Remarqués en 2014 avec un premier EP instrumental "Sonate Pacifique", le projet solo de Charles de Boisseguin s'est (pour les besoins de la scène) enrichi de 4 membres, puis a recruté une chanteuse. L'Impératrice, désormais sextet, a publié un deuxième format court (6 titres) en 2015.

Certains des membres recrutés pour la scène sont issus de la musique classique, d'autres revendiquent un amour des soundtracks de MORRICONE ou LEGRAND (les pionniers du soutien basse/batterie sur des ensembles symphoniques). Ces influences, le combo les dissout dans un projet disco très léché (pour rencontrer un autre public que celui du classique, trop restreint et élitiste) qui a fini par capter mon attention, après qu'un pote m'a fait écouter "Baron Rouge".

Une disco très bubble-gum, des claviers qui évoquent l'enfance et les dessins animés d'antan, des instrumentaux planants aux parfums sensuels... tout est clean, léché, pro. Et très agréable.

Les instrumentaux qui ouvrent et clotûrent l'EP se laissent écouter, mais ils ne se sont pas foulés pour l'écriture: 4 accords qui tournent en boucle avec légères variations... idem pour "L'Odyssée" qui laisse sur sa faim quand on a écouté les morceaux chantés qui, eux, sont vraiment accrocheurs.

"Agitations Tropicales" apporte la preuve d'un vrai boulot de musicos avec la guitare funky au poil, et la charpente de cet EP: une basse excellente, sautillante, joueuse, mélodique, syncopée, bref: parfaite. Les paroles naïves associées à la voix féminine légère assoient la qualité très récréative du disque. On ne se prend pas au sérieux, le plaisir est le moteur des ambiances, la touche sensuelle et groovy est très réussie.

Les deux meilleurs morceaux, "La Lune" et 'Parfum Thérémine", sont carrément épatants: de la pop impeccable, parfois dansante, souvent rêveuse et langoureuse, toujours classieuse et élégante... la French Touch comme on l'aime! Difficile de ne pas penser, sur certains passages, à AIR ou à Phoenix. L'arrivée d'un handclap ou un fond de guitare wah-wah constituent autant de moments subtils, un ravissement. Les lignes de basse sont à se damner, celle de "La Lune" évoque "Magnolias Forever", rien que ça.

Un reproche, cependant, après avoir fait tourner ces morceaux quelques semaines dans les oreilles: un ensemble un poil trop homogène. Les sons s'avèrent très identiques d'une piste à l'autre, l'impression fugitive d'écouter plusieurs fois la même chanson. Le combo a trouvé une recette bien efficace et c'est sans doute la passion des soundtracks qui leur donne envie de garder une forte cohérence au long des 6 titres, perso j'aimerais bien entendre ce dont ils sont capables dans d'autres territoires.

A découvrir en tout cas!