois, et même du rock progressif en général, nous livre une puissance qui paradoxalement flirte sans cesse avec l’intimité, la sensibilité et l’appel à la rêverie.

PS : J’ai une bonne nouvelle tout le monde ! Avant la mise au quai définitive du groupe, Serge Fiori en duo avec Richard Séguin et avec quelqu’uns des membres d’Harmonium, compose un dernier album d’une qualité remarquable. Le voyage n’est donc pas tout à fait fini…