Ah, les DANDYS WARHOLS ! Rarement aura-t-on croisé un groupe aussi inspiré, sincère et novateur. Leurs deux derniers albums, malgré des qualités évidentes – comme leur emballage recyclable, par exemple – ont été injustement maltraités par des critiques bornés et, osons le dire, jaloux et effrayés par un tel génie. Il est indéniable que nos dandys préférés se cherchaient encore un peu. Mais cette fois, trêve de salmigondis : Distortand va mettre tout le monde d'accord.

Les DANDYS WARHOLS frappent très très fort avec leur trio d'ouverture qui dénote une réflexion profonde dans le choix de l'ordre des morceaux. « Search Party » est tout simplement excellentissime, avec un travail dingue sur les effets et les guitares. Notons l'idée brillante qu'a eue Taylor-Taylor de chanter à dix mètres de son micro, donnant ainsi un côté « live » au morceau. On jurerait entendre le groupe depuis les toilettes d'un bar miteux ! DEEP PURPLE et leur Machine Head peuvent aller se rhabiller.

« Semper Fidelis » est un parfait exemple de l'inventivité que peut déployer le groupe. Petite anecdote : ce serait le chat du producteur qui aurait ajouté ce sample de guitare, en jouant sur la console son. Le groupe décida de le garder car il trouvait que cela sonnait bien [1]. Il faut dire qu'il ajoute énormément à la dynamique du morceau et s'intègre parfaitement avec le chant de Taylor-Taylor qui, d'après des interviews, était alors en train de prendre sa douche. La sensation procurée par l'écho de sa voix dans la salle de bain nous donne l'impression d'être là avec lui, de partager son quotidien passionnant et dangereux, entre ligne de coke coupées au plâtre, prostituées et concerts à l'énergie dévastatrice. Une belle réussite.

Morceau après morceau, les dandys se dépassent et nous épatent. « Pope Reverend Jim » réinvente le rockabilly, ni plus ni moins. Écoutez donc cette rythmique d'une subtilité incommensurable, et ces superbes guitares ! Encore une fois, le mixage est au top. « Catcher In The Rye » oublie un peu d'être prétentieux et se perd presque dans une rythmique bassement efficace et prolétarienne, heureusement, le chant totalement désintéressé de Taylor-Taylor nous ramène en terrain familier. Quant à « You Are Killing Me » et « All The Girls In London », leur inventivité et leur spontanéité brute feraient passer les BEATLES et les KINKS pour des vieux sourdingues. Des classiques instantanés.

Il y aurait tellement plus à dire sur cet excellent album qui regorge de perles : la magnifique ballade « The Grow Up Song », débordante d'émotion, ou encore « Doves » où la voix de Taylor-Taylor atteint de tels sommets qu'on ne l'entend presque plus… Mais arrêtons-nous là, car en parler, même en bien, c'est un peu trahir la musique des DANDYS WARHOLS. De telles chansons se suffisent à elles-même, elles doivent être écoutées, vécues, pour être véritablement ressenties dans toute leur ineffable beauté. S'il n'y avait qu'une seule leçon à tirer de Distortland, c'est que le rock alternatif a encore de bien belles années devant lui…


[1] : Ce même chat aurait déclaré avoir également composé plus d'un tiers des titres de l'album, et même avoir chanté sur certains morceaux. Ces allégations ont été violemment dénigrées par Taylor-Taylor.