Retour de THE CORAL sous les feux de la rampe avec leur huitième album, "Distance Inbetween". Toujours un plaisir de retrouver le grain de voix bien reconnaissable de James Skelly ! Après 14 ans d'existence et des albums plus ou moins réussis... qu'en est-il du millésime 2016?

Une belle surprise!

Un bon point déjà : si le groupe est évidemment très reconnaissable, il ne cherche pas à s'auto-plagier, et colore cet album de nouvelles sonorités inattendues, sans pour autant être farfelues. S'attendait-on, par exemple, à les entendre sonner comme des stoners rock (on pense à BLACK MOUNTAIN) ? Sur "Million Eyes" ou "Chasing the Tale of a Dream", la guitare fuzz sur une rythmique martiale crée cette transe bien lourde, les claviers sont religieux, c'est top.

Les harmonies vocales du groupe, leur marque de fabrique, ont subi un lifting qui change aussi l'ambiance: un brin plus lisses, diffus, ils sont davantage en arrière plan, comme sur "White Bird" où on est plus proche des revival psyché de TEMPLES et leur récent (et excellent) "Sun Structures" que sur du typique CORAL. "She Runs The River" fait lointainement penser à CROSBY, STILLS and NASH, même! Une des plus réussies.

Avec "Fear Machine", ce sont les BLACK KEYS qui sont convoqués. Blues lourd et pâteux, guitare très électrique, là aussi un son assez inattendu - mais le morceau n'est pas marquant pour autant. "Connector", qui ouvre le bal avec ses intonations orientales, apporte également un renouveau dans la palette du groupe. "Distance in Between" ou "Beyond the Sun" prennent leur temps d'installer leur mélancolie, et s'avèrent très belles avec la durée. Quand on fait le décompte, ça fait tout de même une pelletée de morceaux qui font plus que tenir la route, et par les temps qui courent, ma bonne dame, c'est point de refus!

La plus "typique" des liverpuldiens est sans doute "Miss Fortune", qui est d'ailleurs celle qui est sortie en single (pas cons hein, ne pas trop dérouter les radios...). Immédiate avec son gimmick sur le refrain, elle fonctionne à merveille. Pas la plus originale mais elle fait le job. Et elle le fait bien.

Si les morceaux de "Distance Inbetween" étaient mieux inspirés en termes de mélodies on nagerait dans le bonheur. Mais ne boudons pas notre plaisir : en explorant quelques nouveaux territoires et avec quelques très bons titres, les cinq de Liverpool (Bill Ryder-Jones a quitté le sextet en 2008) nous livrent un album qui se place discrètement parmi les bons crus de 2016.