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2000 65 Live At The Fillmore West P...

The CHAMBERS BROTHERS - 65 Live At The Fillmore West Palladium San Francisco (2000)
Par LE KINGBEE le 4 Janvier 2017          Consultée 1328 fois

Salle historique du Rock et de la contre-culture américaine, le Fillmore West Palladium de San Francisco doit sa célébrité au promoteur Bill Graham. Ce lieu mythique existait bien avant son apogée et son déplacement géographique en 1968 sur Fillmore Street. Appelé durant un temps El Patio Ballroom, puis The Carousel Ballroom, cette modeste salle de bal longtemps dédiée au Chitlin’ Circuit (Circuit des Andouillettes), un circuit parallèle de la production afro-américaine, devient le Fillmore Auditorium en 1954 sous l’égide de son nouveau propriétaire Charles Sullivan. Ce n’est qu’à partir 1966 que Bill Graham décrochera quelques programmations en accord avec Sullivan. Suite à l’assassinat de ce dernier en aout 66 (meurtre non résolu), Bill Graham devient manager de la salle en octobre 66.

Revenons donc à cet enregistrement publié de manière officielle par le label allemand Universe Gold, 35 ans après le concert. Nous sommes donc le 27 aout 1965 (d’après la pochette) et les Chambers Brothers viennent de passer au Newport Festival où ils ont joué deux titres (« Bottle Music » et « I Got It ») le 25 juillet. Ce passage dans un festival initialement consacré au Folk leur permet d’acquérir un semblant de reconnaissance. Fin aout 1965, la troupe familiale est programmée à l’arrache au Fillmore. Si l’on se fie à certains documents parus postérieurement, la salle ne s’appelait pas encore le Fillmore West Palladium, mais peu importe. Des spectacles de poésie, de théâtre, de musiques underground ou dites subversives se déroulaient déjà sous la houlette de Charles Sullivan.
On ignore précisément d’où viennent les chutes de ce concert. Si les Chambers se sont abondamment produits dans les salles des différents Fillmore (East, West, Winterland) que l’on pourrait aujourd’hui comparer à des franchises, il m’a été impossible de retrouver l’existence de ce concert. Si on connaît plus ou moins toutes les programmations du Fillmore East (New York) et du Fillmore West (San Francisco) celles du Fillmore Auditorium ne semblent pas avoir été retranscrites. On sait par contre que la formation s’est produite à l’Auditorium le 7 avril 1967 et en janvier, mai et juin 68. L’intitulé de la pochette « Live At The Fillmore West Palladium » comporte, selon moi, une erreur de nom. Toujours est-il que ce Live nous en apprend un peu plus sur l’évolution de cette fratrie familiale.
Si Columbia avait publié un double album en 1969 (réédité à plusieurs reprises) regroupant deux faces studio « Love, Peace And Happiness » et deux faces en public « Live At Bill Graham’s Fillmore East », ce disque représente en fait les premiers pas du groupe, un an avant les enregistrements Vault et surtout du single Columbia « Time Has Come Today », un morceau de Soul Psyché dont les multiples associations Anti-Vietnam se serviront.

