Au beau milieu de leur aventure avec Ginger Baker au sein de la BAKER GURVITZ ARMY, Paul et Adrian Gurvitz ressentent le besoin - ou la nécessité peut-être bien - de diversifier leur propos. Très proches du batteur Graeme Edge alors en plein hiatus des MOODY BLUES, les trois musiciens se mettent d'accord pour monter un nouveau groupe sobrement intitulé THE GRAEME EDGE BAND FEATURING ADRIAN GURVITZ... Les spécialistes du Marketing ont encore frappé, l'idée n'a rien de flamboyante ! Un nom plus simple et concis aurait percuté les esprits de manière bien plus efficace. Bref... Le premier constat, c'est qu'on reconnaît le costume du Adrian surhumain du GBA de cette même année : Elysian encounters. Pour le reste, on ne sait rien, si ce n'est que notre guitar hero se retrouve à nouveau confronté à une forte personnalité et batteur légendaire...

Les deux rock stars se sont partagés l'opus. Adrian Gurvitz apporte donc la moitié des morceaux. On note immédiatement avec le premier titre "Bareback rider" à quel point le style d'écriture du compositeur du légendaire "Race with the devil" à évolué. Le style est toujours très rock, mais les choeurs et les arrangements sont clairement AOR. C'est certes très agréable et super bien gaulé, d'autant que les grattes déchirent toujours autant, mais nous sommes bien loin d'une quelconque vision hard, et encore moins metal des choses. On récidive avec "In dreams", qui se révèle un bon titre d'AOR à la rythmique bien grasse. Les couplets sont très pop, et la voix d'Adrian passe remarquablement. Le mid tempo "My life's not wasted" rappelle le BLUE OYSTER CULT de ces années évoluant entre pop et Hard, bien sophistiqué et réussi. Le blues rock de "Gew janna woman" donne au guitariste l'occasion de briller à nouveau, avec à ses cotés l'inoxydable Ginger Baker.En revanche, je ne suis pas vraiment convaincu par "Shotgun", beaucoup plus classique dans sa conception.

Contrairement aux premières idées reçues, la portion proposée par Graeme Edge tient remarquablement la route. On aurait pu s'attendre à de la pop toute de guimauve vétue, mais non ! Je tiens notamment à révèler au monde le superbe titre de southern rock qu'est "Lost in space", qui oscille entre MOLLY HATCHET et le MARSHALL TUCKER BAND. Au niveau des guitares comme à l'accoutumée pour ce genre de musique, Adrian se révèle très à son aise, sa six cordes toujours d'acier trempée y rugit avec grâce et détermination. Un peu plus loin, l'instrumental "The tunnel" lui permet de rebondir encore, sur des bases cette fois assez progressives. Le titre mémorable du lot est cependant "We like to do it" qui oscille entre Glam et hard pop de belle volée avec une chouette candeur. Le slow "Have you ever wondered" se perd plus dans les dédales d'une pop rock de bon aloi en ces seventies pre punk et disco, alors que "Somethin' we'd like to say" propose des orchestrations sophistiquées que les grands progueux ne renieraient pas.

Au final, une parenthèse sympathique, qui ne permettra toutefois à aucun des musiciens de percer la couche d'indifférence bienveillante de la majorité des mélomanes. On penche toutefois plus vers le style d'Adrian Gurvitz que vers celui de Graeme Edge, ce même si les styles des deux compositeurs sont plutôt en opposition, l'alchimie devait être avant tout humaine, ce qui n'est déjà pas si mal. D'ailleurs, même Ginger Baker est convie aux sessions, ce qui prouve sans conteste le bel état d'esprit de ce groupe tout préfabriqué mais qu'il convient de découvrir !