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1969 Meet You There

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The BEEFEATERS - Meet You There (1969)
Par LE KINGBEE le 19 Février 2017          Consultée 1570 fois

Durant le milieu des sixties jusqu’au début des années 70, le Danemark fut le dépositaire de quelques petits groupes qui peuvent faire office de précurseurs. Ce sont principalement dans les registres du Rock Psyché, de l’Acid, du Jazz Prog, du Rock Prog que ces formations se distinguèrent. A y regarder de plus près, le plus petit pays scandinave était bien en avance sur notre contrée hexagonale (soyons honnête et réaliste, notre beau pays a toujours été à la traîne en matière de musique, l’auditeur lambda étant avant tout amateur de variétoches ou de produits proposés par nos radios et télévisions, des produits souvent loin d’être indispensables et que personne ne nous envie, sauf rares exceptions).
Le comparatif est d’autant plus criant lorsqu’on prend en compte la différence de population (le Danemark est grosso modo dix fois moins peuplé que chez nous) et surtout les nombreuses difficultés rencontrées par les groupes danois pour s’exporter et se produire ailleurs que sur leurs terres. Certes, ce pays scandinave, celui où l’empreinte Viking reste la moins sensible, avait un atout que nous n’avions pas (et n’aurons jamais) celui de parler l’Anglais. Mais quand même, quand on met les choses bout à bout, le constat demeure effrayant: musicalement, notre bel Hexagone était bien loin derrière ces bouffeurs de smørrebrød ou de sild (hareng). Je sais, le constat fait mal, mais c’est comme ça.
Peu connues de notre belle contrée, plus apte à consommer de la Pop suédoise facile à ingurgiter et à digérer, de nombreuses formations danoises, à la fois créatrices et avant-gardistes, méritent aujourd’hui encore une attention soutenue : Day Of Phoenix, Young Flowers, Burnin’ Red Ivanhoé, Iron Duke, Culpeper’s Orchad, Fleur De Lis, Alrune Rod ou Pan (groupe fondé par Robert Lelievre, guitariste français réfugié au Danemark afin d’échapper au service militaire ). Autant de groupes aussi oubliés qu’inconnus mais qui auront fait office de pionniers.

