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SOUL NOLA  |  COMPILATION

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1964 Wish Someone Would Care
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2004 Straight From The Soul

Irma THOMAS - Straight From The Soul (2004)
Par LE KINGBEE le 18 Avril 2017          Consultée 1470 fois

Si Aretha FRANKLIN, surnommée « Lady Soul », a régné sans vergogne sur le label Atlantic, si Ann PEEBLES peut être considérée comme la reine de Memphis à l’instar de Bettye LaVette à Detroit, Irma THOMAS a bien mérité son surnom de "Soul Queen". Et pourtant malgré sa longévité, sa stature artistique, une voix hors norme, son palmarès reste beaucoup moins connu et clinquant. Il faut dire que durant les sixties, la Nouvelle Orleans ne disposait de pas maisons de disques ni de distributeurs capables de concurrencer les grosses firmes nationales : Motown à Detroit, Okeh et Chess à Chicago, Stax à Memphis.

Examinons brièvement le parcours de cette humble chanteuse. Irma Thomas voit le jour en 1941 dans un bled paumé de Louisiane. Elle a trois ans lorsque ses parents s’installent à la Nouvelle Orleans. A sept ans, la gamine est confiée à une tante afin de s’occuper de ses neuf cousins cousines. Entre l’école, les taches ménagères et le maternage, elle traine ses guêtres dans le bar voisin et écoute les grandes stars de l’époque sur le Juke-box. Non, là j’accentue les traits voulant faire passer la gamine pour Cosette … Irma chante le dimanche au sein du Home Mission Baptist Church, la paroisse locale, où elle remporte un concours amateur. A 14 ans, la gamine croit enfin avoir un peu de chance en enregistrant son premier disque mais Badaboum, elle tombe enceinte et doit se marier. Divorcée un an plus tard, elle se remarie avec deux nouveaux bambins à la clef. Non, à bien y réfléchir … Cosette c’est de la rigolade !

Pour boucler ses fins de semaine, Irma bosse comme serveuse au Pimlico Club, là ou se produit l’orchestre de Tommy Ridgley. Le bonhomme a de l’oreille et le nez fin, il remarque cette jeune serveuse qui chante en servant les clients. Grâce à lui, Irma enregistre ses deux premiers singles pour Ron Records et parvient à décrocher un hit avec "Don’t Mess With My Man". Puis tout s’enchaîne : tournées épuisantes à travers tout le Sud, patrons de clubs qui partent en douce avec la caisse, des heures à rallonge sur les scènes, des restaurants et des hôtels qui refusent l’accès à la clientèle noire. En 1961, Irma signe un contrat avec Minit et fait la rencontre d’Allen TOUSSAINT, alors jeune producteur surdoué et ambitieux. Toussaint va alors concocter toute une série de chansons : "Ruler Of My Heart", titre qui ne laissa pas insensible Otis REDDING qui transforme aussitôt le morceau en "Pain In My Heart". Début 64, la carrière d’Irma végète, la chanteuse ne connait le succès que dans la Crescent City et son contrat avec Minit est racheté par la firme Liberty qui vient d’englober le label Imperial. Liberty décide d’enregistrer la chanteuse à Los Angeles et son premier jet sera le bon avec "Wish Someone Would Care" une ballade déchirante qui monte dans le Top 20. Pendant deux ans, la douce Irma va connaitre le succès principalement avec "Time Is On My Side". Irma, amère, refusera d’interpréter la chanson reprise par les STONES sous prétexte que les anglais gagnaient là des millions sur son dos alors qu’ils chantaient moins bien. En 1967, Liberty ne lui renouvelle pas son contrat et Irma est alors embauchée par Chess Records.

Alors pourquoi débuter cette discographie avec une compilation ? C’est simple, lorsqu’on examine la discographie complète de la chanteuse on comptabilise 20 albums ou CD pour autant de compilations, les albums de la douce Irma ne sont guère pléthoriques au vu de sa carrière. De plus les deux premiers disques édités par Imperial en 1964 et 1966 demeurent à ce jour difficilement disponibles. A titre d’info "Wish Someone Would Care", son premier 33 tours Imperial, se négocie aux alentours des 180 $ d’occase. Malgré une pochette peu avantageuse, cette compilation de 24 titres propose 7 pistes du premier disque et 10 du second "Take A Look" édité en 1966. Ce recueil demeure donc une excellente alternative pour les néophytes ou pour les lecteurs désireux d’aborder les grands débuts de la Diva.

Le compilateur a donc orienté les 24 pistes sur la période Minit, label de Joe Banashak et Imperial, soit des titres mis en boite entre 1961 et 1966. Les faces issues des singles Minit (pistes 3-11-12) proviennent du célèbre studio de Cosimo Matassa, là ou enregistrèrent Little RICH, Fats DOMINO, et toute la crème R&B de la Nouvelle Orleans. Les faces en provenance d’Imperial furent gravées dans une multitude de studio avec des orchestres qui variaient selon les sessions, d’où une perte de cohérence, des orchestrations parfois pesantes et des productions ampoulées. Il n’en demeure pas moins que la voix, la classe naturelle d’Irma Thomas semble flotter au dessus des orchestrations. C’est bien sur dans le domaine de la ballade Nola que la chanteuse impressionne le plus, le vocal déchirant reste comme une seconde peau. Mais Irma, comme de nombreuses chanteuses issues du Gospel, pouvait s’adapter à toute forme de Soul, preuve avec ces faces éclectiques.

