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1981 What Cha' Gonna Do For Me
1984 I Feel For You
2019 Hello Happiness

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2020 Homecoming

Chaka KHAN - What Cha' Gonna Do For Me (1981)
Par LE KINGBEE le 28 Avril 2024          Consultée 219 fois

Après avoir connu de brefs passages au sein des Crystalettes, de Lyfe, Lock And Chain, HUEY BABY & The BABYSITTERS, Yvette Stevens a contribué à populariser Rufus, un ensemble racialement mixte. Après s’être lancé dans l’activisme au sein des Black Panthers, Yvette s’offre un mariage raté à 17 ans avec un dénommé Assan Khan dont elle garde le nom, se contentant de transformer son prénom en Chaka, traduisible par guerrier en langage swahili. Malgré le cursus d’un paternel militaire, la famille a certainement bénéficié d’une poignée de gènes musicaux, sa cadette Yvonne connaît une belle carrière au sein de UNDISPUTED TRUTH, avant d’enchaîner avec The Glass Family sous le pseudo de Taka Boom, alors que le frangin Mark a joué avec Marcus Miller au sein des Jamaica Boys. Mais c’est à l’orée des eighties que Chaka KHAN décroche ses galons de star.

Après avoir connu en 1978 un succès imparable avec le single "I’m Every Woman", hit Disco mais aussi hymne féministe, Naughty, son second album allait connaitre un léger recul, un seul titre se classant dans les charts. Ce contrecoup s’annonce passager, en 1981 toujours sous la houlette d’Arif Mardin, producteur arrangeur longtemps lié à Atlantic et associé aux succès d’Aretha FRANKLIN, Roberta FLACK et Donny Hathaway, Chaka KHAN va exploser les compteurs avec What Cha’ Gonna Do For Me.

Enregistré au Mountain Studios à Montreux, l’album bénéficie d’une production soignée qui échappe à une surenchère influée par la vague Disco et le Soft Rock californien du début des années 80. Producteur expérimenté, Arif Mardin parvient à maintenir à flot l’esprit d’indépendance de sa chanteuse et à la faire surfer sur le succès de titres imparables. Dans l’accompagnement, on retrouve deux membres de l’Average White Band : Hamish Stuart (ex-WINGS) et Steve Ferrone (ex-Freddie KING, Brian Auger), le guitariste de session David Williams (ex-DELLS, TEMPTATIONS, Michael JACKSON), le bassiste Anthony Jackson (ex-Roberta FLACK, Chick CORREA, Al DI MEOLA) et le claviériste saxophoniste flutiste Larry Williams (ex-Michael JACKSON, George BENSON, Pat BENATAR). Quatre de ces requins de studios se sont déjà croisés avec la chanteuse mais aussi au sein de Rufus et de l’Average White Band, troupe Funk écossaise ayant fait carrière en Amérique.

A tout seigneur tout honneur, débutons le panorama avec "What Cha' Gonna Do for Me", une compo du tandem Stuart Hamish /Ned Doheny enregistrée par l’Average White Band quelques mois avant sans grand succès. La verve et l’enthousiasme de la chanteuse font la différence, Chaka entraîne tout le monde dans son sillage avec une version plus théâtrale que l’originale. Second coup de semonce, "We Can Work It Out" est le célèbre titre des BEATLES et hommage à John LENNON assassiné quelques mois plus tôt. Ce n’est pas la première fois que les Fab Four s’avèrent sources d’inspiration dans le monde de la Soul. Ce titre a par ailleurs été repris par Maxine Brown, Dionne Warwick, Stevie WONDER, le duo SAM & DAVE sans bouleverser l’industrie du disque. Arif Mardin n’a probablement pas insisté beaucoup pour que la chanteuse accepte de reprendre un titre des Anglais alors que la Beatlemania était à son apogée. Si la plupart des précédents se sont cassés les dents ou n’ont pas fait d’étincelles, Chaka Khan nous assène un véritable incendie par son entrain et un accompagnement aux petits oignons parsemé de légères touches Funky.
Autre reprise, "Any Old Sunday" reste un inusité des McCrarys, une troupe familiale de Gospel urbain. Si le titre reste chaloupé, l’orchestration se veut beaucoup plus douce, privilégiant un tempo souple. Jerry Ragovoy, auteur des intemporels "Time Is On My Side", "Cry Baby" ou "Piece Of My Heart", lui apporte "Night Moods" repris sur les bases de la ballade nocturne interprétée initialement par Major Harris, ancien membre des Delfonics, Gene Orloff et Arif Mardin grossissant le morceau d’une floppée de cordes.