Ce Live nous plonge donc dans un univers Soul Flower et Black Power. A l’écoute de ces 10 pistes, on peut clairement affirmer que le groupe qui venait d’incorporer le batteur blanc Brian Kennan avait déjà amorcé un virage à 180 degrés, quittant les routes d’un Gospel traditionnel et du Folk Revival pour s’immerger au cœur de l’Acid Soul. Ce Live s’ouvre avec « Time Has Come Today », leur plus grand succès, dans une version complètement remodelée tant au niveau de la durée que de l’orchestration. Cette nouvelle version n’est pas sans évoquer une sonorité proche de « The End » des DOORS avec break de drums, incorporation de rires démoniaques, de cris complètement barrés et d’un bref passage se rapportant à « The Little Drummer Boys » popularisé par la Famille Trapp et Nana MOUSKOURI sous le titre de « L’Enfant Au Tambour ». De l’Acid Flower Soul pur jus complètement déjanté.
Mais c’est bel et bien le second titre qui confère une autre dimension à ce Live avec « Sympathy For The Devil ». Comment les Chambers ont-ils pu interpréter sur scène ce titre en 1965, alors que les STONES ont enregistré la chanson à Londres le 4 juin 1968 sous la présence de la caméra de Jean Luc Godard ? Impossible ! Voilà qui nous ramène au départ. D’où et de quand provient ce Live ? Je pencherai soit pour le 4 avril 69 au Fillmore East, soit plus probablement pour le 11 décembre 69 au Fillmore West, lors d’un concert avec THE NICE et KING CRIMSON. Le label allemand ne s’est peut-être pas mélangé les crayons sur tout. Revenons à « Sympathy For The Devil », les Chambers Brothers nous en délivrent une excellente version à l’instar de la future cover de Guns n' Roses. C’est autre chose que les daubes de Bryan FERRY, Jane’s Addiction ou Rickie LEE JONES.
Et puis arrive la « grosse couille » avec « I Have The Feeling », non pas que le morceau soit mauvais en soit, mais il remet pas mal de choses en question. Composé par le pianiste de Jazz Roger Kellaway, ce titre aurait été créé pour Carmen Mc Rae en 1975 et figure sur le disque « I Am Music ». Alors là, on s’y perd complètement ! Comment les Frangins Chambers ont-ils pu enregistrer en décembre 69 (si la date est bonne) un titre de 75 ? Impossible, me direz-vous ! Pas vraiment, Roger Kellaway, ancien directeur artistique de Bobby Darin, vivait à Los Angeles depuis une dizaine d’années et il a très certainement refourgué à la brave Carmen un titre composé depuis des lustres. Il n’y a là aucun paradoxe, la Cité des Anges connaissait son lot de coquins. Le groupe semble se calmer un brin avec « You’re So Fine », un vieux titre de l’harmoniciste Little Walter gravé pour Checker en 53, malgré quelques cris impromptus de Lester, pour une ambiance moins électrique. La reprise de « People Get Ready », grand titre de Curtis Mayfield, s’avère bien meilleure que leur version studio, trop sage. En intro, Lester Chambers harangue le public, insiste sur une époque nouvelle, pleine d’espoir et de liberté et que les gens n’ont plus besoin de bagages. L’interprétation de « Please, Please, Please », un incontournable de James BROWN, est délivré sous forme de Gospel Soul, tous les arômes funky de la version d’origine sont ici gommés au profit de superbes harmonies vocales. Une belle invitation vers les voies célestes. Le public peut ensuite bouger son cul sur « Mustang Sally », gros succès de l’ancien membre des Falcons Mack Rice. On aurait aimé plus de folie, des effluves psyché, de la « dinguerie », tant le morceau se prête à de telles transgressions, mais le groupe nous en délivre une version somme toute respectueuse. Cette version relègue néanmoins bien loin celles des Kingsmen ou des Young Rascals.
Reprise fulgurante de « Boogie Chillun », ce gros standard de John LEE HOOKER aura influencé plus d’un bluesman. Des titres comme « Feelin’ Good » (Junior Parker), « La Grange » (ZZ TOP) ou « On The Road Again » (CANNED HEAT) lui doivent pour le moins beaucoup. Maintes fois repris, cet incontournable a connu de nombreuses reprises de folie, mais les Chambers nous en assènent une version abracadabrante. Il s’agit de bien tendre l’oreille pour en reconnaître quelques bribes. Pour résumer, ce morceau de 6 minutes part dans un patchwork directionnel capable d’égarer la première boussole venue: du Rock Psyché, de la Soul Power, des colorations qui tiennent autant de Black Merda, des WHO, du Quicksilver Messenger Service. « High Heel Sneakers » (ou du moins ce qu’il en reste) propose lui aussi plus de 7 minutes de folie. Ce standard de Tommy Tucker figurait sur l’album « Now ! » des Chambers Brothers édité en 1966 par Vault Records. Le groupe a donc eu largement le temps de le façonner à sa sauce, à tel point qu’entre un passage de « Land Of 1000 Dances », des incantations dignes d’un prédicateur, un tempo dynamique et dansant, une envie d’en découdre pour la plus grande joie du public, ce « High Heel Sneakers » s’avère convaincant. S’il entend cette relecture, nul doute que Tommy Tucker doit se retourner dans sa tombe. Le dernier morceau « We The People » fait ici office de remplissage malgré un message d’espoir naïf et inconsistant.

Au moment de mettre une note à cet album, il faut se poser plusieurs questions : y a-t-il tromperie sur la marchandise ? La qualité sonore loin d’être parfaite doit-elle être sanctionnée ? Le manque total d’informations et une jaquette pour le moins minimaliste doivent-ils se refléter dans la note ? Les Chambers Brothers ne sont pour rien dans la qualité de cette publication. Le groupe semble avoir donné sa pleine mesure lors de ce concert à la date incertaine. Si une note de 2 ½ semblerait justifiée, correspondant ainsi à la moyenne, elle est ici rabaissée à 2, Lester Chambers se battant actuellement contre vents et marées, tel Don Quichotte et ses moulins, pour récupérer des droits dont le groupe a été spolié, sans oublier l'erreur de date grâce à un travail de recherche digne d'un détective.

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- Lester Chambers (chant, harmonica, tambourin)
- Willie Chambers (guitare, chant)
- Joe Chambers (guitare, chœurs)
- George Chambers (basse, chœurs)
- Brian Kennan (batterie, chœurs)


1. Time Has Come Today.
2. Sympathy For The Devil.
3. I Have The Feeling.
4. You're So Fine.
5. People Get Ready.
6. Please, Please, Please.
7. Mustang Sally.
8. Boogie Chillun'.
9. High Heel Sneakers.
10. We The People.



             



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