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Les WRIGGLES - Complètement Red (2019)
Par GEGERS le 17 Février 2019          Consultée 1912 fois

On a tous ce vieux pote, vous savez, celui que l'on ne voit pas souvent. On essaie bien de se croiser, à l'occasion, mais les occasions se font rares. Les occasions, on les provoque. Et lorsque finalement on se retrouve, l'impression de s'être quittés la veille. Les WRIGGLES sont un peu ce vieux pote auquel on pense parfois, et avec qui on se plaît à refaire le monde une fois toutes les années bissextiles. Pourtant, les WRIGGLES nous ont laissé tomber en 2009, désireux de troquer le rouge de leurs costumes pour filer vers des réalisations solitaires. Sans doute plus modestes pour ceux qui ont su remplir les plus grandes salles parisiennes durant leurs 15 années de carrière, mais aussi plus en phase avec les envies de ces joyeux trublions. Et puis, finalement, avec deux nouvelles voix en son sein (Fabien Marais et Emmanuel Urbanet), le groupe décide de repasser dans le coin. Des dates à la pelle et un nouvel album mêlant, c'est une marque de fabrique, humour et musique.

Si les concerts des Wriggles tiennent autant du théâtre que de la musique, proposant des mises en scènes élaborées et des acrobaties, cette dualité se retrouve également sur l'album. Complètement Red, qui tient autant du spectacle que de l'oeuvre musicale, frappe fort d'entrée avec "Bye Bye" qui met en valeur une des caractéristiques du groupe, sa capacité à rendre joyeuses les mauvaises nouvelles, ainsi que celle de profiter de la douceur de ses harmonies vocales et de ses guitares acoustiques pour balancer quelques vérités bien senties. Folk guilleret sans surprise, "Bye Bye" montre néanmoins que, si les tessitures vocales ont changé en même temps que les barbes ont poussé, l'univers des WRIGGLES est resté le même. Vif, piquant, délicat.

Dans l'univers des cinq clowns tristes, chacun pioche ce qu'il souhaite. Hétéroclite, le groupe se laisse aller à ses délires maîtrisés et force l'auditeur à choisir en fonction de sa sensibilité. Force est de reconnaître que, pour votre serviteur, son coeur balance du côté de ces tendres et mélancoliques ballades folk qui accompagnent le groupe depuis ses débuts. Sur ce nouvel album, "Les Cyprès", ou "Me lâche pas", oeuvrent avec réussite dans ce registre. Il y a une profondeur et un amour insondable qui se dégage de ces ballades intimistes et d'une puissance inversement proportionnelle au dénuement des arrangements. Une guitare, cinq voix. Et voici que la richesse d'un morceau devient autant insondable que l'étendue de l'univers. On baignerait des heures durant dans cette beauté à la fois si simple et très travaillée.

"Content d'être là", que l'on pourrait ranger dans cette première catégorie, même si les arrangements se font plus nombreux, est une formidable chanson sur les gens introvertis, à la marge des codes de la société. Les WRIGGLES aiment les gens bizarres et les chantent avec un amour et un respect remarquables. "Le Chantage", très belle chanson folk sur le non-amour, vient compléter le tableau de ces réussites musicales, sur une musique signée d'un des deux nouveaux venus, Emmanuel Urbanet. Le reste de l'album fait appel à la sensibilité de chacun, oeuvrant dans un registre plus humoristique, parfois plus proche du sketch musical que du format chanson. "Bourguignon", qui s'étend sur plus de sept minutes, est une réflexion disons... surprenante et une illustration originale des méfaits de ces "trolls" qui pullulent sur le net, tandis que "Du coup" brocarde avec justesse cet insupportable tic de langage. D'autres morceaux semblent moins intéressants, à l'image de "Dans son bain", qui propose des ambiances cabaret, ou "C'est le rock", mélange assumé mais peu goûteux entre rock, rap, reggae, ska, ou encore punk. La fin d'album, qui voit le quintet partir dans un délire inintelligible, n'est pas vraiment au niveau, et nous laisse sur notre faim.

Néanmoins, on a une nouvelle fois refait le monde en compagnie des WRIGGLES. Bien sûr, on a dit un tas de conneries parmi quelques entrefilets de vérité, mais on a laissé parler le coeur, laissé s'exprimer les émotions. C'est là que réside la richesse du groupe, bien plus subtil que les FATALS PICARDS, dans un registre similaire. Ce retour était-il nécessaire ? A l'écoute de l'album, la question reste de mise, même si Complètement Red propose son lot d'excellents moments. Car c'est sur scène que le groupe vit et séduit, ce qu'il ne manque pas de faire à chaque représentation. L'album ? Un prétexte pour porter un nez rouge à la maison.

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   NESTOR

 
   (2 chroniques)



- Stéphane Gourdon (chant, guitare)
- Antoine Réjasse (chant, guitare)
- Franck Zerbib (chant)
- Emmanuel Urbanet (chant, guitare)
- Fabien Marais (chant)


1. Bye-bye
2. Bouboubou
3. Les Cyprès
4. Content D'être Là
5. Dans Son Bain
6. Bourguignon
7. C'est Le Rock
8. Le Tout Pour Le Tout
9. Le Chantage
10. Du Coup
11. Me Lâche Pas
12. Inktrerlugdre
13. Grombi Greute



             



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