Recherche avancée       Liste groupes



      
BLUES ROCK GARAGE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Style : The Yardbirds , Them, The J. Geils Band , The J. Geils Band , The Shadows Of Knight , The Crawdaddys , The Animals
- Membre : The Rolling Stones
- Style + Membre : Pretty Things/yardbird Blues Band

The PRETTY THINGS - Get The Picture ? (1965)
Par LONG JOHN SILVER le 20 Mars 2016          Consultée 2559 fois

Les 6O’s sont un véritable casse-tête pour celui ou celle qui tente de coller les morceaux bout à bout. Le marché du single est extrêmement vivace, celui du L.P intéresse principalement les USA mais la notion d’album est encore floue, la plupart des 33-tours sont en réalité des compilations de singles couplées à des recueils d’inédits sans véritable ligne directrice. D’autant que leurs pochettes et contenus varient selon les pays.
Dès le début de la décennie, les Anglais prennent le pouvoir en reprenant mais aussi en recyclant des titres américains de rock’n’roll, de rythm’n’blues et de blues. Cela est particulièrement vrai des principaux acteurs du British Boom Blues qui ne se privent pas pour se servir (d’aucuns diraient pour piller) dans le répertoire des Bo DIDDLEY, John Lee HOOKER, Chuck BERRY, Eddie COCHRAN.
Cependant, les choses évoluent très vite. A Londres, la situation à la fin de 1965 n’est plus celle du début de l’année. La soul se met à prendre le pas sur le blues, les accents psyché commencent à poindre par les pores de Rubber Soul (1). Or, les PRETTY THINGS forment un groupe hirsute où l’agressivité l’emporte sur toute autre considération. Constamment en proie à la police qui les a dans le nez, les gars font souvent l’objet d’articles de presse situés dans la rubrique des faits divers.

Les 'Jolies Choses' sont en réalité un gang de rock garage dont les disques sont réalisés dans l’urgence, sans chercher à arrondir quoi que ce soit. Get The Picture?, deuxième L.P du combo, enregistré en seulement quelques jours, marque cependant une évolution stylistique depuis le disque éponyme paru au début de 1965. On dénombre bien entendu une majorité de reprises dans son programme, cependant voilà que nos gaillards se retrouvent confrontés à l’exercice de la composition sur cinq chansons (2). Pas par goût personnel mais parce que les propositions de reprises ou d’adaptations d’auteurs extérieurs qu'ils reçoivent ne les satisfont pas. Ainsi, les voilà qui refusent de s’accaparer des chansons que les STONES ont écrites mais abandonnées !
Soyons clair, le songwriting n’est pas la qualité première des PRETTY THINGS. Ceux-ci savent très bien dynamiter Bo DIDDLEY (leur principale influence à l’époque), soit en le reprenant directement, soit en le 'plagiant'. Une autre de leurs qualités reste leur morgue de blue collars (3), celle qu’on retrouve bien plus tard chez OASIS. De plus, ils possèdent un univers très British qu’il partagent plus avec les KINKS qu’avec les SONES, ce qui s’avère être à double tranchant, leur management oubliant de les faire tourner outre-Atlantique tant qu’il était encore temps de le faire. Parce que, comme nous allons le voir, Nos 'Jolies Choses' ne vont pas tarder à aggraver leur cas eux-mêmes aux yeux de l’administration américaine. Ne serait-ce que parce que le batteur Viv Prince est un type ingérable qui collectionne les emmerdements au point d'être d’abord empêché de débuter les séances de Get The Picture ? du fait de sa présence en cellule de dégrisement le jour même où le groupe entre en studio.

