Si l’album qui entérinait leur reformation, Complètement Red (2019), avait un peu déçu, l’E.P qui avait suivi, 7 chansons de Noël avait levé les doutes sur l’intérêt du retour aux affaires du quintet (remanié pour l’occasion). En effet, celui-ci, porté par des textes percutants et truffés d’humour, était plus que réjouissant.
Depuis, Franck Zerbib a quitté le groupe et LES WRIGGLES se retrouvent désormais réduits à un quartet qui ne comprend plus que deux de ses membres historiques.
Pourtant, le constat est un peu identique à celui qui prévalait pour Complètement Red, à savoir une production qui ne se concentre pas suffisamment sur les voix et qui, de ce fait, ne facilite pas la bonne appréhension du chant et la bonne compréhension des textes, pourtant les éléments centraux et fondateurs du groupe.

Le bilan de Quatre étoiles, une référence aux quatre membres du groupe, est logiquement un peu mitigé. En effet, c’est un album agréable à écouter, avec de jolies mélodies et des accompagnements musicaux majoritairement calmes, très plaisants. Mais il manque un peu de relief et de piquant pour que le résultat soit totalement convaincant, aussi bien au niveau musical qu’à celui des textes, comme nous le verrons plus loin, ce qui est plus gênant au regard de l’ADN du groupe.
Pourtant, ce sixième album possède de bons moments à l’image de "Babyboumer" dans lequel on retrouve l’humour grinçant des WRIGGLES, ou bien de "Aimé", le single à l’humour aussi absurde que délicieux. Il en va de même de "C.F.M.R.", titre qui aurait pu sans problème trouver sa place parmi les premiers méfaits du groupe, et dans lequel le quatuor pastiche les comportements ridiculement machos de certains hommes, faisant ainsi écho au "Moi d’abord" présent sur Moi d’abord (2005).
Malheureusement, on peine parfois à entrer dans certains morceaux, comme c'est le cas de "Sboudibou", un titre aux vagues sonorités Electro décrivant une soirée étrange, et qui nous laisse à sa porte parce que trop décalé et hermétique. Sur d’autres morceaux, si le groupe nous propose de magnifiques mélodies, très joliment interprétées, celles-ci sont associées à des textes un peu trop convenus ou bien difficiles à saisir. C’est ainsi le cas de "Mamie tricote", pourtant une balade très séduisante, mais dont le texte, un peu trop banal, peine à charmer. Ou bien de "Nos lèvres à vendre", également une belle pièce musicale dotée d’un refrain très efficace et de belles harmonies vocales, mais dont les paroles ne brillent pas par leur originalité. Il en va de même de "Je vis tout seul avec un chien".
De manière générale, le chant est un peu trop fade et uniforme, seul le timbre de voix de Stéphane Gourdon se démarque de celui de ses collègues. Cela est peut-être dû au fait de superposer les lignes des différents membres du groupe, ce qui génère un rendu des voix moins précis et plus flou. Et comme ce côté un peu trop lisse se retrouve également dans des accompagnements musicaux majoritairement sobres, il en résulte un album qui, bien que possédant un certain charme, peine à s’imposer dans nos esprits.

Quatre étoiles possède de très bonnes bases, avec notamment de magnifiques mélodies, mais il s’éloigne un peu trop de l’univers traditionnel des WRIGGLES au profit d'un style plus 'conventionnel' (une démarche assez proche de celle entreprise par LES FATALES PICARDS sur leurs derniers albums) dans lequel le groupe n’a pas encore trouvé toutes ses marques. De plus, il aurait peut-être nécessité un peu plus de travail pour acquérir une personnalité plus affirmée.