Quand le coeur bat fort mais qu'il garde la marque de lanières type barbelés, il a soit tendance à vouloir fuir et oublier, soit aller vers quelque chose qui lui rappelle qu'il a mal, chose qui paradoxalement, lui fait du bien, du moins il le pense vraiment. Couramment, on appelle ça du masochisme et l'amour est souvent pointé du doigt, mais on a tous notre façon de vouloir continuer à porter ce qui nous fait du bien, même si ça fait mal.

Mademoiselle Juliette ARMANET, malgré un certain penchant romantique, défend le droit d'une femme à disposer d'elle-même, à ne pas souffrir d'être seule, et sur ce principe-là, elle ne l'est pas du tout. Il est alors amusant de découvrir l'ambiance de son dernier single, "L'amour en solitaire", une chanson qu'elle avait écrite à la suite d'un chagrin d'amour adolescent et qui renverse totalement ce discours louange à l'indépendance affective, de plus en plus présent dans la société actuelle.

Cette jeune chanteuse, qui a déjà un bagage intellectuel important (classes préparatoires, chroniqueuse pour la chaîne Arte) se présente, depuis un an et la sortie de son EP bien nommé Cavalier Seule, comme une artiste parmi les plus brillantes de la variété, son présent et son futur, malgré de belles réminiscences du passé. Elle puise beaucoup dans la chanson "à piano" des années 70, celle de Michel BERGER et France GALL, de William SHELLER, de Françoise HARDY... Ce qui ne l'empêche pas de se montrer comme une nouvelle élève de Mylène FARMER, comme dans la chanson "Cavalier Seule" justement.

"L'amour en Solitaire" avait déjà fait parler d'elle en 2014, il s'agit en fait d'une tout autre version délestée de ses bidouillages électroniques, et quelque part, d'une nouvelle chanson. Le texte trouve une musique parfaitement adaptée à la fragilité sur laquelle il repose, elle lui permet de s'élever dans les airs pour atteindre des cimes d'élégance, de façon plus marquée encore que "Manque d'Amour", la première chanson de l'EP Cavalier Seule.

La voix de Juliette ARMANET est magnifique, très sensuelle et douce comme le sont les arpèges de piano, la progression en ballade qui évoque les plus belles de STARMANIA, Véronique SANSON... Et en même temps, il y a cette écriture particulière, éprise certes mais aussi espiègle (de l'argot, des "je veux r'trouver la terre ma bière et mon tricot"...), un peu comme celle de Jeanne CHERHAL qui s'est hissée comme grande référence parmi les chanteuses françaises il y a quelques années déjà. Par son seul nom, la demoiselle transmet quelque chose de précieux, de français dans ce qu'il y a de mieux, et cela se retrouve en musique.

En tant que romantique ayant besoin de sentiments confluents, on ne suit pas le galop effrené de la « cavalière seule », puisque c'est antinomique. Néanmoins, on lui souhaite tout le meilleur, on reconnaît son talent évident, on en parle comme elle le mérite, et, en attendant un album encore plus beau et consistant, on goûte à ce plaisir pourtant bouleversant de déclaration enflammée, celle qui nous apparaîtra toujours plus forte que tout, bien au-dessus de considérations réalistes et terre-à-terre !

Clip YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=_wlnRatglSo
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