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2014 We Will Reign
 

- Style : Rage Against The Machine
- Membre : Prophets Of Rage

The LAST INTERNATIONALE - We Will Reign (2014)
Par JASPER LEE POP le 20 Avril 2016          Consultée 1122 fois

Les beaux jours reviennent et c'est le moment de faire des plantations pour tous ceux qui ont la chance de disposer d'un petit coin de verdure. C'est mon cas, alors ni une ni deux, l'autre jour je me rends à la jardinerie la plus proche. Et qu'est-ce que j'entends comme musique d'ambiance ? Jennifer qui nous chante sa révolution (« Ma révolution porte ton nom... ») et là, le moral en a pris un coup, les amis. Une fois mes esprits rassemblés, je me suis fait la réflexion que l'offre de chansons révolutionnaires était plutôt maigre en France. Ne nous voilons pas la face, si on compte sur Jennifer, ils ne vont pas tenir le coup longtemps les copains de Nuit Debout sur la Place de la République. Remarquez, au bout du deuxième refrain, j'avais déjà envie de balancer mon caddie dans les bégonias ou de frapper quelqu'un. Comme quoi...

Non parce qu'aux États-Unis, la protest song est une vieille tradition. De Woody Guthrie à Bob Dylan, de Joan Baez et Pete Seeger, de Gil Scott-Heron à Rage Against The Machine, on a de tout temps défendu les opprimés de la Working Class en appelant à la révolte. C'est dans cette tradition que s’inscrit The Last Internationale, un duo d'agitateurs marxistes originaires de New York composé de Edgey Pires à la guitare et de Delila Paz à la basse et au chant. Leur premier album sur une major s'appelle « We Will Reign » et entend réveiller les consciences assoupies pour reprendre le pouvoir face aux grands maîtres de l'univers esclavagistes et autres potentats du système capitaliste. Ça vous rappelle quelque chose ? Le logo de The Last Internationale est un drapeau rouge et noir frappé d'étoiles pareil à l'étendard d'un groupe de guérilleros ? Vous avez trouvé ? Mais oui, tout ça sent à plein nez Rage Against The Machine déjà cité plus haut. Et ça n'a rien de fortuit puisque suite à deux albums sortis sur un label indépendant ( « The Last Internationale » en 2009 et « Choose Your Killer » en 2011) et un EP sorti en 2013 (« New York, I Do Mind Dying » en référence à la fermeture du CBGB's dont la photo orne la pochette), nos deux activistes sont remarqués par Tom Morello le six-cordiste bidouilleur de micros de qui vous savez. Et qui leur présente dans la foulée son pote Brad Wilk qui s'ennuie sévère chez lui après les séances d'enregistrement du « 13 » de Black Sabbath. Le batteur rejoint donc le groupe et c'est lui qui tient les baguettes sur cet album même si sa participation au projet ne semble pas forcément pérenne.

Ça, c'est pour l'emballage parce que côté musique, celle de The Last Internationale n'a rien à voir avec la furie de RATM (quoique...). Le groupe est passé d'un blues-rock garage sympathique mais pas révolutionnaire sur le EP à une musique à l'identité plus marquée sur cet album-ci. Et ça commence très fort avec « Life, Liberty, and the Pursuit of Indian Blood », histoire de rappeler le génocide originel sur lequel se sont construits les États-Unis. La batterie est tribale comme il se doit et on chante en brandissant le tomahawk autour du totem et en criant « Blood ! » avec les chœurs. Imparable, on est d'entrée de jeu conquis. « We Will Reign » calme le jeu mais le soufflé ne retombe pas pour autant avec un refrain entraînant. La voix de la chanteuse est ici très légèrement filtrée comme si Paz haranguait la foule à l'aide d'un mégaphone en pleine manif et la puissance de conviction de la dame est évidente. À noter que ce morceau est co-signé par le sieur Marti Fredericksen, faiseur de tubes notoire (les guimauveries d'Aerosmith par exemple). Ça n'a rien d’infamant mais c'est un petit coup de canif dans l'imagerie de la protest song 100% bio. On poursuit avec « Wanted Man » qui bénéficie d'un clip sur le mode pastiche des westerns de Tarantino (lui-même pasticheur en chef). La montée en puissance avec l'arrivée de la basse est irrésistible. Que ceux qui ne reprennent pas en chœur les Ouh Ouh du refrain se dénoncent, ils seront jugés pour dissidence et seront exécutés dans un stade quand le parti aura renversé le pouvoir. Les trois premiers essais sont transformés et « Killing Fields » s'en tire encore plutôt bien sur un rythme qui bastonne un peu plus.

Les influences Folk-rock repointent leur nez sur « Battleground » et on s'émerveille toujours des vocalises de Delila Paz qui en bonne pasionaria ne s'économise décidément pas. Sauf qu'il faut être honnête, le niveau des compos a baissé d'un cran et les morceaux qui défilent à présent ne sont pas du même tonneau que le quarté de tête. La bluette sentimentale « Baby it's You » fait office de petite pause bienvenue au milieu des revendications de tous poils mais il s'agit là d'une reprise de Burt Bacharach. « Devil's Dust » est résolument folk, « Fire » la rejoue incantation indienne en moins bien que la première fois. Tout cela n'est pas désagréable mais l'ivresse des lendemains qui chantent a fait long feu et on reste un peu sur sa faim même si « 1968 » termine l'album de façon plus convaincante.

Quand vient le moment de faire le bilan, on se retrouve un peu embêté. Le trio est convaincant avec une mention toute spéciale pour cette bassiste/chanteuse exceptionnelle, l’exécution dépouillée et la simplicité des arrangements sont payantes, la production organique signée Brendan O'Brien est comme souvent impeccable. Mais le compte n'y est pas totalement pour ce qui est des compositions une fois passées les quatre premières. Quant au côté militant, c'est un genre en soi qui plaît ou qui agace. Il y aura toujours des grincheux pour mettre en doute la sincérité des trois guérilleros en dénonçant une posture. Les mêmes s'étaient indignés du succès commercial de RATM. Comme s'il n'y avait pas des indignations plus constructives !

Le verdict est tombé, ce sera 3 étoiles pour cet album comme les trois étoiles blanches de leur drapeau. Augmentés d'une demi étoile virtuelle parce qu'on a envie de croire en ce groupe et pour récompenser le morceau piano/voix « I'm Going to Live the Life I Sing About in my Song » sorti unitairement en 2015 où Delila Paz est à nouveau déchirante. Unissons-nous camarades et comme moi, rejoignez The Last Internationale ! Sur ce, je m'en retourne jardiner.

3,5/5

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   JASPER LEE POP

 
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- Delila Paz (chant, basse)
- Edgey Pires (guitares)
- Brad Wilk (batterie)


1. Life, Liberty And The Pursuit Of Indian Blood
2. We Will Reign
3. Wanted Man
4. Killing Fields
5. Battleground
6. Baby It's You
7. Devil's Dust
8. I'll Be Alright
9. Fire
10. 1968



             



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