D’ailleurs, trois batteurs participent à la réalisation du disque, Viv Prince (tout de même), Bobby Graham (ici co-producteur avec Glyn Johns) ainsi que John Charles Edward Adler alias Twink (qui effectuera encore des piges pour les PRETTY THINGS courant 60’s). Autre présence remarquable en studio, celle de Jimmy Page qui vient de refuser les YARDBIRDS. À cette époque, Jimmy est un requin de studio intervenu sur le premier L.P des KINKS et dont on se demande encore s'il n’a pas enregistré le solo de guitare de "You Really Got Me". On se pose la même question concernant celui de "You Don’t Believe Me", chanson qu’il a cosignée avec Phil May, Willie Morrell ainsi que le batteur/producteur Bobby Graham (4). Cette entrée en matière secoue certes moins que "Road Runner" du premier album, pourtant elle n’en est pas moins menaçante, la fameuse morgue portée par la rébellion rock garage imprimant ce titre pop cradingue aux guitares quasiment désaccordées.
La suite ne va pas se départir de cette sauvage assurance, Phil May est toujours aussi teigneux derrière son micro alors que derrière lui soufflent (régulièrement) les amplis aux membranes transpercées comme depuis que Dave Davies (5) a inauguré cette altération du son.
Si les ballades rythm’n’blues font leur apparition dans cet opus, elles conservent la sauvagerie inhérente à l’image du groupe, "Rainin’ In My Heart" et "Cry To Me" ne sont en rien des instants langoureux, elles reniflent surtout les bad guys qui ne prennent pas de douches afin d’asseoir leur masculinité et leur pouvoir (6). Cependant l’essentiel du disque conserve la lignée ouvertement agressive déployée lors du précédent effort, tout en privilégiant les titres mid-tempo, les titres originaux placés en première face, les reprises sur la seconde. Les gars n’étant encore que des songwriters sans expérience, ils continuent de faire comme leurs collègues des YARDBIRDS, à savoir détourner d’anciens riffs de blues pour y coller leurs textes, comme sur "We’ll Play House", une resucée de "Baby Let’s Play House". Par ailleurs, c’est cette première moitié d’album qui est finalement la plus intéressante. On a vu que les gars s’étaient collés à l’écriture par la force des choses, or ils se montrent bien plus mordants, voire dangereux, avec "Buzz The Jerk", "Get The Picture ?" ou en nous embarquant sur une fausse piste dès l’intro de "Can’t Stand The Pain" qu’en adaptant "London Town", (chanson de Tom Hardin qu’on leur soumet) ou même en reprenant "Gonna Find Me A Substitute" de Ike Turner aussi parce qu’ainsi ils ne surprennent plus vraiment.

Alors, signalons que le disque a été réédité avec force bonus, où on retrouve la patte PRETTY THINGS en mode création et c’est tant mieux. Tous ces titres ont été enregistrés avec Skip Alan aux drums. Comme ils sont postérieurs à l’enregistrement de Get The Picture ?, on remarque aisément, la maturité aidant, qu'ils sont plus aboutis et qu’on a apporté plus de soin à leur production. "Get A Buzz", "Midnight To Six Man", "Come See Me" et principalement "£.S.D" sont de sacrées baffes, cette dernière (automatiquement censurée en Angleterre) contribuant davantage à la méfiance des Américains envers le groupe. D’ailleurs, les premiers albums des PRETTY THINGS ne seront pas disponibles avant 1999 sur le marché US !
Dernier point, la photo de couv’ présente les cinq membres du groupe allongés, l’un d’entre eux a les yeux clos, il s’agit du batteur Viv Prince dont on dit qu’il se serait endormi lors de la séance photo en raison d’un abus de substances illicites. Décidément, ces gars ne faisaient pas grand-chose pour polir leur image.

1) Déjà le 7e opus des BEATLES
2) Les titres parus sur les singles hors L.P étant dans cette période très majoritairement des compositions 'originales'
3) Cols Bleus désignant la classe ouvrière, alors qu’en réalité les musiciens des PRETTY THINGS sont issus de la petite bourgeoisie
4) Celui-ci jouant également la batterie sur le hit des KINKS
5) Toujours sur "You Really Got Me" des KINKS
6) le fait étant que pendant longtemps ne pas se laver (ou très peu) était un gage de puissance utilisé par les seigneurs de guerre, mais rien ne dit que les 'Jolies Choses' ne passaient jamais sous l’eau chaude, il s’agit là d’un ressenti lié à leur apparence volontairement hirsute et provocatrice au cours des 60’s

A lire aussi en BLUES-ROCK par LONG JOHN SILVER :


Jared James NICHOLS
Old Glory And The Wild Revival (2015)
Aux vieux pots la meilleure jam




The YARDBIRDS
I Wish You Would (1964)
Blues blanc sans Beck


Marquez et partagez





 
   LONG JOHN SILVER

 
  N/A



- Phil May (chant)
- Dick Taylor (guitare)
- Brian Pendleton (guitare)
- John Stax (basse)
- Viv Prince (batterie)
- +
- Bobby Graham (batterie)
- Twink (batterie)
- Jimmy Page (guitare ?)
- Skip Alan (batterie (les bonus))


1. You Don't Believe Me
2. Buzz The Jerk
3. Get The Picture ?
4. Can't Stand The Pain
5. Rainin' In My Heart
6. We'll Play House
7. You'll Never Do It, Baby
8. I Had A Dream
9. I Want Your Love
10. London Town
11. Cry To Me
12. Gonna Find Me A Substitute
13. Get A Buzz (bonus)
14. Sittin' All Alone (bonus)
15. Midnight-to-six Man (bonus)
16. Me Needing You (bonus)
17. Come See Me (bonus)
18. £.s.d (bonus)



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod