Depuis 2017-2018, le deuxième album de Juliette ARMANET s'est fait attendre, mais rien d'étonnant quand on sait qu'il y a eu de grands changements au milieu et d'abord personnels (un premier bébé il y a deux ans). C'est en ce mois de décembre 2021, au moment où l'automne tourne à l'hiver, que la demoiselle de talent, plus proche de la quarantaine désormais, revient nous surprendre.

Le single avant-coureur qui, cette fois, ne donne pas son nom à l'album, se nomme "Le dernier jour du disco". Piano-voix crépusculaire au début, il voit les cordes et boucles électroniques déferler en cavale, une basse proéminente, pour un ensemble que l'on s'imaginait entraînant avec raison. Le refrain est un peu criard mais l'effet sensuel joue son rôle, les choeurs sont très réussis.

Dans la même veine et calqué en matière de développement, "Qu'importe" part d'un début passionné en solitaire de nouveau, avant de s'élancer avec force basse, claviers. Les paroles-pensées qui s'accrochent sur un ton de fidélité sont portées par une ambiance dancefloor encore meilleure que "Le dernier jour du disco".

Aussitôt après, "Tu me play", entêtant, jouant sur les contretemps, où l'enfance laisse place à l'arrivée de l'amour en fleur, commence à sonner un peu plus forcé. Néanmoins, Juliette ARMANET ne joue pas davantage la carte de l'album dansant en diable et en continu, à l'ancienne : il faut aller loin dans l'ensemble pour que le tempo se relève, notamment "Sauver ma vie", où le désespoir devient espoir, simple et splendide dans son genre, avec une chanteuse brillante.

Le reste de Brûler le Feu, à l'image du morceau-titre, est plutôt imprégné d'un style soul/slow. De bonnes chansons, dans ce cas précis, ou encore celui de "Boum Boum Baby" qui semble un hommage direct à Lenny KRAVITZ et son "It Ain't Over 'til It's Over", jusque dans les cordes. "Le plus cool dès je t'aime", ainsi chanté, est un véritable soleil, on y retrouve notre Juliette ARMANET la plus sensuelle !

Le corps parle davantage sur "Le rouge aux joues" (superbe refrain aigu en contraste). "Je ne pense qu'à ça" trouve plus de force dans les moments dépouillés où la chanteuse s'accompagne seule. Cela tombe bien car c'est un élément de réussite, sur toute la durée cette fois, pour "Imaginer l'amour", tout droit sortie d'un rêve.

"Vertigo", slow étoilé aux très beaux sons synthétiques, est une surcrerie dont le goût a quelque chose de durable, agréablement, même si au départ la voix frêle et détachée de SEBASTIAN pour le duo semble mal choisie. Dès que la principale intéressée reprend le micro avec sa franchise habituelle, la chanson n'en décolle que toujours mieux ! Quant à "HB2U", autrement dit "Happy birthday to you", elle détourne intelligemment un classique populaire, avec des choeurs gospel et une couche d'Auto-Tune sur la voix, pas trop incongrue (ouf !).

Une majorité de chansons confirment le plaisir des retrouvailles avec Juliette ARMANET après tout ce temps. Cependant, Brûler le Feu, malgré son titre et ce que laissent suggérer ceux de quelques chansons ("L'épine", "Tu me play"), soit manque de piquant et apparaît trop sage, soit au contraire est alourdi par des moments disco superflus ou des slows moins marquants, avec un équilibre mal géré. Et, parfois trop propret dans sa réalisation, les surprises (tel le saxophone de "Carte postale" en 2017) lui font défaut.