Chaka et Arif Mardin délivrent une coécriture avec le dynamique "I Know You, I Live Yo"», titre magnifié par un enrobage cuivré, une guitare dans la lignée des gimmicks de Nile RODGERS. Une relecture de 80 secondes de ce titre clôture l’album dans une démarche pleine d’entrain mais quelque peu inutile.
Composé avec son frère Mark et deux songwriters tournant dans le giron de la chanteuse, "Heep The Warning" ** se révèle plus synthétique tout en gardant la même pétulance. On se laisse encore prendre par les paroles : There are so many things in life to know - Cause someone says it's right don't make it so - When you are moving fast, you can succeed.
"We Got Each Other", chanté en duo avec son frère Mark, propose un mélange de synthé pop, de guitare en cocotte, de cuivres chauffés à blanc pour une Soul rythmée dans lequel le chant prend diverses nuances selon l’intensité des morceaux. "Father He Said" et "Fate" qui agrémentent l’album mettent en relief le travail d’Arif Mardin, producteur tenant les clefs du succès de la chanteuse.

Terminons ce tour d’horizon avec une excellente trouvaille et un beau clin d’œil à Dizzy Gillespie avec "And The Melody Still Lingers On (Night In Tunisia)", une refonte du standard "Night In Tunisia" du même Gillespie. Chaka Khan reprend ce grand classique qui a déjà été agrémenté en versus Jazz Vocal par deux textes différents sous les intitulés de "Night In Tunisia" et "Interlude". Mais cette fois-ci, Chaka Khan nous offre de nouvelles paroles et, cerise sur le gâteau, Dizzy Gillespie, pionnier du Bebop, apporte son concours au titre qu’il avait composé durant les années 40 avec le pianiste Frank Paparelli. La virtuosité des différents musiciens, la production de Mardin et la créativité de Chaka Khan capable de chanter sous plusieurs octaves font de cette variante un Must recommandable avec en guise de signature un bien joli texte : A long time ago in the forties - Dizzy and bird gave us this song - They called it "a night in Tunisia" - And the melody still lingers on. Cette nouvelle mouture renouvelle les versions emblématiques de Miles DAVIS, Stan GETZ et Art BLAKEY ***. Dernier détail, Chaka double et triple sa voix sur certaines plages sous diverses intonations, endossant de la sorte un rôle de choriste.

Une production soignée bien éloignée des standards astronomiques et outranciers du moment, une chanteuse pleine de nuances et de variations, un ensemble d’accompagnateurs inspirés capables de naviguer entre Soul et Pop Westcoast et un répertoire judicieux constitué d’originaux et de reprises bienvenues font de ce disque une réussite du début des eighties. Ajoutons-y deux hits qui n’ont pas pris de ride. Parmi plusieurs rééditions, le label Big Break Records a édité en format CD l’album avec 3 bonus.

Note réelle 3,5


*Homonyme du pianiste créateur de "Bony Moronie" et "Dizzy Miss Lizzy" suicidé en 1980.
**Titre homonyme à ceux de Louis Jordan et King King.
***Il s’agit des premières qui me sont venues à l’esprit. Certains lecteurs penseront certainement à d’autres versions.

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- Chaka Khan (chant, percussions 3-10)
- Mark Stevens (chant 5)
- David Williams (guitare 2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Hamish Stuart (guitare 2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Mike Sembello (guitare 1)
- Hiram Bullock (guitare 9)
- Anthony Jackson (basse 2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Abraham Laboriel (basse 6)
- Steve Ferrone (batterie 2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Ray Pounds (batterie 1)
- Casey Scheuerell (batterie 6)
- Paulinho Da Costa (percussions 1-6)
- Crusher Bennett (percussions 2-3-9-10)
- Larry Williams (claviers,saxophone,flute2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Ronnie Foster (piano 6)
- Richard Tee (clavinet 9)
- Herbie Hancock (synthétiseur 6)
- Greg Phillinganes (synthétiseur 1)
- Bob Christianson (synthétiseur 2)
- David Foster (synthétiseur 6)
- David Richards (synthétiseur 8-9)
- Kim Hutchcroft (saxophone 1)
- Michael Brecker (saxophone 2)
- Lou Delgado (saxophone 2)
- Bill Reichenbach (trombone 1)
- Barry Rogers (trombone 2)
- Jerry Hey (trompette 3-5-10)
- Gary Grant (trompette 1)
- Larry Hall (trompette 1)
- Lou Soloff (trompette 2)
- Randy Brecker (trompette 2, bugle 4)
- Dizzy Gillespie (trompette 6)


1. We Can Work It Out
2. What Cha' Gonna Do For Me
3. I Know You, I Live You
4. Any Old Sunday
5. We Got Each Other
6. And The Melody Still Lingers On (night In Tunisia)
7. Night Moods
8. Heed The Warning
9. Father He Said
10. Fate
11. I Know You, I Live You (reprise)



             



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