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1962 Don't Play That Song!
1967 What Is Soul?

Ben E. KING - Don't Play That Song! (1962)
Par LE KINGBEE le 24 Janvier 2017          Consultée 1928 fois

Ben E. KING nous a quittés le 30 avril 2015 à 76 ans. Dépositaire d’une discographie abondante mais aussi d’une carrière en dents de scie faite de haut et de bas qui reste marquée par quelques gros cartons sur lesquels le chanteur va se reposer durant de longues années.

Benjamin Earl Nelson (son vrai nom) voit le jour en 1938 en Caroline du Nord. Enfant, il fait son approche de la musique en accompagnant sa mère dans la paroisse d’Henderson (au nord de Durham) chaque dimanche. Juste après guerre, alors que la Caroline était dominée par la culture du tabac, ses parents décident de tenter leur chance à Harlem. Le gamin s’initie alors au doo-wop, registre en plein ascension. Les groupes vocaux se montent alors à la pelle, il y en a presque autant que de cages d’escaliers. Benjamin débute au sein des Four B’s, un petit ensemble de collégiens. Adolescent, il donne parfois un coup de main à son paternel qui tient un petit restaurant à Harlem. En servant les clients, Benjamin, que tout le monde appelle Benny, chante parfois divers succès passant sur les radios. C’est dans le restau familial qu’il est repéré par Lover Patterson, le manager des Five Crowns. Benjamin intègre le groupe et en devient rapidement le leader. Sa route traverse ensuite celle des Drifters. En conflit avec son manager George Treadwell, ex mari de Sarah Vaughan, suite à une sombre histoire de pognon, les Drifters sont virés par l’impresario. Tenu juridiquement par un contrat avec l’Apollo Theater de Harlem, Treadwell, en bon malin, reste le propriétaire du nom du groupe mais doit alors honorer son contrat avec la salle de spectacle afin de ne pas se retrouver sur la paille.
Le groupe n’ayant plus de solistes, puisque bêtement renvoyés, le bon Treadwell a alors l’idée d’engager les Five Crowns en lieu et place des anciens Drifters. Si une telle mascarade ne trompe pas le public, les nouveaux Drifters feront illusion pendant quelques mois, le temps d’aligner quelques bons petits hits, sous la houlette d’une nouvelle équipe de compositeurs (Jerry Leiber et Mike Stoller) et d’un jeune producteur Phil Spector.
Treadwell n’est pas seulement un manager retord, il a aussi de l’oreille et s’aperçoit rapidement que le groupe ne vaut que par la voix de Benjamin. Treawell décide alors de rebaptiser son poulain avec un nom plus porteur, Benjamin Earl Nelson se transforme alors en Ben E. KING (King étant un clin-d'œil à son oncle préféré). Une rumeur prétend que la carrière solo de Ben E. KING va décoller suite à un heureux concours de circonstance. Alors que les Drifters doivent enregistrer « Spanish Harlem », une compo du tandem Leiber/Spector, la troupe est bloquée par une tempête de neige en décembre 60. Seul Ben E. KING est présent ce jour-là et enregistre la chanson sous son nom. Le titre grimpe sur la 10ème marche des charts Pop et va lancer la carrière du chanteur.

Atco, filiale d’Atlantic, décide alors de lancer ce nouveau chanteur sur les chemins de la gloire. Ben E KING enregistre un premier album « Spanish Harlem » dont le répertoire conjugue ballades guimauves, cha-cha, rumba et soul exotique. Ce premier jet est aussitôt suivi par « Ben E. KING Sings For Soulful Lovers », un album de ballades à l’eau de rose. Mais c’est au printemps 1961 que Ben E. KING décroche le pompon avec « Stand By Me », un titre qui va caracoler en tête des classements R&B et qui se place en 4ème position dans le Hot 100. Atco décide alors d’enchaîner sur cet incroyable succès crossover en faisant enregistrer à sa nouvelle coqueluche l’album « Don’t Play That Song ! », enregistré en fait lors de six sessions s’étalant entre le 17 décembre 1959 et le 3 mars 1962, à l’instar d’un procédé mis en place par de nombreuses maisons de disques. On sortait dans un premier temps un single, si celui-ci se vendait ou était susceptible de faire vendre un 33 tours, on embrayait aussi sec, quitte à risquer une rupture chronologique et musicale. En clair, il fallait vendre !