On retrouve ici de superbes ballades : "Wish Someone Would Care", l’un de ses plus gros carton, "Straight From The Heart" (homonyme d’une chanson de Bryan ADAMS), le délicat "Anyone Who Knows What Love Is" dont le titre servira de support à la série Orphan Black(Sans Origine) et à Black Mirror une série anglaise. Autre grand moment de tendresse avec l’émouvant "I’m Gonna Cry Til My Tears Run Dry" repris par Lorraine Ellison, Linda RONSTADT ou en italien par Patty Bravo qui en donnera une version intense. Elle se montre également dans son élément sur des pièces plus churchy comme "I Need Your Love So Bad", une ballade des Vocaleers, un groupe blanc de doo wop, transformant une guimauve sirupeuse et collante en chef d’œuvre. Irma Thomas pouvait aussi plonger dans le R&B comme en atteste "Somebody Told You". Le Blues n’est pas totalement occulté avec "Sufferin’ With The Blues" popularisé par Little Willie John dans une version moins jazzy que celle de Nancy Wilson ; elle nous en délivre la meilleure version avec celle masculine de James BROWN.

La chanteuse parvient aussi à tisser un canevas dans des pièces Soul plus légères : "What Are You Trying To Do", une future reprise de Mother Earth, "Break-A-Way" un emprunt enjoué à Jackie De Shannon, adapté chez nous par la chanteuse Yéyé Agnès Loti sous le titre "Je Pars Sans Regret". Mais Irma Thomas savait au besoin hausser le ton : "Baby Don’t Look Down", une composition de Randy NEWMAN, s’avère être un rock bluesy avec harmonica tranchant avec le ton général. La chanteuse se montre même vindicative sur "I Haven’t Got Time To Cry" un mélange de Soul et de R&B. Enfin comment ne pas terminer avec ce qui aurait du devenir un énorme carton : "Time Is On My Side" une compo de Jerry Ragavoy sous le pseudo de Norman Meade ? Si le titre fut enregistré pour la première fois en instrumental par le tromboniste Kai Winding, Jimmy Norman, un membre des COASTERS, agrémentera la ballade de paroles qui seront bientôt magnifiées par le timbre de Thomas. Mais manque de pot, trois mois plus tard les STONES reprennent le titre et décrochent la timbale avec l’un de leur premier Top Ten US. Irma pouvait se montrer amère et décontenancer par ce manque de chance. Chez nous, les Lionceaux en feront une triste adaptation sous l’intitulé "Passe Le Temps Sans Toi" (oui je sais … ça fait mal !)

Conclusion, une chanteuse capable de retranscrire par son timbre toutes formes d’émotion ajoutez y l’apport des meilleures plumes de la Crescent City (Allen Toussaint, Jerry Ragavoy, le duo Doc Pomus/Mort Shuman et un tout jeune Randy Newman) et vous avez entre les mains (ou les oreilles) la pépite vocale de la Cité du Croissant. Une orchestration parfois trop pesante avec des violonades intempestives, un étrange choix de titres (pourquoi avoir occulté "It’s Raining", "Ruler Of My Heart", ou "I Done Got Over It", il y avait largement d’espace sur le support pour ajouter ces faces), sans oublier un manque total de chronologie dans les pistes et un manque de finesse dans certains arrangements de H.B. Barnum empêchent cette galette de récolter la note maximum. Mais un 4 ou un 4,5 parait largement justifié.
En espérant pouvoir vous compter les épisodes suivants, Irma Thomas, chanteuse charismatique pouvant passer du Gospel à la Soul Nola au Blues, se produit toujours et fait les beaux jours du Blues Heritage Festival.

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- Irma Thomas (chant)
- Allen Toussaint (piano 3-11-12)
- Hidle Brown Barnum (saxophone)
- Carol Kaye (basse)
- Hal Blain (batterie)


1. Take A Look
2. Teasing, But You're Pleasing
3. Girl Needs Boy
4. I Need Your Love So Bad
5. Long After Tonight Is All Over.
6. While The City Sleeps.
7. Break-a-way.
8. What Are You Trying To Do.
9. The Hurt's All Gone.
10. Straight From The Heart.
11. Somebody Told You.
12. Two Winters Long.
13. It's Starting To Get To Me Now.
14. Some Things You Never Get Used To.
15. Time Is On My Side.
16. Anyone Who Knows What Love Is (will Understand).
17. Wait Wait Wait.
18. I'm Gonna Cry Til My Tears Run Dry.
19. Sufferin' With The Blues.
20. Wish Someone Would Care.
21. You Don't Miss A Good Thing (until It's Gone).
22. Baby Don't Look Down.
23. Live Again.
24. I Haven't Got Time To Cry.



             



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