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Terence TRENT D'ARBY - Neither Fish Nor Flesh (1989)
Par JASPER LEE POP le 14 Avril 2016          Consultée 2725 fois

La tentation est parfois grande chez le chroniqueur de jouer les chevaliers blancs en défendant bec et ongles un album unanimement décrié. Réhabiliter un disque soit-disant mal compris, en avance sur son époque est pour lui l'occasion de se singulariser, de s'élever au-dessus de la masse. De s'ériger contre la dictature du plus grand nombre, les chiffres de vente n'ayant jamais reflété la qualité d'une œuvre. Bien sûr ce noble combat peut s'avérer parfois justifié et si je n'avais pas piscine, j'écrirais ni une ni deux une kro-express pour réhabiliter Human Being, le superbe troisième album de Seal, véritable bijou d'écriture qui a été victime de son absence de hits. Déçu par la réception glaciale du public, Henry Samuel (c'est le vrai nom du bonhomme, histoire d'éviter une répétition disgracieuse) a depuis revu ses ambitions à la baisse en se contentant de jouer une soul Vivement Dimanche bien fade. Un bien beau gâchis.

Alors, qu'est-ce qu'on fait avec le deuxième album de Terence Trent d'Arby ? Non parce que celui-là, dans la catégorie flop, il a sa place sur le podium. Vous parlez d'un échec commercial après le succès remporté par le premier opus écoulé à quelques 14 millions d'unités ! Alors on se pose la question : est-ce que tout le monde n'est pas tombé à bras raccourci sur TTDA pour le punir de son arrogance ? On l'a vu, le lascar est un sacré mégalomane qui joue un jeu dangereux avec les médias. Ne pouvant rien reprocher à Introducing the Hardline... les journalistes avaient dû ronger leur frein et ils attendaient depuis en embuscade guettant le faux pas. Alors, quand arrive dans les bacs son successeur, la chasse est ouverte, il va en prendre pour son grade le Terry ! Il faut dire qu'une fois encore, il l'a bien cherché. Le titre d'abord : Neither Fish Nor Flesh, a Soundtrack of Love, Faith, Hope and Destruction. Rien que ça. Pour l'humilité, il faudra repasser. L'album s'ouvre sur une déclaration dans laquelle notre messie nous éclaire sur le titre : Neither Fish Nor Flesh est une expression idiomatique qui sert à désigner quelque chose qu'on ne peut pas cataloguer, qui échappe à toute classification. Et il le prouve en enchaînant avec I Have Faith in These Desolate Times (eh oui, parce qu'il va nous sauver bien sûr). La voix de d'Arby est toujours aussi spectaculairement belle mais l'exercice vocal accompagné d'abord d'une seule harpe puis de percussions est vain et pédant. On va ensuite s'échouer sur des rivages exotiques (avec le bruit des vagues, si, si) entre Inde pour le sitar et Hawaï pour les timbales, le tout noyé dans une section de cordes roboratives. Le morceau indigeste est parfaitement représentatif de l'album. TTDA nous dit clairement qu'il a dépassé le stade anal de la pop musique, il est au-dessus de ça. Voyez plutôt la palette sans limite de son talent ! Écoutez la myriade d'instruments dont il est capable de jouer ou de diriger (la lecture du livret est édifiante. Misère que cet homme aime son nom!).

Bref à ce stade-là, la messe est dite et le suicide commercial est amorcé. Quand en des temps reculés, on achetait encore de la musique et qu'on testait les albums sur des bornes d'écoute, celui-ci ne passerait pas à la caisse. Le morceau suivant To Know Someone Deeply is to Know Someone Softly rectifie le tir en revenant à une structure refrain/couplet classique servie par une basse ronde et solide. C'est plaisant et ça rassure. I'll Be Alright est un hommage un rien trop appliqué aux racines R'n'B du chanteur. Billy Don't Fall qui voit TTDA apporter sa contribution à la cause des droits des gays est ce qui s'approche le plus d'un single. On a enfin envie de quitter son canapé pour aller se trémousser. Pas trop tôt. This Side of Love et Attracted to You s'aventurent sur des terres Princières, Roly Poly sur les plates-bandes de George Clinton. Tout ça défile et s'écoute sans heurt ni déplaisir mais sans éclat non plus. You Will Pay Tomorrow relève le niveau d'un cran sur un tempo plus soutenu et une énergie toute James Brownienne avec la guitare wah-wah de circonstance. Là, on cause. I Don't Want to Bring your Gods Down renoue avec le tic inaugural de l'album. Le morceau n'est pas désagréable mais on y sent à nouveau la volonté de l'artiste de charger l'orchestration jusqu'à plus soif. Ça sent l’esbroufe. On termine avec And I Need to Be With Someone Tonight chanté a cappella dans la veine du King of Pop. C'est beau, c'est pur mais il faut que l'animal rajoute un coda pompeux, c'est plus fort que lui.

Alors, on le réhabilite ce deuxième album ou on rebalance une pelletée de terre sur le cercueil? Avec le recul et des oreilles neuves, le bilan est donc mitigé. S'il n'est finalement pas si mauvais qu'on a voulu le dire, il n'en demeure pas moins sacrément boursouflé. On ne peut que saluer la prise de risques d'un artiste qui refuse de se reposer sur ses lauriers mais la démarche d'aller à contre-courant de ce qu'on attendait de lui paraît trop forcée pour être honnête. Le disque se termine par le bruit caractéristique d'un saphir s'arrachant du sillon à la fin d'une face de vinyle. Suivi du ricanement de d'Arby, content d'avoir joué un tour bien pendable à sa tortionnaire de maison de disques. T'es gentil Terry, mais nous pendant ce temps, on rit un peu jaune.

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   JASPER LEE POP

 
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1. Declaration : Neither Fish Nor Flesh
2. I Have Faith In These Desolate Times
3. It Feels So Goog To Love Someone Like You
4. To Know Someone Deeply Is To Love Someone Softly
5. I'll Be Alright
6. Billy Don't Fall
7. This Side Of Love
8. Attracted To You
9. Roly Poly
10. You Will Pay Tomorrow
11. I Don't Want To Bring Your Gods Down
12. ... And I Need To Be With Someone Tonight



             



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