L'été 2016 est passé en France continentale (à l'instant où j'écris ces lignes), et ce n'est que maintenant que je daigne me pencher sur le dernier METRONOMY. L'automne est déjà bien présent, et une bonne partie de la population loue l'arrivée de la meilleure partie de l'année. Alors, peut-on dire que j'ai le droit de chroniquer Summer 08 ? Oui, car une œuvre, sauf à quelques exceptions près, n'a pas à rester totalement figée dans son temps, et de toute façon l'été austral arrive à grands pas chez moi. Voilà donc pour les explications du « retard » de la chronique.

Sinon, le dernier METRONOMY, donc. Sorti deux ans après Love Letters, qui laisse encore un sentiment mitigé (bien que vieillissant pas mal, en vérité), il montre le groupe de Joseph Mount tracer sa route comme il l'entend. Enfin, groupe... l'album n'a été enregistré qu'avec Mount aux manettes, les autres musiciens ayant apparemment été mis en congé. Mais d'ailleurs, pourquoi Summer 08 et pas Summer 16 (voire Super 16) ? Tout simplement parce qu'il s'agit d'une référence à l'année de la sortie de Nights Out, et donc une période clé dans l'histoire de METRONOMY. Un coup d'oeil au rétroviseur, histoire de se rappeler d'où vient le groupe ? Possible.

Surtout, le groupe ose regarder plus loin encore en arrière, en avouant des inspirations sorties... des années 80. Plus qu'une mode, c'est un vrai sacerdoce pour tout artiste/groupe de pop actuel – on peut y voir une preuve que la décennie pourtant si conspuée était assez riche et intéressante pour engendrer une meilleure descendance. Dans le cas de METRONOMY, cela donne une pop intéressante, où les claviers sont utilisés avec parcimonie, la section rythmique restant bien prégnante. En particulier, le groove imposé ici est impossible à rater, en plus d'être excellent. Au passage, ça ne joue pas sur le plan de la technicité, mais c'est l'efficacité pop qui est mise en avant.

Et quelle efficacité ! Il suffit de se pencher sur "Old Skool", envoyé en single éclaireur. La patte METRONOMY y est reconnaissable entre mille, et la rythmique donne au moins envie de taper frénétiquement du pied. Un bon gros défaut est sa longueur un poil excessive, un peu comme "Mick Slow", l'autre clou de l'album. Il s'agit, comme l'indique le titre, d'un remix plus lent d'un morceau figurant sur le premier album solo de Mick Karn, connu pour avoir été bassiste de JAPAN. Si ce genre d'entreprise a tendance à tourner au carnage dans bien des cas, ça marche très bien ici. On note donc que METRONOMY va plus loin que la simple inspiration des années 80. D'autres morceaux plus originaux sont tout autant de potentiels tueries. On peut citer ainsi l'ouverture "Back Together", débordante d'énergie, l'entêtant synthé sur les couplets de "16 Beat", et surtout cette science pop bien appliquée sur "My House", aussi nocturne que mélancolique – certains diraient « trop froid ».

Ensuite, Summer 08 est quand même doté de quelques couacs notables. Le plus visible étant "Hang me Out to Dry", collaboration avec la chanteuse Robyn. Ce n'est pas tant la participation limitée de cette dernière qui gêne, mais la composition en soi, clairement pas marquante bien que tout à fait dans le ton de l'album. "Summer Jam" est une conclusion décevante, mais c'est peut-être à relativiser comme la fin de la fête qui a eu lieu à plusieurs reprises plus tôt.

METRONOMY signe donc un album que l'on peut se risquer à qualifier de franchement réussi. Avant toute chose, il est honnête, et respecte le contrat signé avec l'auditeur, à savoir proposer une musique adaptée à l'été sous toutes ses coutures ou presque. Un bon progrès qui ne peut qu'encourager Joseph Mount à continuer vaillamment leur carrière.

Note réelle : 3,5/5