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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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RENAUD - A La Belle De Mai (1994)
Par MARCO STIVELL le 31 Octobre 2011          Consultée 9690 fois

Dans la série des albums studio de RENAUD, je conclus ce que je voulais absolument faire par A la Belle de Mai. Cet album méconnu (le moins bien vendu de toute sa carrière) aurait tendance à susciter le désintérêt ou l'indifférence parmi les fans de la veille, ceux qui ont déjà eu du mal à apprécier l'orientation folk celtique de Marchand de cailloux. Il faut pourtant préciser que A la Belle de Mai (avec sa superbe pochette) va encore plus loin dans cet enracinement, non pas dans le celtique mais dans les musiques folkloriques. Pour commencer, pas ou peu de guitare électrique, pas de basse électrique, peu ou pas de synthés. Rien que des instruments pour faire ressortir le caractère acoustique de l'ensemble, entièrement réalisé par l'accordéoniste Jean-Louis Roques.

Ballades classisantes mis à part, les musiques nord et sud américaines en particulier semblent ne plus avoir de secret pour RENAUD. Pour le sud, les grandes représentantes sont "Adios Zapata !" et "A la Belle de Mai". Sur cette dernière, RENAUD a délaissé les inspirations chtimi du précédent album pour se consacrer à ses racines du Midi de la France. Le temps d'une chanson, l'artiste s'est mis à étudier l'argot de l'occitan marseillais et force son accent du coin pour se faire habitant du petit quartier de la cité phocéenne, envoyant ainsi un joli tacle à Bernard Tapie. Le qualifiant de 'fada', de 'brelle', RENAUD n'hésite pas à dire que la victoire récente de l'OM lui a rapporté à lui aussi, à Nanard. Tout cela sur fond de musique folk garnie d'accordéon, de castagnettes et de trompettes mariachisantes. On retrouve les trompettes sur "Adios Zapata !", où RENAUD se rapproche de la Colombie pour se faire dealer local et dire que 'son papa et lui' sont prêts à faire la révolution façon Zapata, Pancho Villa ou Che Guevara, mais avec leurs substances illicites. Encore un joli tacle envoyé aux cartels de plus en plus forts dans ce malheureux pays.

Ces chansons ont beau être emblématiques, elles ne constituent pas le point le plus fort de l'opus. Avec "La Ballade de Willy Brouillard", RENAUD bien épaulé de son trio de guitaristes (Manu Galvin, François Ovide, Michel-Yves Kochmann) nous livre une ambiance nocturne entre arpèges feutrés et slides savoureux. Tout ça pour décrire la vie d'un flic façon western, tout en ne le plaignant pas un seul instant, avec la malice qu'on lui connaît.
En conservant le côté feutré, RENAUD change de ton pour parler des femmes et en particulier de la sienne sur "Devant les Lavabos", chanson empreinte de douceur mélancolique. Gérard Bikialo y souligne le tout, comme pour "Willy Brouillard", d'un peu de piano et d'une nappe d'orgue Hammond. Que de splendides réalisations !

Et que dire alors des chansons les plus classisantes ? "Son Bleu", parlant du prolétariat déchu, est déjà une merveille où l'on retrouve les cuivres façon "L'Aquarium" sur Marchand de cailloux, mais "C'est quand qu'on va où ?", composé comme "Adios Zapata !" par Julien CLERC, fait encore mieux. Une fille (ce n'est pas Lolita) demande à son père un moyen d'échapper à l'école en lui posant cette simple question. Cette chanson m'inspirait quand j'étais adolescent, et particulièrement virulent envers le système scolaire. Même si j'ai dépassé cela, je lui garde un attachement particulier. "Le Petit chat est mort" est une superbe ballade avec cordes, composition de Jean-Louis Roques. Les refrains et le final sont tout en élégance. RENAUD conclut l'album avec une chanson au piano, "La médaille", dernière excellente pique envers les militaires.

Les autres chansons sont à l'humeur plus disparate, toujours dans un contexte acoustique. Sur des up-tempos, "Cheveu blanc" évoque la quarantaine du chanteur, hélas bien installée, tandis que "Le sirop de la rue" rejoint "Les dimanches à la con" dans un portrait nostalgique folkisant de la jeunesse de RENAUD. L'harmonica de Jean-Jacques Milteau, qui n'avait pas résonné depuis Place de ma mob en 1977, remplace ici le violon et virevolte à sa guise.
"Mon amoureux" est le nouveau dialogue tant attendu (et pleinement satisfaisant) entre Lolita et son père, la jeune fille lui demandant d'accepter sans trop ronchonner son nouveau petit ami. Enfin, "Lolito Lolita", cette fois de RENAUD à sa fille (nouvelle défense envers le système), nous plonge dans les tréfonds de la magie des polyphonies corses, presque a-cappella. Plutôt que d'inviter I Muvrini, ce qui aurait été un choix évident pour un groupe en pleine expansion, RENAUD préfére mettre en avant un ensemble moins connu, celui de Petru Guelfucci et Canta U Populu Corsu. Une chanson très décriée, comme souvent, par des Métropolitains quand il s'agit des chants sacrés de l'île de Beauté.

Il est clair que cet album, à l'instar du précédent, ne fait pas l'unanimité. Et pourtant, quelle réussite artistique, tant ses textes toujours forts, drôles voire caressants, que sa musique superbement réalisée. Je suis très attaché à ce disque mésestimé. Après encore un superbe live et un album de reprises de chansons de Brassens, RENAUD connaîtra la galère que l'on sait avant le retour miraculeux des années 2000.

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   MARCO STIVELL

 
   GEGERS

 
   (2 chroniques)



- Renaud (chant, choeurs)
- Michel-yves Kochmann (guitares)
- Manu Galvin (guitares)
- François Ovide (guitares)
- Yves Torchinsky (contrebasse)
- Denis Benarrosh (percussions)
- Jean-louis Roques (accordéon)
- Jean-jacques Milteau (harmonica)
- Sir Geoffrey Richardson (mandoline, violon, alto, ukulélé, flûtes)
- Gérard Bikialo (pianos, orgue hammond)
- Bruno Fontaine (piano)
- Philippe Macé (vibraphone)
- Alain Labacci (choeurs)
- Raul Lubo (trompette)
- Manuel Romero (violon)
- Ramiro Jimenez, Inocente Carreno (choeurs)
- Petru Guelfucci, Christophe Mac-daniel.. (polyphonie corse)
- + Divers Cordes Et Cuivres


1. La Ballade De Willy Brouillard
2. A La Belle De Mai
3. C'est Quand Qu'on Va Où ?
4. Le Sirop De La Rue
5. Devant Les Lavabos
6. Cheveu Blanc
7. Le Petit Chat Est Mort
8. Adios Zapata !
9. Son Bleu
10. Mon Amoureux
11. Lolito Lolita
12. La Médaille



             



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