Les choses s'enchaînent pour Juliette ARMANET, toujours plus en vue sur la scène parisienne et dans les journaux, où on la cite fort à propos comme l'un des meilleurs éléments de la nouvelle chanson pop française au féminin, et aux côtés de FISHBACH, Cléa VINCENT, Alexia GREDY... Nouvelle est un grand mot tant ce courant fait écho aux années 70/80 dont il s'imprègne largement, mais il apporte un vent de fraîcheur clairement bienvenu et une bonne dose de qualité.

On attendait donc la publication du premier album véritable de Juliette ARMANET, une des chanteuses les plus fines du moment, dans son empreinte vocale d'abord. Le titre choisi est illustré par la pochette romantique et colorée, plus parlante que celle du single "L'amour en Solitaire" qui nous est d'ailleurs offert ici comme un beau moment de rêverie, alors que l'écoute vient seulement de débuter.

Mademoiselle ARMANET reprend également trois titres des quatre de son EP Cavalier Seule paru l'an dernier. Ce sont "Manque d'Amour", "La Carte Postale" et "Cavalier Seule", cette dernière chanson particulièrement importante, tant on sait combien elle incarne une forme de quête intime et personnelle pour l'artiste. Menée sur un tempo funk, elle construit une passerelle entre William SHELLER et Mylène FARMER.

Ces tons musicaux sont développés sur l'album avec quelques tempos disco qui s'éloignent des ballades langoureuses. Juliette ARMANET pourrait donner parfois l'impression d'hésiter constamment entre les deux, mais on préfère dire qu'elle s'appuie sur ses textes pour créer des variations autour d'un esprit léger, caresses ou entrechats, et qui lui vont à ravir. Reine du bal, effleurant l'auditeur du bout des doigts pendant son passage, elle use de sa voix pour nous enchanter et confirmer tout le bien qu'on pouvait penser d'elle.

Ainsi, le groove joyeux de "Un Samedi Soir dans l'histoire", constellé de paillettes et pimenté par les guitares, côtoie la beauté fragile de "Manque d'Amour", où l'on se rend compte que les sentiments amoureux sont bien difficiles à abandonner, même pour une "cavalière seule" ! On peut parler de réussite pour les deux et dans l'ensemble, tout l'album se tient. Les arrangements et le style de voix, plus prononcé sur les nouvelles chansons, sont bien maîtrisés et n'ont rien envier aux albums de France GALL ou de Françoise HARDY qui, a l'époque, n'étaient pas forcément leurs meilleurs.

"Star Triste", son texte et le jeu des choeurs, même la production font naturellement penser à la comédie musicale de BERGER et PLAMONDON qui a marqué ces années-là. "L'accident" en piano-voix et sa mélodie sonnent très "Lettre à France", ses mots écorchés contrastent avec la voix suave et ferment un album au discours peut-être pas joyeux mais d'une évidence et d'une qualité incontestable, pour peu qu'on aime Juliette ARMANET.

On apprécie également qu'elle nous décrive "Alexandre" et "L'indien", ces grands chanceux, d'un regard de femme rêveuse et amoureuse, qui suit son désir enflammé. Elle nous transporte, sur fond de piano-synthés vintage, de basse en croches et en octaves ou de clavinet funky. Un seul regret, que le saxophone de "La Carte Postale" n'ait pas été employé davantage pour les nouvelles chansons, car sur l'EP il constituait une très belle surprise. Voilà pour ce premier album d'une demoiselle pleine de talent et de promesses que pour le moment, elle tient fort bien !