Recherche avancée       Liste groupes



      
PUNK ROCK  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

1984 Macadam Massacre
1985 Concerto Pour Détraqu...
  Joyeux Merdier
1987 Abracadaboum !
1988 Ils Veulent Nous Tuer
1989 Souvent Fauché Toujou...
 

- Style : Metal Urbain
- Style + Membre : Les Ramoneurs De Menhirs , Ludwig Von 88, Lucrate Milk, Molodoï

BERURIER NOIR - Macadam Massacre (1984)
Par NESTOR le 15 Novembre 2022          Consultée 1562 fois

J’ai découvert avec surprise que le premier album des BERURIER NOIR n’était pas chroniqué sur FORCE PARALLELE. Un manque étonnant si on considère que ce groupe a marqué la scène Rock hexagonale des années 80 et que son héritage pèse encore de manière sensible sur le paysage musical français.
Petit retour en arrière : fin des années 70, le groupe, qui s’appelle encore BERURIER, naît à une époque où le Service National impacte encore la carrière des groupes. De fait, au début des années 80, plusieurs membres de ce qui va devenir les BERURIER NOIR jettent l’éponge au moment de leur départ sous les drapeaux. Le groupe décide alors de se saborder à l’occasion d’un ultime concert organisé dans une ancienne papeterie du 20ème arrondissement : l'usine de Pali-Kao*, alors transformée en un lieu de création artistique alternative.
Pour l’occasion, censée être une célébration funéraire, le groupe, composé alors de Loran et de Fanfan, se rebaptise BERURIER NOIR. Mais un pied de nez du destin et le succès de ce concert transforment ce crépuscule en renaissance pour le groupe.
Ce début d’histoire chaotique et laborieux peut expliquer le côté sombre, rugueux et désespéré de leur premier album, aussi bien sur le plan de la forme que du fond.
Ainsi, le titre ouvrant Macadam Massacre est assez symbolique de cet état d’esprit : le son est brut, rugueux, la mélodie réduite à sa plus simple expression, des onomatopées font figures de paroles, et une sirène de détresse nous vrille régulièrement les tympans comme si elle souhaitait tester notre résistance à toute agression sonore. Le morceau se terminant avec des bruitages évoquant une altercation. Avouez que l’on peut difficilement faire moins vendeur et sexy !
Le groupe semble en effet accorder plus d’importance au message et à l’attitude qu’à la forme. Ainsi, il ne s’embarrasse pas toujours à trouver des rimes, privilégiant l’aspect direct et frappant de son discours comme cela peut être le cas dans "Baston" :
Quand je vais dans une manif'
Ils envoient leurs C.R.S.
Comme pour un état de siège
Alors il y en a qui tirent

Quasiment aucune trace d’humour ou de dérision, contrairement ce que pratiquera le groupe par la suite.
Il en va de même de la musique qui s’avère basique, pauvre et répétitive. Les BERUS n’ont rien d’autre à nous offrir qu’une boîte à rythme qui n’a jamais entendu parler du mot fioriture, qu’une guitare saturée et âpre, qu’un chant hargneux et de fugaces apparitions d’un saxophone exsangue sur "Manifeste".
Pourtant, de ce dénuement, de ce jet séminal primaire, naît de l’émotion dont l'album regorge. On trouve pêle-mêle de la rage, de la révolte, du désespoir, de l’engagement.
Ainsi, s’il est difficile de faire beaucoup plus simpliste et répétitif que "Elsa je t’aime", nous ne sommes jamais dans la neutralité, dans l’indifférence ou dans l’insensibilité. De par la passion qui transpire du chant et des thèmes abordés, la plupart des titres se révèlent poignants et perturbants.
Songez donc, le groupe passe en revue des thèmes aussi réjouissants que la guerre, la misère sociale, des meurtres, le mal être, pas vraiment de quoi sortir les cotillons !
Comme au surplus on ne trouve pas encore le côté festif qui caractérisera les BERURIER NOIR par la suite, les chœurs fédérateurs, mélodies imparables, l'humour grinçant qui contribueront à leur succès, il y a de quoi comprendre l’ambiance sombre et sinistre qu’exhale Macadam Massacre. De plus, à cela s’ajoute une production famélique et approximative qui affuble parfois le chant d’un écho assez désagréable, pénalisant certains morceaux en les alourdissant d’un martèlement sourd bien pénible, qui réduit le dynamisme et la nervosité des compositions en écrasant le son.
Clairement, le groupe n’entame pas la partie avec beaucoup d’As dans ses manches.
Certes, nous sommes clairement dans de la chanson réaliste, dans un univers qui n’a rien de glamour ou de fédérateur. Cela ressemble plus à un exutoire au travers duquel le duo vomit son dégoût des horreurs d’un monde dans lequel il a bien du mal à se reconnaître et à trouver ses marques.
Au rayon des singularités, l’album contient une adaptation de la BD Al Crane (1977 & 1978) de Gérard LAUZIER dont le texte sert de base à celui de "Frères d’armes". Et l’instrumental "Johnny Reviens d'La Guerre" est une adaptation de "When Johnny Comes Marching Home", une chanson américaine datant de la guerre de Sécession dans laquelle le peuple exprime sa volonté de voir s'achever la guerre.
Si du fait de ses trop nombreux défauts, on ne peut pas considérer Macadam Massacre comme un classique, ni un album permettant de découvrir les BERURIER NOIR, il a sa place dans l’histoire du Punk Rock français. Et il est le témoin d’une époque et d’un engagement.
Pas un Chef d’œuvre donc, mais un disque habité.

NB : L’album a été édité plusieurs fois en CD, notamment en 2016 et en 2019, avec une dizaine de bonus.
Enfin, cet album ne doit pas être confondu avec le 45-tours trois titres sorti à la même époque ("Macadam Massacre", "La mort au choix (live Festival Rising Free - oct 1983)", "Buch'rons (live Festival Art Béton - juin 1983)").

* et qui donnera son nom à un futur album live des BERURIER NOIR sorti en 1988, La bataille de Pali-Kao. Nom qui fait référence à la fureur des concerts donnés par les BERUS à cette époque, en faisant un clin d’œil à la bataille remportée par l’armée franco-anglaise sur l’armée chinoise, en septembre 1860, lors de la seconde guerre de l'opium.

A lire aussi en PUNK ROCK par NESTOR :


Les SHERIFF
Pan! (1987)
Première déflagration punk rock des sheriff




PARABELLUM
Bordel Inside (1999)
Très bon punk rock porté par d'excellents textes


Marquez et partagez





 
   NESTOR

 
   K-ZEN

 
   (2 chroniques)



- Loran (guitare, chant)
- Fanfan (chant)


1. Macadam Massacre
2. Baston
3. Elsa Je T'aime
4. Chromosome Y
5. La Nuit Noire
6. Johnny Reviens D'la Guerre
7. Frères D'armes
8. J'ai Peur
9. Manifeste
10. Noir Les Horreurs (bonus Cd)
11. La Mort Au Choix (bonus Cd)
12. Nada (bonus Cd)
13. Bûcherons (bonus Cd)
14. Nada 2 (bonus Cd)
15. Amputé (bonus Cd)
16. Nada 3 (bonus Cd)
17. Manifeste (2) (bonus Cd)
18. Hôpital Lobotomie (inédit Mars 1983) (bonus Cd)
19. Nada (inédit Mars 1983) (bonus Cd)
20. Noir Les Horreurs (2) (inédit Mars 1983) (bonus Cd



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod