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WOODS - City Sun Eater In The River Of Light (2016)
Par COWBOY BEBOP le 12 Février 2017          Consultée 1806 fois

Nul doute que l'abondance de la production musicale, ainsi que sa facilité d'accès, ne font rien pour réfréner la gloutonnerie du mélomane moderne, bien au contraire. Le foisonnement des nouveautés favorise une écoute distraite et picoreuse, à la recherche de cet album miracle qui nous convaincra, dès les trois premières notes, que le rock ou la pop peut encore nous surprendre. Mais il y a plusieurs manières de convaincre, et celle de WOODS n'est pas la plus directe, ni la plus éclatante, mais elle est tenace, et surtout, durable.

City Sun Eater In The River Of Light. Un titre-phrase très poétique qui cache un album de folk-rock d'un combo brooklynien pour qui ce n'est pas le premier essai, loin de là. La première approche, sans être une révélation, est plutôt agréable ; les mélodies sont jolies et le timbre de voix assez singulier de Jeremy Earl nous emporte dans une atmosphère rêveuse faite de réverb et d'échos. City Sun Eater est un de ces nombreux albums qui prennent la poussière dans une catégorie étiquetée « À réécouter un de ces quatre » et que l'on passe de temps en temps, plus par dépit qu'autre chose. Et puis, peu à peu, l'album en vient à faire partie de notre paysage musical, y prenant tout naturellement sa place comme si elle lui était réservée à l'avance et qu'il ne faisait que combler un vide.

L'approche de WOODS n'a rien d’incroyablement original, mais va néanmoins bien au-delà des conventions fatiguées de l'indie-folk qui confond souvent « rêveur » avec « soporifique ». Déjà, les mélodies sont toutes mémorables, sans exception : difficile de ne pas chantonner sur « Sun City Creeps » ou « Can't See At All ». Ensuite, le groupe n'hésite pas à secouer un peu la dynamique des morceaux avec un solo impromptu ou un break d'inspiration psychédélique. On sent l'influence d'un afro-jazz passé au mixer de la pop, mais dont les musiciens tirent des arrangements toujours très fins et légers, à base de percussions discrètes et de guitares wha-wha. Comme pour tous les albums bien produits, le son est assez intemporel : on imagine aisément City Sun Eater sortant dans les années 70, avec en plus le raffinement d'une production moderne.

Si on jette une oreille sur la production antérieure du groupe, on constate toute l'ampleur de la métamorphose accomplie dans les deux derniers albums, qui trouve son aboutissement – ou en tout cas marque une étape décisive – avec la réussite de City Sun Eater. Le chant de Jeremy Earl est ici plus assuré, se débarrassant des filtres et autres effets qui ne faisaient que masquer ses qualités intrinsèques. Sa voix résonne, emplit l'espace des chansons et y prend sa véritable place. On constate également, dans le prolongement de With Light And Love sorti deux ans plus tôt, une certaine épuration des arrangements qui passent d'un folk-rock indé légèrement expérimental et souvent brouillon à un mélange très réussi et maîtrisé. On y trouvera de la pop alternative dans les mélodies, du rock psychédélique dans les parties instrumentales et même un soupçon de trip-hop dans les rythmiques. Ces fameuses parties instrumentales, chères à la formation, se sont raccourcies tout en gagnant en pertinence. Plutôt que détruire la dynamique des morceaux comme cela pouvait être le cas auparavant, elles viennent l'enrichir (« I See In The Dark » en est un très bon exemple). Enfin, les cuivres font quelques apparitions discrètes mais toujours pertinentes, parfois uniquement en surimpression du chant comme sur « The Take ». Ils contribuent à donner une saveur originale à une musique qui évite adroitement les clichés du néo-folk-rock paresseux.

En tout cas, s'il y a une leçon a tirer de cette découverte tardive, c'est qu'il ne faut pas oublier de prêter une oreille attentive à ces petits albums qui, sans être des révélations bouleversantes, constituent le vrai trésor des mélomanes perpétuellement en quête de nouveauté. Peut-être que sous une pochette laide et vite oubliée se cache votre prochain coup de cœur de l'année.

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   COWBOY BEBOP

 
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- Jeremy Earl (chant, guitare, mandoline, batterie, percussions, )
- Jarvis Taveniere (basse)
- Aaron Neveu (batterie, basse, orgue wurlitzer)
- John Andrews (piano, orgue, claviers, chœurs)
- Jon Catfish Delorme (pedal & steel guitar)
- Alec Spiegelman (saxophone, flûte)
- Cole Karmen-green (trompette)


1. Sun City Creeps
2. Creature Comfort
3. Morning Light
4. Can't See At All
5. Hang It On Your Wall
6. The Take
7. I See In The Dark
8. Politics Of Free
9. The Other Side
10. Hollow Home



             



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