Alors, que vaut aujourd’hui ce troisième album de Ben E. KING ? A vrai dire, pas grand-chose, hormis la présence de « Stand By Me », le classique Soul qui allait placer le nom de Ben E KING sur la carte mondiale de l’industrie du disque et « Don’t Play That Song (You Lied) », chanson écrite par le grand manitou d’Atlantic, Ahmet Ertegün, et Betty Nelson, l’épouse du chanteur et futur Numéro 2 dans les charts R&B et 11ème dans les classements Pop. Sur un total de douze pistes, nous avons deux gros bestsellers. Le reste est beaucoup moins captivant voire obsolète et pour tout dire carrément « emmerdant ». Il ne fait guère de doute qu’Atco a voulu placer le chanteur sur la voie d’une variétoche à l’américaine, aussi captivante que les yeux d’une limande.
S’il a été nourri dans un premier temps aux sources du Gospel, Ben E. King a toujours admiré les programmes Hillbilly qu’il écoutait à la radio. Ces diverses influences se retranscrivent dans ces chansons avec comme aboutissant un patchwork de ballades violonées pleines de bons sentiments. Et pourtant, quand on étudie la liste des différents songwriters ayant composé le présent répertoire, on pourrait se mettre à rêver: Doc Pomus, Mort Shuman, le tandem Gerald Goffin/Carole King, Leiber et Stoller ou Otis Blackwell, tous auteurs de prodigieuses chansons atteignant les sommets des charts de l’époque.

C’est donc vers un répertoire guimauve et mou du genou que nous convie ce disque. « Ecstasy » lance le modus operandi, un medium mollasson repris plus tard par le groupe de Liverpool Lee Curtis & The All-Stars. « On The Horizon » avec son intro évoquant « La Mama » d’Aznavour lorgne lui du côté de Frankie Laine. Si « Show Me The Way » se veut légèrement plus enjoué avec ses chœurs façon doo-wop, avouons qu’il n’y a pas là de quoi sauter au plafond. Même impression avec « Here Comes The Night » bourré de cordes et de trompettes à la sauce Tex Mex. « First Taste Of Love » ne déparait pas de l’ensemble, on a l’impression d’entendre une ritournelle de Pat Boone. Comble de l’ironie, sa version de « Young Boy Blues » fait pâle figure face aux futures reprises d’Eddy « Buster Forehand (Little Buster), des Honeydrippers de Robert Plant, de la version Blues de Bernard Allison, sans parler de la variante de Ramona Jones sous le titre « Young Girl Blues ». Cette interprétation de Ben E. KING résume à elle seule la soupe sirupeuse et édulcorée balancée par le chanteur sous l’égide de sa maison de disque. Nous n’épiloguerons pas sur les autres titres, ils sont du même tonneau.
Alors, ce disque peu goûteux est-il à jeter aux oubliettes ? Non, car il est sauvé par un gros succès « Don’t Play That Song (You Lied) et l’incontournable « Stand By Me », une véritable love song qui aura marqué à jamais l’histoire de la Soul.