Revenons à nos moutons avec The BEEFEATERS, quatuor orienté entre Blues et Blues Psyché. En préambule, il n’y a strictement aucun lien avec les BYRDS, le groupe américain avait enregistré un single sous le pseudonyme de Beefeaters en 64, un an avant de mettre en boîte leur album « Mr. Tambourine Man ». Un stratagème marketing qui voulait faire croire qu’il s’agissait d’un groupe anglais, et oui on était encore en pleine Beatlesmania.
Fondé à Copenhague en 1964, The BEEFEATERS s’est montré particulièrement actif entre 1964 et 1968, se produisant intensément sur les terres du Jutland et ses voisins nordiques. Mais les multiples changements de line-up ne contribuent guère à stabiliser le groupe. Il faut attendre 1966 pour que la formation prenne son envol avec l’arrivée de Peter Thorup, un chanteur, flûtiste et guitariste rythmique de 18 ans, transfuge de Black Pool. Le départ soudain du guitariste Tom Methling (lui aussi un ancien de la maison Black Pool) contraint Peter à devenir le guitariste principal. Dans le même temps, Søren « Bøf » Seirup, l’un des membres fondateurs, quitte le navire en compagnie d’Erling « Mozart » Madsen. La formation danoise habituée à ces incessants renouvellements de personnels va rebondir avec la venue du batteur Max « Nhuthzhi » Schmidt Nielsen, encore un ancien membre de Black Pool. Sous l’impulsion de Thorup, alors que le band oscillait jusqu’alors entre Rock Psyché et un Jazz Rock hybride appelé Pigtrad, le groupe prend une nouvelle orientation vers le Blues Psyché.
En novembre 68, les BEEFEATERS servent d’accompagnateurs à Alexis Korner, le grand pionnier du British Blues. Plus âgé de vingt ans, Korner a accueilli au sein de Alexis Korner’s Blues Incorporated de jeunes musiciens qui feront parler d’eux (Ginger Baker et Jack Bruce futurs CREAM, Mick Jagger et Charlie Watts, mais aussi Robert Plant, Long John Baldry ou Eric Burdon).
Profitant de la présence de Korner, Thorup décide qu’il est temps d’enregistrer son second disque. C’est à Copenhague dans le studio d’Ivar Rosenborg Lydteknik que le groupe se retrouve. Excellent ingénieur du son ayant longtemps œuvré dans le cinéma, Lydteknik est l’un des ingé-son attitrés des labels Storyville et par conséquence de Sonet. Il a enregistré Champion Jack Dupree, Memphis Slim, Otis Spann, Big Joe Williams, Sonny Boy Williamson et Sunnyland Slim, en clair ce n’est pas le premier perdreau venu. Sous sa houlette, Thorup et ses potes vont graver six titres de haute facture.
La face A propose quatre titres (trois compositions) remarquablement maîtrisés. « I’ll Meet You There », titre donnant en partie son nom à l’album, diffuse une atmosphère slow down marquée par d’impeccables volutes d’orgue et la guitare aérienne de Peter Thorup. Pas d’esbroufe, alors que certains guitaristes distillent trop souvent une cascade de notes qui finissent immanquablement par se perdre en route, Thorup va à l’essentiel, chaque note semblant toucher sa cible. Un morceau de presque 5 minutes qui passe comme une lettre à la poste. Même impression avec « You Changed My Way Of Living ». La section rythmique bien en place permet de lancer sur orbite la guitare qui n’en rajoute jamais tandis que le jeu du claviériste évoque parfois celui d'Alan Price. « Now I Know » nous plonge dans une ambiance plus psyché, l’emploi de la flûte n’étant pas étranger à ce ressentiment. Un titre en droite ligne avec la formation britannique If. Seule reprise de cette face, « Night Train » bénéficie de la présence d’Alexis Korner à la guitare. Là, les influences Jazzy des différents protagonistes sont clairement palpables. « Night Train », une variante du « Happy Go Lucky » de Duke Ellington, a été accommodé à de multiples sauces ( le saxophoniste Jimmy Forrest pseudo créateur du morceau, Louis Prima, les Ventures, James BROWN ou Oscar Peterson pour ne citer que les plus connus) est ici délivré sous forme d’un instrumental et s’avère finalement la piste la moins captivante de l’album.
La face B ne propose que deux titres d’environ 10 minutes chacun. Elle s’ouvre sur un instrumental Jazz Prog avec « Serenade To A Cuckoo », gros succès du jazzman Roland Kirk et popularisé par JETHRO TULL sur « This Was » (leur premier disque). On ne pourra s’empêcher de faire le parallèle entre la flûte de Thorup et celle d’Ian ANDERSON. Toujours est-il que cette version, sympathique au départ, peut à la longue paraître trop étendue. Certains (et ils auront probablement raison) penseront qu’un instrumental était largement suffisant. De plus, le chant de Peter Thorup, au demeurent excellent, ne méritait pas d’être occulté sur deux titres. Dernier morceau avec « Stormy Monday » pour une version qu’on croirait sortie tout droit d’une Jam Session. Gros succès du trio Earl Hines/Billy Eckstine/Bob Crowder, ce standard a connu moult reprises et une kyrielle de variantes ou d’adaptations. Long de presque 10 minutes, le titre se boit toutefois comme du petit lait malgré le vocal éraillé de Korner. Les musiciens semblent en symbiose totale, la section rythmique se chargeant de poser de solides fondations sur lesquelles l’orgue et les guitares viennent se repaître. Du Grand Art !
Auteure de deux disques, la formation danoise aurait certainement mérité meilleur sort, elle semblait avoir une longueur d’avance sur de nombreux groupes ricains et anglais. Mais la fin des sixties ne se prêtait pas souvent aux carrières longues. La présence des deux instrumentaux (un de trop) ne permet pas à ce collector de récolter la note maximale mais une note de 4,5 ne paraît pas exagérée. Un disque cohérent, inventif, plein de groove et terriblement abouti.

*Ce disque paru initialement sur le label suédois Sonet a été réédité en CD en 1994 par Repertoire Records. En 2010, Universal Danemark publiait en CD une compilation regroupant les deux premiers disques des Beefeaters. En 2004, Karma a publié un Live 1968 dont les bandes demeuraient au fin fond d’un tiroir. Après l’aventure Beefeaters, Peter Thorup a joué longtemps en Angleterre avec Alexis Korner. Il est décédé en 2007 au Danemark.

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- Peter Thorup (chant, guitare, flûte)
- Max Nhuthzhi (batterie)
- Keith Volkersen (basse)
- Morton Kjaerumgaard (orgue)
- Alexis Korner (guitare 3-6, chant 6)


1. I'll Meet You There.
2. You Changed My Way Of Living.
3. Night Train.
4. Now I Know.
5. Serenade To A Cuckoo.
6. Stormy Monday.



             



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