Le premier de ces deux titres a été repris une trentaine de fois. Dee Dee Sharp, la cubaine La Lupe pour une version Latin Soul pleine d’énergie et Aretha FRANKLIN avec une grosse partie piano en ont délivré de bonnes covers. Rien à voir avec celles d’Adriano Celentano (la langue italienne passant mal sur ce titre) ou l’adaptation d’HALLYDAY « Pas Cette Chanson ». Heureusement, le ridicule ne tue pas ! Toujours est-il que les amateurs éclairés auront certainement une préférence pour la version originale du Sieur KING.
Second gros moment avec le mythique « Stand By Me », titre repris à profusion mais jamais égalé. Ce ne sont pourtant pas les bonnes reprises qui manquent (Gene Chandler, Barbara Lewis, Otis REDDING, Syl Johnson et même Cassius Clay loin d’être ridicule). Ce standard a été repris à toutes les modes et certains countrymen ont essayé en vain d’en faire une ballade Country (Billy Mize, Garth Brooks, Mickey Gillet dans la B.O. du film « Urban Cowboy »). D’autres se sont livrés à des interprétations innovantes (Tracy CHAPMAN, Ry COODER, Jesse Winchester, Gene CLARK, Florence & The Machine). Bien sûr, le morceau n’a pas échappé aux mains de petits massacreurs (David Hasselhoff, Maurice White, l’allumé Roky Erickson ex leader de 13th Floor Elevator). Rassurez-vous, certains bons chanteurs bien de chez nous tenteront de faire pire avec une certaine réussite : Rosy Armen et DALIDA avec « Tu Croiras » ou le quartet GAROU, PAGNY, BERTIGNAC, JENIFER lors d’un épisode de The Voice (entendre JENIFER sur ce morceau est une torture qu’on ne souhaiterait pas à son pire ennemi, j’ai depuis retiré le canal me permettant d’accéder à TF1)). Oh pour une fois, notre beau pays n’aura pas la Palme de l’Horreur, le belge Claude Michel sur l’adaptation « Je M’Ennuie De Toi » et le grec Demis ROUSSOS nous livreront eux aussi de belles purges. Le Premier Prix revenant indiscutablement à JENIFER)
Mais un autre grand bonhomme du paysage sonore français ne peut être occulté. Notre Johnny National. Non content de ridiculiser le territoire avec « Pas Cette Chanson », adaptation de « Don’t Play That Song », le chanteur récidive avec « Reste Ici » adaptation de « Stand By Me ». Sans doute ce qu’on appelle de la constance.
Bon alors, vient le moment d’apporter une note à ce disque réédité une dizaine de fois. Il va sans dire que sans « Don’t Play That Song (You Lied) » et surtout « Stand By Me » la note aurait oscillé entre 1 et 2. La popularité interplanétaire et la qualité intrinsèque d’un titre comme « Stand By Me » relèvent la note d’un cran. A noter que ce morceau connaîtra une seconde vie en 1986 suite à son incorporation dans la B.O du film de Rob Reiner « Stand By Me » qui contait les pérégrinations d’une bande de quatre jeunes gamins à la recherche d’un cadavre. Résultat un 2,5 pour un disque de 12 titres comptant dans ses rangs pas moins de 9 soupes.

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- Ben E. King (chant)
- Al Caiola (guitare 1-4-6-7-9-11-10-12)
- Billy Mure (guitare 10)
- George Barnes (guitare 3-5)
- Allen Hanlon (guitare 2-3-5-8)
- Phil Spector (guitare 2-8)
- Al Casamenti (guitare 2-8)
- Charles Macey (guitare 1)
- Art Ryerson (guitare 1)
- John Pizzarelli (guitare 4-11-12)
- George Duvivier (basse 3-4-5-11-12)
- Gordon Mitchell (basse 2-8)
- Lloyd Trautman (basse 6-7-9)
- Jack Lesberg (basse 1)
- Wendell Marshall (basse 10)
- Gary Chester (batterie 1-2-3-5-6-7-9-10)
- Berisford Shepherd (batterie 4-11-12)
- Moe Wechsler (piano 3-5)
- Ernie Hayes (piano 2-6-7-8-9)
- Carole King (piano 10)
- Pat Brown (piano 10)
- Robert Mosely (piano 1)
- Martin Grupp (percussions 2-8)
- Phil Kraus (percussions 2-8)
- Sol Gubin (percussions 10)
- Bob Rosengarden (percussions 10)
- Charles Mccracker (violoncelle 6-7-9)
- Margarett Ross (harpe 1-3-5)
- Claus Ogerman (violon 10)
- Urbie Green (trombone 4-11-12)
- Frank Rahak (trombone 4-11-12)
- Eddie Bert (trombone 1)
- Stan Webb (saxophone 4-11-12)
- Charles Margulis (trompette 3-5)
- Doc Severinsen (trompette 3-5)
- Elise Bretton (chœurs 3-5-6-7-9)
- Noah Hopkins (chœurs 3-4-5-10-11-12)
- Lillian Clark (chœurs 6-7-9)
- Marcia Paterson (chœurs 3-5)
- Myriam Workman (chœurs 3-5)
- William Glover (chœurs 3-5)
- Sylvester Fields (chœurs 3-5)
- Eva Boyd (chœurs 1)
- Dorothy James (chœurs 1)
- Earl Jean Mccrea (chœurs 1)
- Barbara Webb (chœurs 10)
- Valerie Lamoree (chœurs 10)
- Anita Darian (chœurs 10)
- Jerome Graff (chœurs 10)


1. Don't Play That Song (you Lied).
2. Ecstasy.
3. On The Horizon.
4. Show Me The Way.
5. Here Comes The Night.
6. First Taste Of Love.
7. Stand By Me.
8. Yes.
9. Young Boy Blues.
10. The Hermit Of Misty Mountain.
11. I Promise Love.
12. Brace Yourself.



             



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